Gentilly-2 et Gérard Depardieu: un parallèle saisissant !

Quand l'hypocrisie des Chambres de commerce locales s'arrêtera-t-elle ?

Tribune libre

Voici ce que nous pouvons lire à la une du journal français Le Monde du 28 décembre 2012: « Les acteurs français sont trop payés ! »
Voici un extrait tiré de l’article de Vincent Maraval:
« Constat unanime : les films sont trop chers. Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d'euros, alors que le coût moyen d'un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d'euros. Ce coût moyen ne baisse jamais, alors qu'il y a toujours plus de films produits, que le marché de la salle stagne, que la vidéo s'écroule et que les audiences du cinéma à la télévision sont en perpétuel déclin face à la télé-réalité et aux séries. »
Voici ce que nous inspire cet extrait appliqué au nucléaire de Gentilly-2.
Constat unanime: les nouvelles centrales nucléaires sont trop chères à construire. Après l’arrêt définitif de deux réacteurs CANDU à la centrale Pickering en Ontario qui ne seront pas réfectionnés, après les coûts astronomiques des deux réacteurs EPR (European pressurized reactor) construits par AREVA, le finlandais Olkiluoto et le français de Flamanville, les nouveaux réacteurs canadiens de type CANDU, soit le «eCANDU» pour enhance CANDU et le ACR 1000, le Advance CANDU Reactor 1000 ne trouvent pas d’acheteurs, technique pas assez sécuritaire et trop cher.
Au Québec, l’électro-nucléaire est en baisse continuelle face à la mise en service de nouvelles centrales hydroélectriques. Le prix de revient unitaire après réfection de G-2 est estimé entre 11,0 et 15,0 ¢/kWh. Impossible d’entrevoir un quelconque bénéfice alors qu’Hydro-Québec vend près de 40% (2011) de son électricité aux grandes industries énergivores au coût de 4,8c/kWh (2011) et aux consommateurs résidentiels à 7,0¢/kWh. Si on procédait à la réfection de G-2, Hydro-Québec a estimé les pertes annuelles après réfection à plus de 200 millions$.
De plus, malgré des surplus d’électricité au Québec, les revenus nets des exportations s’écroulent face à la montée de l’offre du gaz naturel issu du schiste aux États-Unis, notre principal client importateur d’électricité.
En 2009, les coûts d’exploitation de Gentilly-2 se situaient 175 M$ dont 90 M$ en masse salariale pour environ 800 employés. Cette masse salariale représente un salaire moyen de 112 500$ par année. C’est bien payé pour un travail de secrétaire, de plombier, de soudeur, de technicien.
Comme dans le cas du manneken-fisc Depardieu qui se tire en Belgique avec le blé, bien sûr que les salariés de G-2 ne veulent pas partager leur blé. Appuyés par les Chambres de commerce locales, ces «riches citoyens» ne veulent pas qu’on leur retire les deux pieds dans la crèche.
Pourtant, une simple prise de conscience leur ferait comprendre que leurs gros salaires sont payés par tous les Québécois, d’autant plus que G-2 est en exploitation déficitaire chaque année depuis 2008.
Il est urgent que les Chambres de commerce régionales réalisent la contradiction dans laquelle elles se placent en réclamant la réfection à perte de Gentilly-2: ces gens d’affaires exigent qu’Hydro-Québec maintienne une unité de production à pertes alors qu’eux ne gèrent pas ainsi leurs entreprises, à moins de fermer boutique à brève échéance. La petitesse de vue de ces Chambres de commerce est révoltante.


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2 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    29 décembre 2012

    Autrefois, il y a quarante ou cinquante ans, nous ne savions pas trop ce que nous faisions en permettant la construction de centrales nucléaires; on se fiait aux « EXPERTS ».
    Mais aujourd'hui nous savons exactement ce qu'il en est, des risques à construire ces monstruosités, dans les paysages terriens et nous n'avons plus aucune excuse, de permettre à des groupes d'individus, de jouer ALÉATOIREMENT avec la VIE sur terre, quelle qu'elle soit, en leur permettant de s'enrichir sur notre dos avec le « danger »
    L'empire des cinglés doit tomber et il s'effondrera. La terre qui abrite toute vie a suffisamment souffert maintenant.
    Il est temps de sortir de cette souillure des faux prêtres.
    Celle qui est l'invitée de la noce va à la rencontre d'Hercule, pour le réveillon de minuit; Ulysse rentre à la maison.
    Jean

  • Serge Jean Répondre

    29 décembre 2012

    Toutes ces crapules, veulent leurs cent-mille dollars annuel, par la force coercitive, c'est tout ce qui les intéresse.
    Pas tellement de respect pour la Vie ces gens là; ils me font pitié au fond.
    Mettre la sécurité de tout un peuple dans les mains d'individus pareil est déjà un crime d'intention et les Québécois devraient entreprendre une action contre eux, pour faire cesser ce terrorisme.
    La dangereuse imposture nucléaire
    LE MONDE | 07.09.2012 à 14h01 • Mis à jour le 07.09.2012 à 18h46
    Par Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie en CPGE, ancien élève de l'ENS de Saint-Cloud

    L'information commence à émerger : dans la centrale nucléaire de Fukushima, la piscine du réacteur 4, remplie de centaines de tonnes de combustible très radioactif, perchée à 30 mètres, au-dessus d'un bâtiment en ruine, munie d'un circuit de refroidissement de fortune, menace l'humanité d'une catastrophe pire encore que celle de Tchernobyl. Une catastrophe qui s'ajoute à celle de mars 2011 à Fukushima : 3 réacteurs percés qui déversent leur contenu mortel dans l'air, dans l'océan et dans la terre.
    Les ingénieurs du nucléaire ne savent pas quoi faire face à tous ces problèmes. Ils ont déclamé que la sécurité, dans le nucléaire, était, est et sera totale, que, lorsqu'une catastrophe majeure a lieu, personne n'a de solution à proposer. Telle est l'effroyable vérité que révèle Fukushima. Tchernobyl avait été mis au compte de l'incompétence technique des Soviétiques. Impossible de resservir la même fable politique.
    Si l'on fait usage de sa raison, il ne reste qu'une seule conclusion : l'incompétence des ingénieurs du nucléaire. En cas de panne du circuit de refroidissement, si l'échauffement du réacteur atteint un seuil de non-retour, il échappe au contrôle et devient un magma en fusion de radionucléides, de métal fondu et de béton désagrégé, très toxique et incontrôlable (le corium).
    La vérité, posée par Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima, est que, une fois ce seuil franchi, les ingénieurs sont impuissants : ils n'ont pas de solution. Ils ont conçu et fabriqué une machine nucléaire mais ils ignorent quoi faire en cas d'accident grave, c'est-à-dire "hors limite". Ce sont des prétentieux ignorants : ils prétendent savoir alors qu'ils ne savent pas. Les pétroliers savent éteindre un puits de pétrole en feu, les mineurs savent chercher leurs collègues coincés dans un tunnel à des centaines de mètres sous terre, etc. Eux non, parce qu'ils ont décrété qu'il n'y aurait jamais d'accidents très graves.
    Dans leur domaine, ils sont plus incompétents que les ouvriers d'un garage dans le leur. S'il faut changer le cylindre d'un moteur, les garagistes savent comment faire : la technologie existe. Si la cuve d'un réacteur nucléaire est percée et si le combustible déborde à l'extérieur, les "nucléaristes" ne savent pas ce qu'il faut faire. On objectera qu'une centrale nucléaire est plus complexe qu'une voiture. Certes, mais c'est aussi plus dangereux. Les ingénieurs du nucléaire devraient être au moins aussi compétents dans leur propre domaine que ceux qui s'occupent de la réparation des moteurs de voiture en panne : ce n'est pas le cas.
    Le fait fondamental est là, affolant et incontestable : les radionucléides dépassent les capacités technoscientifiques des meilleurs ingénieurs du monde. Leur maîtrise est partielle et elle devient nulle en cas d'accident hors limite, là où on attendrait un surcroît de compétence : telle est la vérité, l'incontestable vérité. D'où l' aspect de devin à la boule de cristal des ingénieurs et des "spécialistes" du nucléaire. La contamination nucléaire ? Sans danger, affirment-ils, alors qu'ils n'en savent rien. L'état du réacteur détruit sous le sarcophage de Tchernobyl ? Stabilisé, clament-ils, alors qu'ils n'en savent rien. La pollution nucléaire dans l'océan Pacifique ? Diluée, soutiennent-ils, alors qu'ils n'en savent rien. Les réacteurs en ruine, percés, détruits, dégueulant le combustible dans le sous-sol de Fukushima ? Arrêtés à froid et sous contrôle, assurent-ils, alors qu'ils n'en savent rien.
    Les effets des radionucléides disséminés dans l'environnement sur les générations humaines à venir ? Nuls, clament-ils, alors qu'ils n'en savent rien. L'état des régions interdites autour de Tchernobyl et Fukushima ? Sans nocivité pour la santé, aujourd'hui, comme pour des décennies, proclament-ils, alors qu'ils n'en savent rien. Pour qui les radiations sont-elles nocives ? Seulement pour les gens tristes, avancent-ils, alors qu'ils n'en savent rien. Ce sont des devins. L'art nucléaire est un art divinatoire. C'est-à-dire une tromperie.
    Le nucléaire, qui s'annonçait comme la pointe avancée du savoir technoscientifique au point de se présenter comme une sorte de religion du savoir absolu, se révèle d'une faiblesse extrême non pas par la défaillance humaine mais par manque de savoir technoscientifique. Quelle que soit la cause contingente du dépassement du seuil de non-retour (attentat terroriste, inondation, séisme), l'incapacité de réparer et de contrôler la dissémination des radionucléides manifeste un trou dans le savoir qui menace la certitude de soi de la modernité. Les modernes prétendaient avoir rompu avec les conduites magiques. Le nucléaire est l'expérience d'une brutale blessure narcissique dans l'armature de savoir dont s'entoure l'homme moderne ; une souffrance d'autant plus grande que c'est sa propre invention qui le place en situation de vulnérabilité maximale.
    En effet, le refus de considérer la possibilité réelle d'un accident hors limite a pour conséquence la négligence pratique et l'indisponibilité de fait des moyens techniques appropriés à ces situations hors limite. Ces moyens n'existent pas ; et personne ne sait si l'on peut les fabriquer. Peut-être qu'un réacteur en "excursion" est incontrôlable ou irrécupérable.
    Je ne le sais pas et aucun "nucléariste" ne le sait; mais il est sûr que personne ne le saura jamais si l'on n'essaye pas de fabriquer ces outils techniques. Or l'affirmation d'infaillibilité empêche leur conception. Sans doute, ouvrir ce chantier impliquerait d'avouer une dangerosité jusqu'ici tue et de programmer des surcoûts jusque-là évités. Ainsi, l'infaillibilité des papes du nucléaire a plusieurs avantages : endormir les consciences et accroître les profits, du moins tant que tout va bien ; l'inconvénient majeur est de nous exposer sans aucun recours à des risques extrêmes.
    Tout savoir scientifique ou technique est, par définition, incomplet et susceptible de modification. Affirmer l'infaillibilité d'un savoir technoscientifique ou se comporter comme si cette infaillibilité était acquise, c'est ignorer la nature du savoir et confondre celui-ci avec une religion séculière qui bannit le doute et nie l'échec. D'où l'effet psychotique de leurs discours (infaillibles et certains) et de leurs pratiques (rafistolages et mensonges). Tout observateur est frappé par cette contradiction et plus encore par son déni. Chacun est sommé d'un côté de leur reconnaître une science et une technique consommées et de l'autre côté de se taire malgré le constat de leur échec. Bref, le nucléaire rend fou. Mais ce n'est qu'un aspect de notre condition nucléaire. Contaminés de tous les pays, unissez-vous !
    Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie en CPGE, ancien élève de l'ENS de Saint-Cloud
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/07/la-dangereuse-imposture-nucleaire_1757119_3232.html
    Jean