Dans un article du Devoir du 2 février 2009, Dre Louise Authier, directrice de programme de résidence au département de médecine familiale à l'Université de Montréal affiche une position très claire à la question « Faut-il fermer les vannes de l’immigration ? ». Pour « celle qui supervise et coordonne » ce programme, la réponse est oui si l’on se fie à son entrevue accordée à la journaliste Lisa-Marie Gervais, « La pénurie de médecins de famille ne se résorbera pas ». Le gouvernement libéral provincial devrait dès lors s’entendre avec ses institutions avant de recruter des médecins étrangers qui viendront allonger la liste des laissés-pour-compte du processus de recrutement dans le domaine de la santé.
On présente les médecins étrangers comme des incompétents et dangereux pour la population québécoise. Qui veut noyer son chien l’accuse de rage. La réalité, certains médecins diplômés à l’étranger ont obtenu les prérequis exigés. Ils ont passé les mêmes évaluations que leurs collègues québécois. Ils ont réussi les examens d'équivalence du Collège des médecins du Québec(CMQ) ou du Conseil médical du Canada(CMC). Or l’attitude du CMQ ainsi que des facultés de médecine laisse plutôt transparaître une certaine crainte de la part de leurs membres de se faire submerger par des médecins diplômés à l’étranger.
Dre Authier doutait même du niveau des examens du Collège des médecins (Un autre exemple que les différents acteurs concernés se renvoient la responsabilité). Selon le constat établi par une personne qui a pour mandat de « superviser et coordonner tout le processus de sélection des futurs médecins de famille », on peut dire que les médecins étrangers ne sont pas encore sortis de l’auberge. Par ailleurs, ne faudrait-il pas alors s’interroger sur les diplômes des médecins québécois qui ont passé le même test du Collège des médecins du Québec? Une sorte de « boomerang » du dénigrement quand on se met à refuser à tout prix la réalité du système médical.
Cette même personne qui souhaite ne plus voir de nouveaux médecins diplômés à l’étranger sur le sol québécois est devenue récemment membre du nouveau conseil d’administration du CMQ depuis le 7 octobre dernier pour un mandat de quatre ans. Elle devra ainsi composer avec ses propos sur la qualité des examens de cette institution qu’elle avait dénoncée lorsqu’elle occupait le poste de directrice du programme mentionné ci-haut. L’histoire nous édifiera sur le comportement qu’elle adoptera étant donné qu’elle devient maintenant une actrice principale dans le nouveau visage du CMQ.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
En 2009, après le premier tour de jumelage, 94 postes de résidence sont restés vacants alors que plus de 130 des médecins diplômés hors du Canada et des États-Unis (DHCEU) avaient appliqué pour ces postes.
En 2008, après le premier tour, le scandale des 102 postes en résidence qui étaient restés vacants dans les quatre facultés de médecine du Québec (Université Laval, Université McGill, Université de Montréal, Université de Sherbrooke) a fait les manchettes dans les journaux.
Même constat en 2007 où « 87 postes en résidence étaient laissés vacants alors que 174 médecins diplômés à l’étranger dont le diplôme avait été reconnu par le Collège des médecins du Québec étaient en attente de stage en résidence » comme le faisait remarquer la Coalition des associations de médecins diplômés à l’Étranger dans un communiqué en date du 17 mars 2009 où la coalition « interpellait le gouvernement et les partis d’opposition du Québec ».
Une injustice qu’il faut dénoncer avec la dernière énergie.
Quand les médecins étrangers réussissent à passer les tests du Collège des médecins, les facultés de médecine, à leur tour, rétorquent que la formation des médecins étrangers leur coûterait 40% de plus pour les encadrer. Selon ces institutions de l’enseignement, la prise en charge des médecins étrangers est « très lourde » pour utiliser un langage politiquement correct. D’autres disent clairement qu’ils sont incompétents à l’image du Dr Réjean Hébert, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine. Docteure Louise Authier de l’Université de Montréal, quant à elle, sous-évalue le niveau des examens du Collège des médecins du Québec. Il faut véritablement que les médecins diplômés à l’étranger aient un mental très fort pour passer à travers les mailles du filet. Ce qui nous pousse à dire que le système des ordres professionnels de manière générale et plus particulièrement celui du Collège des médecins du Québec est un véritable panier de crabes.
Dans son article intitulé « Ils sont venus d'ailleurs...;Un peu plus de 2000 médecins de formation non québécoise exercent au Québec (5 janvier 2008 )», la collaboratrice du journal indépendant Le Devoir Marie Lambert-Chan résume très bien les obstacles et les conséquences de la non-intégration des médecins diplômés à l’étranger dans le réseau de la santé : « la lourdeur du processus menant à l'obtention du permis d'exercice, ou encore de la fermeture du corps médical aux médecins étrangers. Les patients, eux, se désolent de ne pouvoir avoir accès à ces médecins alors qu'on ne voit pas la fin de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur médical ».
Certains titres des journaux québécois en disent long sur les difficultés vécues par les médecins étrangers : «Couillard impuissant » [Philippe Couillard fut Ministre de la Santé et des Services sociaux dans le gouvernement libéral provincial du 29 avril 2003 au 25 juin 2008]», (Journal de Montréal, 23 avril 2007) ; « L'Ontario recrute six fois plus de nouveaux médecins que le Québec » (Éric Yvan Lemay, Journal de Montréal, 30 mars 2007) ; «Pour immigrer au Québec : Mieux vaut être boucher que médecin», (Stéphane Baillargeon, Le Devoir, 18 septembre 2007) ; « La reconnaissance des médecins étrangers reste lente » titrait le journal de Montréal du mercredi 02 décembre 2009; « Médecins étrangers : La porte restera dure à ouvrir » (Pascale Breton, La Presse, 16 mai 2005); « Médecins formés à l’étranger La porte restera fermée »(Presse canadienne Voir aussi 5 Atlas. Mtl nº 99 - du 5 au 18 février 2009); « Beaucoup d'appelés, peu d'élus » (Pascale Breton, La Presse, 16 mai 2005); « Des médecins laissés sur le carreau : 87 postes vacants en résidence échappent aux médecins étrangers » (Louise-Maude Rioux Soucy, Le Devoir, 2 mai 2007); « Médecins étrangers, L’envers de la grande séduction » (Radio-Canada, Nicolas Duguay, 14 août 2009[en ligne]) ; « Les universités boudent les médecins étrangers. Quelques centaines de diplômés sont pourtant disponibles pour occuper 102 postes de résident », (Louise-Maude Rioux Soucy, Le Devoir, 11 avril 2008); « Québec préfère des «non-médecins» aux médecins gradués à l’étranger », (Agence de presse Média Mosaïque, 29 Juin 2010) etc…
Le CMQ et les facultés de médecine avancent souvent l’argument de la protection du public sous prétexte que la santé nationale risque d’être mise en péril si la porte du système médical est grandement ouverte aux médecins étrangers. Selon l’étude d’Ipsos Reid rendue publique en début décembre 2009, près du tiers des Québécois (31%) n’ont pas de médecin de famille. La récente publicité choc de neuf minutes de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) intitulée Diagnostic disponible depuis le 11 mai sur le site de You Tube révélait qu’au Québec, 2 000 000 de Québécois n'ont pas de médecin de famille.
L’accessibilité aux soins et la pénurie de médecins de famille
Le système de santé québécois n’est pas facile d’accès à cause des listes d’attente difficilement acceptables dans une société aussi développée que le Québec. « 25 % des Québécois (deux millions) n'ont pas de médecin de famille ». Ceux qui demandent une enquête publique dans le domaine de la santé n’ont pas tort.
Dans un domaine où la pénurie est criante, celui de la médecine familiale, on refuse de donner la chance aux médecins étrangers qui avaient obtenu tous leurs prérequis.
Même si on observe une augmentation de la formation des médecins (800 nouveaux médecins, soit deux fois plus qu’au début des années 2000 selon le ministre de la Santé et des Services Sociaux, Yves Bolduc), il n’en demeure pas moins que le Québec a besoin encore de 10% de médecins de famille [avril 2009] selon le Dr Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).
Il existe un véritable paradoxe entre la non-intégration des médecins étrangers et les besoins de la main-d’œuvre : « Un peu plus de 2000 des 18 000 médecins qui pratiquent au Québec ont obtenu leur diplôme dans une université étrangère. Il en faudrait au moins 2000 de plus, tant généralistes que spécialistes, pour combler tous les besoins. »
Certaines statistiques indiquent que 3000 médecins diplômés à l’étranger ne peuvent pas exercer dans la Belle Province (Source : Médecins d’Ailleurs, 2008).
Même si le nombre de médecins de famille a augmenté en 2009, il reste que le problème est toujours d’actualité. Il existe moins de médecins étrangers qui pratiquent au Québec comparativement au reste du Canada anglais.
Le gouvernement libéral du Québec qui revendique sa proactivité dans l’épineux dossier des médecins étrangers se justifie souvent par le fait que l’évaluation des compétences des médecins diplômés hors Canada et États-Unis tout comme la question des résidences ne ressortent pas de ses compétences.
Une mesure contraignante des facultés de médecine de famille comme celle de l’université de Montréal exclut à l’admission en résidence certains médecins diplômés hors du Canada et des États-Unis (DHCEU), pour raison de durée de non pratique ou durée d’éloignement de la pratique. Mais, autre paradoxe du système de santé, certains médecins à qui on refusait de pratiquer dispensaient des cours à l’Université!
Le corporatisme du CMQ
Ce n’est pas juste une perception que certains ordres professionnels soient fermés et fassent de la surprotection. Hélas, la réalité sur le terrain semble bien indiquer que des difficultés existent et que des immigrants déboursent des sommes d’argent non négligeables pour faire reconnaitre leurs diplômes et ensuite chercher à obtenir un emploi en fonction de leurs compétences. (Lire à ce sujet : Trois voies possibles pour pratiquer au Québec par Doudou SOW).
On met souvent sur la table la complexité des procédures et des démarches pour être éligible au niveau des ordres qui sont différents les uns des autres selon leur fonctionnement. Mais il n’empêche que des pistes de solution crédibles peuvent être trouvées et doivent l'être.
La perception d'un blocage découlant d'une certaine culture corporative est loin de disparaître. Le Collège des médecins du Québec a beau brandir la rhétorique de la défense du public, c'est pourtant ce même public qui exige d’avoir accès à des talents volontairement négligés.
Redisons-le: les différentes institutions (ordres et facultés) retardent les médecins étrangers dans leur résidence. L’accès au marché du travail se heurte à la fermeture des médecins et des facultés de médecine. Et à ceux qui justifient cet état de fait par le souci de maintenir un certain niveau, il faut répondre que la question n’est pas d’abaisser les standards d’admission à l’ordre mais plutôt de les assouplir en tenant compte de la pénurie de personnel dans le domaine médical.
Si « le CMQ estime que les personnes formées à l’extérieur du Québec représentent une force indéniable et un des éléments de la solution à la pénurie d’effectifs » alors pourquoi priver des Québécois des médecins étrangers ?
Dr Yona Likongo, médecin au Centre hospitalier Jacques-Viger, à l’Institut de réadaptation de Montréal et président de la Commission pour la préparation aux examens et l’intégration professionnelle de l’Association des médecins gradués de l’étranger au Québec, faisait une remarque fort pertinente au sujet des critères pour pratiquer la médecine au Québec. « Je peux répondre par les critères qui ont été imposés pour qu’on ait le droit de pratiquer la médecine au Québec ou au Canada. On a les examens à passer. Cela veut dire qu’à notre sens, une fois qu’on les a passés, qu’on a franchi les obstacles élevés, c’est qu’on a prouvé qu’on était à même de pouvoir pratiquer, mais il faut un stage, j’en conviens. Prenez juste le stage d’observation. Il est extrêmement difficile pour un médecin étranger de trouver un hôpital qui peut l’accepter pour faire un stage d’observation » .
Poursuivant son argumentation pour démontrer les difficultés des médecins étrangers, il évoquait le cercle vicieux de l’équation pas d’expérience québécoise, pas d’emploi et vice versa. « Et en général quand on demande des lettres de références, on préfère l’expérience canadienne des Québécois. Comment voulez-vous que ce médecin à qui on ne donne pas l’accès à un stage d’observation, trouve l’expérience canadienne ? ».
Le noyau dur du Collège des médecins du Québec maintient la protection du système de santé québécois.
(Lire à ce propos : Sélection et évaluation des médecins étrangers : les critères ne sont pas clairs par Doudou SOW.)
Même si la formation médicale diffère d’un pays à un autre, même si la mise à niveau est parfois essentielle pour pratiquer, il demeure évident comme le disait M. Brice Betu de l’Association des Médecins gradués de l’Étranger au Québec (AMEQ) que les formations des universités sont régies sur le plan mondial par l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les médecins étrangers ont obtenu leur diplôme dans une faculté de médecine inscrite dans le Répertoire mondial des facultés de médecine de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
On parle souvent du faible niveau des candidats pour mieux les discréditer aux yeux de l’opinion québécoise. Un programme de recyclage est même disponible pour ces principaux exclus du système médical.
La dure réalité de la pratique de la médecine au Québec.
Il n'y a pas de passe-droit pour les médecins étrangers puisqu’il existe une série d’examens à faire pour évaluer leurs compétences. Un cheminement coûteux (environ 10 000$), sélectif (quatre examens- universités) et très long (3 à 5 ans) démontre que la situation des médecins est un véritable parcours du combattant. Les médecins étrangers constituent la clientèle qui fait le plus preuve de patience dans le domaine de la recherche d’emploi.
Personne ne conteste la légitimité et la légalité des ordres de protéger le public mais doivent-ils exclure une partie des Néo-Québécois dans un contexte où il y a peu de médecins de famille, bref dans un contexte de pénurie de main d’œuvre ?
Mais si on analyse en profondeur les difficultés rencontrées par les personnes immigrantes, il est difficile de ne pas déceler une culture corporative des ordres et de ne pas questionner le traitement des équivalences de formation et de diplômes des personnes immigrantes en ce qui concerne les principes de qualité, d’équité et de transparence.
Si nous convenons que les règles doivent être égales pour tout le monde, il convient aussi de noter que des préjugés sont véhiculés par des instances qui ont pour mandat de respecter les compétences de tous les médecins quelle que soit leur origine.
Dans le débat sur l’élargissement des compétences pour résoudre les problèmes liés au système de santé, la piste de solution des médecins étrangers n’est même pas évoquée. L’article de Média Mosaïque est sans équivoque à ce sujet : « Québec préfère des «non-médecins» aux médecins gradués à l’étranger » . Et pourtant, les médecins étrangers constituent une solution à la crise du système.
Le CMQ et les facultés de médecine doivent faire un examen de conscience. Ces institutions véhiculent des préjugés sur les immigrants.
Des propos inadmissibles du président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, le Dr Réjean Hébert
On est rendu à un stade où les médecins des facultés de médecine qui encadrent ceux qui ont réussi à leurs examens continuent à entretenir des préjugés sur les compétences des médecins étrangers. Souvenons-nous des propos inadmissibles et intolérables du Dr Réjean Hébert ? Il cherchait à justifier systématiquement que les diplômes ne suffisent pas pour être acceptés et que finalement un candidat doit aussi présenter des habiletés cliniques suffisantes. Celui qui parlait de l’incompétence des médecins étrangers dans certaines disciplines disait que l’évaluation des médecins étrangers peut se faire sans même rencontrer le médecin. Dans cette mesure pourrait-on donner raison au Dr Comlan Amouzou qui avait qualifié à l’époque dans les colonnes du Journal Le Devoir les propos du Dr Réjean Hébert « d’irresponsables et de discriminatoires » . Les propos du Dr Yves Lamontagne (« médecins des colonies ») et Dr Réjean Hébert (incompétences des médecins étrangers) sur les médecins étrangers n’honorent pas leurs auteurs. Ils renforcent les clichés sur les médecins étrangers.
Les médecins formés à l’étranger n’ont encore rien coûté au système de santé québécois. Dr Réjean Hébert voulait faire croire à la population que les médecins étrangers coûtent cher aux facultés de médecine et contribuables québécois. Cette stratégie qui vise à monter la population québécoise contre les médecins étrangers, en faisant référence à la question de l’argent, est indigne et démagogique. Il avait senti que la population québécoise est sensible aux difficultés vécues par les médecins diplômés à l’étranger. Son objectif d’isoler les médecins étrangers n’a pas trouvé un appui favorable auprès de la population. Une stratégie du diviser pour mieux régner dangereuse et illogique qui n’a pas sa place dans la société québécoise.
Concernant ses propos sur les ressources et l’encadrement des médecins étrangers parce qu’ils sont « incompétents », nul besoin d’être mathématicien ou statisticien pour se rendre compte qu’il serait plus coûteux de laisser un médecin étranger sur le bien-être social pendant dix ans que de former un médecin pendant deux ans en adaptant ses compétences aux conditions de médecine du Québec.
Des médecins québécois sont formés avec les deniers des contribuables pour aller servir en Ontario ou aux États-Unis tandis que, pendant ce temps, des médecins étrangers formés à l’étranger et qui n’ont rien coûté au Québec se voient refuser la pratique en dépit d’un intérêt très grand manifesté pour la Belle Province. Ces médecins ont pourtant fait de la médecine leur vocation et aiment aider les personnes à retrouver leur pleine santé. Hippocrate, le père de la médecine grecque, aurait apprécié.
Alors en ce moment, quel est le prix le plus lourd à payer entre celui qui est formé au Québec et qui préfère par la suite monnayer ses talents dans d’autres contextes, profiter de bonnes conditions de travail et celui qui est formé à l’étranger et qui ne coûte pas un cent à l’économie québécoise. La réponse, est évidente, à notre avis : un manque à gagner énorme pour le système de santé médical québécois.
Certains ordres professionnels comme celui du Collège des médecins du Québec (CMQ) se drapent de la protection du public pour mettre les bâtons dans les roues à certains médecins étrangers dans un contexte de pénurie de personnel dans le domaine de la santé.
Il ne s’agit pas juste de brandir l’argument suivant lequel les médecins diplômés ou diplômées en médecine hors du Canada et des États-Unis à l’étranger ont déjà signé un document avant leur arrivée au Québec pour « être informé ou informée de [leur] difficulté, de satisfaire aux exigences requises pour l’obtention du permis d’exercice de la médecine au Québec » . En effet, le document Déclaration d’un médecin diplômé hors du Canada et des États-Unis n’a aucune valeur juridique. La question est plus complexe qu’elle n’en a l’air.
Pour preuve, passons en revue la liste des domaines de formation privilégiés par le Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Cette « liste [est] autorisée par la ministre responsable de la Loi sur l’immigration au Québec aux fins de l’application du Règlement sur la sélection des ressortissants étrangers (R.R.Q, 1981, c. M-23.1, r. 2) » qui est en vigueur depuis le 14 octobre 2009, démontre que la santé occupe une place de choix dans les profils en demande au Québec : Chiropratique, Ergothérapie, Médecine dentaire, Médecine podiatrique, Optométrie, Médecine, Orthophonie et audiologie, Pharmacie et sciences pharmaceutiques, Physiothérapie, Sciences infirmières et nursing.
Le message doit être clair : Québec a besoin de médecins étrangers et Québec s’assure de les intégrer dans le système ou dire que malgré la pénurie de main-d’œuvre, Québec ne peut garantir de faire fléchir le Collège des médecins du Québec et les facultés de médecine et trouver une autre façon de les recruter, les maintenir en emploi et les retenir au Québec. Une fuite de cerveaux qui finit par se transformer en gaspillage de talents. Finalement, la solution pour récupérer les médecins et pharmaciens déçus du système médical reste leur réorientation pour des postes de chercheur ou de représentant d’où ce titre « CREMCV : L’intégration par la réorientation ».
Le recrutement des médecins étrangers devrait être ralenti tant que des mesures concrètes ne leur seront pas proposées pour faciliter leur intégration. Beaucoup de travail reste à faire pour faciliter l’insertion de cette catégorie de professionnels.
Le Collège des médecins du Québec ainsi que les facultés de médecine ne facilitent pas l’intégration des médecins étrangers. Dés lors, il devient urgent de mettre en place une stratégie de solution globale prenant en compte tous les aspects de la problématique d’insertion des médecins diplômés hors du Canada et des États-Unis.
Des médecins chauffeurs de taxi ou livreurs de pizzas ne sont pas hélas un mythe au Québec. L’auteur du rapport sur le stage d’intégration (de mise à niveau de 6 mois) le Dr Vincent Échavé reconnaissait lui-même qu’à Montréal on voit beaucoup d’immigrants qui conduisent des taxis dans l’émission du 21 juillet 2009 à « Croyez-vous à l'utilité de stage de formation pour faciliter l'intégration des médecins étrangers au système québécois?» .
L’une des principales recommandations de la Coalition des médecins étrangers consiste à mettre directement en stage le médecin étranger dès qu’il arrive pour ne pas perdre de temps. Selon le Dr Amouzou qui était l’invité à cette même émission, la médecine c’est à l’hôpital. En clair la pratique de la médecine doit se faire à l’Hôpital, orienter directement le médecin à l’hôpital pour voir ensuite son évaluation et voir s’il lui manque quelque chose. Il propose de changer le système, ce que certains acteurs du Collège des médecins trouvent impossible ou problématique. D’autres acteurs proposent plutôt d’améliorer le système.
Toujours dans le registre des difficultés d’intégration, on peut noter le fait que des médecins résidents étrangers se disent victimes d’intimidation. Le cas le plus célèbre a été rendu public dans les médias (TQS et La Presse canadienne) à la fin du mois d’août 2007.
(Lire à ce propos : Le cas Georges Haddad : un exemple flagrant de l’abus du pouvoir du système médical par Doudou SOW).
Loin de la campagne de stigmatisation des facultés de médecine et du CMQ aux médecins diplômés à l’étranger, il faut analyser la question de l’intégration des médecins étrangers sous l’angle de la dignité humaine (médecins inquiets, frustrés et désabusés). Le Collège des médecins ne rend pas la dignité humaine aux médecins diplômés à l’étranger. Il leur enlève leur raison d’être et continue à fabriquer des frustrés dans la société québécoise, des bombes à retardement. Compte tenu de leurs multiples difficultés, des médecins diplômés à l’étranger abandonnent rapidement leurs pratiques. Il devient urgent de changer la mentalité de ces institutions corporatistes pour l’intérêt de toute la population québécoise.
*Ce texte fait partie d’une série de 16 articles publiés sur le sujet des difficultés d’intégration des médecins diplômés à l’étranger (MDE).
L’auteur est conseiller en emploi et conférencier.
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Faut-il fermer les vannes de l’immigration aux médecins diplômés à l’étranger
Intégration difficile des médecins étrangers au Québec
Tribune libre
Doudou Sow26 articles
Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur
est actuellement conseiller en emploi pour le projet Mentorat
Québec-Pluriel au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé
(Montréal-Nord).
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
23 octobre 2010Les deux chauffeurs de taxi "médecins" n'ont même pas voulu donner leur vrai nom!
http://fr.canoe.ca/archives/infos/quebeccanada/2007/04/20070429-085202.html
Varun Singh (nom fictif)
Indien
Médecin généraliste
Chauffeur de taxi
Abdenahman Ramdan (nom fictif)
Algérien
Médecin généraliste
Chauffeur de taxi
Archives de Vigile Répondre
22 octobre 2010M. Noël, contrairement à ce que vous affirmez, le syndrome médecins chauffeurs de taxi n'est pas une légende urbaine.Pour complément d'information, il est indiqué sur le blogue de l'auteur http://doudousow.wordpress.com/en note de bas de page:
"Quand on parle de chauffeurs médecins de taxi, il ne faut pas y inclure les nouveaux médecins étrangers. Le prix de la licence (250 000$) n’est pas à la portée de la bourse des médecins nouvellement arrivés au Québec. Aussi, l’industrie du taxi est fortement concurrencée par le BIXI, (nouveaux vélos en libre-service de Montréal), la navette Autobus Express 747 Aéroport Trudeau au centre-ville et le projet de train de l’Est. À chaque fois que nous prenons ce mode de transport, nous profitons du voyage pour demander aux chauffeurs étrangers s’ils étaient des médecins ou des ingénieurs dans leur pays d’origine, leur date d’arrivée au Québec, s’ils ont choisi délibérément ce métier ou par contrainte à cause des difficultés d’intégration." Le journal de Montréal devrait poursuivre la recherche sur ce sujet.
Archives de Vigile Répondre
22 octobre 2010Le médecin, chauffeur de taxi, c'est une légende urbaine. Le Journal de Montréal en a trouvé 2 seulement à Montréal
Un Algérien de 53 ans qui a échoué ses examens pratiques et un Indien de 56 ans qui a échoué ici après avoir échoué aux États-Unis. Deux sur des milliers de chauffeurs de taxi à Montréal
http://www.vigile.net/Le-mythe-du-medecin-chauffeur-de
Jean-François-le-Québécois Répondre
22 octobre 2010«Faut-il fermer les vannes de l’immigration aux médecins diplômés à l’étranger?»
Je crois que non; nous manquons sérieusement d'omnipraticiens, alors si des médecins qui sont compétents, venus d'ailleurs, ne demandent pas mieux que de pratiquer, nous pourrions par exemple, leur faire passer un an ou deux comme médecins-résidents, le temps de leur donner une formation d'appoint, et ensuite leur permettre d'exercer (moyennant la réussite d'examens).
Et cela prendrait déjà moins de temps que d'attendre que la prochaine cohorte de médecins diplômés au Québec, fraîchement arrivée des céceps ou d'autres programmes universitaires, soit prête à exercer, un minimum de 6 ans plus tard.