Rappelons également à Macpherson que beaucoup de
Canadiens anglais, à majorité ontarienne, n’ont guère apprécié d’être
représenté par Madame Michaelle Jean, pour des raisons autres que celles
des Québécois il va sans dire.
Si encore, l’ancien Premier Ministre Libéral Paul Martin (né à Windsor
Ontario), au plus bas des sondages en 2005, voulait démontrer l’égalité des
Noirs au Canada dans un poste officiel comme représentant de Sa Majesté, il
me semble qu’il aurait choisi tout naturellement un membre notoire de la
communauté jamaïcaine, ancienne colonie britannique devenue indépendante en
1962. Pas certain cependant qu’un Canadien d’origine jamaïcaine aurait
accepté cette fonction décorative. Trop de mauvais relents coloniaux sont
liés à leur origine.
Et si d’autre part Monsieur Martin avait eu l’idée de demander à un chef
amérindien de devenir GG, je suis persuadé pareillement qu’aucun amérindien
n’aurait accepté une telle fonction, pour la simple raison que la
communauté amérindienne aurait très mal accepté un homme de paille, un
Roi-Nègre-Amérindien, pour leur rappeler les injustices et autres mauvais
traitements commis au nom de la Couronne (n’oublions pas qu’une bonne
majorité d’Amérindiens refusent encore de voter au fédéral!).
La surprise dut être grande également en Grande Bretagne (surpris mais
polis). Les GG de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sont encore choisi
pour leur origine britannique.
Quand Michaelle Jean se définit elle-même comme une «arrière arrière
petite fille d’esclave» (Bordeaux 8 mai 2008) d’un ancien territoire
français de surcroît… avouez avec moi que le lien avec la couronne
britannique n’est pas d’une évidence évidente…
Ce lien semble plutôt se rattacher à la politique intérieure du Canada,
une façon de dresser les communautés les unes contre les autres, vieille
recette qui marche toujours depuis des temps immémoriaux.
On s’accorde à dire en général que ce poste est une anomalie dans une
véritable démocratie et c’est d’autant plus incompréhensible que les
citoyens d’origine britannique ne représentent plus que le tiers de la
population canadienne.
Une explication cependant : il est dit dans le Rapport Bouchard-Taylor
(page 122 de la version longue) que le Canada n’a plus de noyau
britannique, tandis que le Québec possède encore son cœur initial d’environ
75% de culture et d’origine néo-française (Nouvelle-France).
« […] il n’existe plus (du moins démographiquement)
de groupe ethnique majoritaire au Canada. En
1986, les citoyens d’origine britannique y représentaient
environ 34 % de la population, tandis qu’au Québec, les
citoyens d’origine canadienne-française formaient alors une
forte majorité (ce qui est encore le cas) de 78%.
[…] De ce qui précède, il s’ensuit qu’au Canada anglais, on se
préoccupe moins de la continuité ou de la préservation d’une
vieille culture fondatrice, mais bien davantage de l’unité ou de
la cohésion nationale. »
Cette fonction de Gouverneur Général de Sa Majesté Britannique n’a plus sa
raison d’être dans un pays qui n’a plus rien aujourd’hui de britannique.
Une fonction qui évoque trop de mauvais souvenirs aux Amérindiens, aux
Acadiens, aux Québécois, de souches, de racines et de feuilles, comme des
odeurs fétides du colonialisme britannique des 18 et 19ièmes siècles.
de Rodrigue Guimont, co. Rimouski
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