Jean-Luc Lavallée - La chef du Parti québécois, Pauline Marois, estime que le PDG de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia, n’aurait pas dû séjourner au domaine des Desmarais, à Sagard, dans Charlevoix.
« Il faut être prudent quand on occupe des fonctions comme celles-là. Il aurait dû s’abstenir », a-t-elle déclaré hier.
La chef péquiste était appelée à commenter cette affaire pour la première fois depuis que Le Journal a révélé que M. Sabia avait passé trois jours en août avec sa femme et sa fille au luxueux domaine de l’influente famille milliardaire.
« Moi, je n’ai aucun problème à ce que M. Sabia rencontre des représentants de Power Corporation. C’est tout à fait normal que, dans le cadre de ses fonctions, il les rencontre. Cependant, il doit le faire dans des lieux qui sont neutres ou qu’il ne bénéficie pas d’une invitation spéciale de la part de la famille. »
Le PQ a promis de questionner tôt ou tard M. Sabia, lorsqu’il se présentera en commission parlementaire, quelle que soit la forme de cette commission.
Khadir en remet
Les ténors de Québec solidaire, Amir Khadir et Françoise David, en ont également remis hier à ce sujet, en marge de leur caucus présessionnel servant à établir leurs priorités des prochains mois (la gratuité scolaire et un régime de retraite universel public notamment).
« Nous pouvons assurer les Québécois-es que ces propositions n’ont pas été conçues autour d’une table de banquet au domaine des Desmarais. Québec solidaire est résolument du côté des gens ordinaires, du 99 % qui n’est pas invité aux banquets du 1 % », a déclaré Mme David « avec une pointe de sarcasme », a-t-on précisé dans un communiqué du parti.
« Ça prend une élection! »
En conférence de presse, Amir Khadir a été plus cinglant. L’humour, cette fois, n’était pas au rendez-vous.
« Ça prend une élection! Ça prend un changement de culture politique. Quand on est rendus à ce que notre classe politique et une partie des commentateurs médiatiques tolèrent tout ça, traitent ça avec légèreté, pourquoi voulez-vous que M. Sabia sente une gêne, alors que c’est très gênant.
« C’est inacceptable! Surtout à ce niveau d’importance de fonction chez les décideurs publics, toute apparence de conflit d’intérêts doit être évitée. Que M. Sabia ne soit pas au courant de ça, je trouve que c’est un grave manque de jugement et de compétence. »
Dans son envolée, M. Khadir a également attaqué le premier ministre, qui a plutôt été évasif sur son propre séjour à Sagard chez les Desmarais. « Le serviteur en chef de l’État, M. Charest, semble être incompétent du point de vue éthique, puis ne pas comprendre qu’il n’a pas le droit de paraître, aux yeux du public, être au service de l’empire Desmarais. »