L’assiette de Philippe Couillard

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Couillard s'enferre de plus en plus

Ce mardi, l’assiette politique de Philippe sera remplie. Très remplie. Trop remplie? La suite des choses le dira…
Le chef libéral aura bien entendu à répondre du reportage selon lequel «la conjointe du chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, a été recrutée par la firme de génie-conseil BPR au moment où l’entreprise obtenait des contrats du ministère de la Santé, dirigé à l’époque par M. Couillard». Considérant – comme l’a amplement démontré la commission Charbonneau -, le financement illégal de partis politiques auquel plusieurs firmes de génie-conseil se sont livrées pendant des années pour favoriser l’octroi de contrats publics, ses réponses seront scrutées à la loupe.
Mais surtout, Philippe Couillard devra trancher dans ce qu’on appelle l’«affaire Houda-Pepin». Et il ne le fera pas seul puisque la décision pourrait être prise au caucus libéral d’aujourd’hui.
Or, à la lumière du communiqué émis hier par sa députée Fatima Houda-Pepin, le choix du chef libéral est de plus en plus restreint.
Ou il accepte que sa députée revienne au PLQ, comme elle le demande, en lui accordant une plus grande liberté d’expression sur la question spécifique de la charte dite des valeurs du gouvernement Marois. Ou alors, il la laisse s’«exclure elle-même», comme il le dit. Mais dans un tel cas, le prix politique, c’est lui qui le paiera. Mme Houda-Pepin est suffisamment respectée dans la population pour que toute exclusion de cette dernière par Philippe Couillard soit très mal reçue par l’opinion publique. Le chef libéral est-il prêt à se payer un tel luxe ?
C’est dans ce choix, en fait, ce dilemme, que M. Couillard passera ou non ce premier test crucial de leadership.
Exclure Mme Houda-Pepin de son caucus serait d’autant plus incompréhensible que selon le Journal de Montréal et le Journal de Québec de samedi, suivi de La Presse de ce matin, le chef libéral serait tenté de se rapprocher du rapport Bouchard-Taylor. Comment? En proposant de limiter l’interdiction du port de signes religieux aux employés de l’État avec pouvoir de coercition, comme les policiers et agents de prison. Le cas des juges étant à décider. Ce «recul» sous forme de repositionnement stratégique, s’il se matérialisait, on le devrait à l’influence de Mme Houda-Pepin, mais aussi aux pressions politiques venant des élus en régions.
Si tel devait être le cas – ce qui reste à voir -, laisser Fatima Houda-Pepin contribuer au «débat» sur la charte à la pleine hauteur de son expérience et de ses connaissances dans le domaine, devrait aller sans dire…
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Les attaques personnelles et sexistes ne peuvent tenir lieu d’argument
Vendredi, à l’émission 24 heures en 60 minutes, je mentionnais au passage que dans les cas de Fatima Houda-Pepin et de la députée fédérale Maria Mourani – expulsée du caucus bloquiste pour sa dissidence sur la charte des valeurs face au gouvernement Marois et du PQ, le parti «frère» du Bloc) -, on assistait au retour en force d’une tactique connue dont les «vieux» partis se servent trop souvent pour discréditer les femmes politiques osant se sortir un peu trop la tête des eaux partisanes.
Cette tactique étant de multiplier les attaques personnelles pour tenter de discréditer ce qu’elles disent.
Ce matin, à C’est pas trop tôt, dans le cadre de ma chronique hebdomadaire, j’ai pu faire l’analyse de cette tactique aussi usée à la corde que sexiste. J’y explique d’ailleurs en quoi elle est sexiste. Donc, congé de lecture. Si le sujet vous intéresse, pour écouter cette chronique, c’est ici.
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Plaidoyer pour la dissidence
Cela dit, le cas de Fatima Houda-Pepin et de Maria Mourani soulève la question de la dissidence en politique sur des questions fondamentales de valeurs. La charte dite des valeurs se qualifiant tout à fait… Même si Mme Mourani n’était pas dissidente face au Bloc – en fait, elle défendait la même position que son parti sur les signes religieux -, elle fut néanmoins punie, et durement, pour sa dissidence face à la position du gouvernement péquiste. Point. Un cas unique de punition inter-partisane…
Si certains se cachent derrière le bouclier de l’anonymat pour mieux les attaquer personnellement par médias interposés, l’Histoire, elle, en retiendra fort probablement un jour le contraire. Soit que deux élues, deux femmes – une souverainiste, une fédéraliste -, portant chacune des points de vue divergents de sa propre «famille» politique sur la charte, auront eu le courage de risquer leur carrière pour s’exprimer plus librement sur une question fondamentale qui touche justement, entre autres choses, l’égalité homme-femme.
Il s’agit maintenant de voir si le chef libéral saura se montrer plus ouvert à la dissidence que la famille PQ-Bloc n’a su le faire pour Maria Mourani. Si oui, Mme Marois et Daniel Paillé pourront prendre des notes. Si non, M. Couillard en paiera le prix politique.
Idem pour l’appel de Mme Houda-Pepin à tous les partis politiques de «travailler ensemble» sur cette question d’importance pour la société québécoise.
Si la première ministre et le chef du Parti libéral devaient y tourner le dos, force sera alors de conclure que la joute politique et électoraliste des uns et des autres aura eu raison de tout. Incluant de la raison elle-même et du bien commun.
A suivre…
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Addendum:
- On rapporte que le ministre responsable de la charte, Bernard Drainville, ferme à nouveau la porte pour le moment à tout compromis sur la question des signes religieux. Force est donc de constater que le scénario électoraliste domine encore et toujours du côté gouvernemental…
- On rapporte aussi que Mme Houda-Pepin serait présente elle-même au caucus libéral de ce midi.
- Et voilà, c’est fait. Fatima Houda-Pepin a en effet réussi à retrouver sa place au caucus libéral; Philippe Couillard s’est montré plus ouvert à la dissidence que ses adversaires politiques.


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