Ignatieff et la nation

Course à la chefferie du PLC


Lorsque, à la veille de la Fête nationale des Québécois, le premier ministre Harper a esquivé les questions portant sur la nation québécoise, les médias en ont fait tout un plat. Les leaders souverainistes aussi: Gilles Duceppe s'est dit " insulté ", André Boisclair a parlé d'" affront ". Avant-hier, le favori dans la course à la direction du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a publié son programme, programme dans lequel il prend fermement partie en faveur de la reconnaissance constitutionnelle de la nation québécoise. Silence total. Les médias de langue française n'en ont pas dit mot. Il ne s'est pas trouvé de politicien du Québec pour s'en réjouir.
Il est vrai que ce n'est pas la première fois que M. Ignatieff parle de la nation québécoise. Sauf qu'il y a une différence entre glisser une phrase dans un discours et affirmer solennellement qu'une réforme constitutionnelle devra prévoir " la reconnaissance du statut national du Québec ". " Le Québec a fait son entrée dans la fédération à la condition explicite que ses caractéristiques distinctes bénéficient d'une protection spéciale au sein du gouvernement fédéral, écrit Ignatieff. Depuis, l'unité canadienne repose sur la reconnaissance de ce principe. "
Ce n'est pas rien: voici un successeur potentiel de Pierre Elliott Trudeau à la tête du Parti libéral du Canada, défendant d'un océan à l'autre l'idée qu'il faut reconnaître le Québec non comme simple société distincte- un concept que Trudeau a férocement combattu- mais comme nation!
Dans son document, Ignatieff soutient aussi- à l'encontre de quelques fédéralistes dépassés- que " le Québec est une nation au plan civique et non une nation au plan ethnique ". Il affirme, cette fois à l'opposé des adversaires de la loi 101, que " la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et sa réglementation linguistique font l'équilibre entre les droits de la majorité et les droits des minorités ".
Les Québécois les plus nationalistes ne se satisferont évidemment pas de ces propos. On les entend déjà dénoncer le verre à moitié vide: M. Ignatieff ne veut pas accorder de nouveaux pouvoirs au gouvernement du Québec (lesquels veut-on, exactement?); il prône un gouvernement fédéral suffisamment fort pour pouvoir " maintenir l'unité de la citoyenneté canadienne " (quelle horreur!).
Il n'en demeure pas moins que la reconnaissance de la nation québécoise proposée par M. Ignatieff, que souhaitent aussi bon nombre de libéraux fédéraux du Québec, représenterait un virage d'importance pour le PLC. Ce changement de philosophie politique de libéraux de haut niveau démontre encore une fois que, contrairement à la perception partagée par trop de Québécois, le fédéralisme canadien n'est pas immuable. Seulement au cours des deux dernières années, le concept de " fédéralisme asymétrique " a été introduit dans divers accords Québec-Ottawa, ce qui aurait été impensable autrefois. Des ententes importantes entre les deux gouvernements ont ouvert la voie à la mise en place d'un régime québécois de congés parentaux et à la présence du gouvernement du Québec à l'UNESCO. L'équilibre fiscal entre Ottawa et les provinces est en voie d'être rétabli, si ce n'est déjà fait. Au Québec, chacune de ces avancées a été tout de suite minimisée, puis rangée aux oubliettes. Et de passer à la prochaine revendication existentielle!
Les Québécois devraient se réjouir de voir un politicien libéral de l'envergure de M. Ignatieff défendre une vision aussi réfléchie, cohérente et équilibrée du Canada. Une vision où, comme il le dit, " la grande majorité des Québécois considèrent le Québec comme leur nation et le Canada comme leur pays ".
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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