La souveraineté en affaires municipales : fini?

L'État, ce n'est pas le Québec, c'est M. Coderre

Le maire de Montréal tenté par la sécession

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Chronique de Jean-Pierre Bonhomme

Le 3 janvier, ou est-ce le 2 janvier (?) nous avons pu entendre, à la radio fédérale, la «première» comme ils disent, la phrase suivante : C’EST PAS VRAI QUE LES VILLES (DU QÉBEC) SONT DES CRÉATURES DE LA PROVINCE...
Le propos était prononcé textuellement (j’ai pris des notes) par le nouveau maire de Montréal, M. Denis Coderre. Celui-ci exprimait alors ses vœux de nouvelle année à la population. Il proclamait sa volonté, dans une entrevue, de faire de Montréal et de SES 70 villes des couronnes - il est devenu président de cette communauté - une place «forte». Et que les provinciaux se le tiennent pour dit!
Oui en effet, car la proclamation d’indépendance de M. Coderre est tout un événement. C’est la première fois qu’un homme politique d’importance, dans le Canada tout entier, se permet d’affirmer que la juridiction sur les municipalités, au Canada ne relève pas des provinces. Il y a bien eu, parfois, des maires qui se sont pris pour des chefs d’État, mais c’était en cachette. M. Drapeau, par exemple, faisait fi de l’appartenance de SA ville à la communauté québécoise. Il était même allé jusqu’à établir une loterie nationale – l’équivalent d’une taxe – sans demander la permission à l’État… Et mal lui en prit, naturellement! Passons…
Dans ce cas-ci l’affirmation est claire, Montréal ne se soumettra pas.
Mais alors où la souveraineté en affaires municipales se trouvera-t-elle dorénavant? A Ottawa, de facto, peut-être? Nous pourrons penser que M. Coderre est un envoyé de cette ville et de l’État central….
Car au Canada la souveraineté est divisée principalement entre les onze États qui composent la fédération. On n’en sort pas. C’est écrit dans la constitution, celle-là même que les amis de M. Coderre, - M. Trudeau au premier chef – ont imposé à la nation québécoise. Si on ne me croit pas on peut aller voir dans Wikipedia, au titre de la Constitution canadienne (partage des pouvoirs). Le pouvoir sur les Affaires municipales se trouve en première ligne dans la liste des responsabilités attribuées aux provinces.
Là est la question. Dans le partage des pouvoirs (celui de la souveraineté en somme) les Affaires municipales ont été attribuées aux provinces EN EXCLUSIVITÉ. Ce n’est pas un pouvoir partagé avec le gouvernement central, comme dans bien d’autres domaines, comme celui de l’immigration par exemple.
Pourquoi cela? Parce que la nation québécoise, a été intransigeante en la matière. Elle a vu, dans les négociations séculaires avec l’Empire, que le domaine municipal, touchait directement au principe de l’identité nationale ; il fallait au peuple français d’Amérique un regard sur cette activité publique la plus proche de la vie familiale, la plus liée à tout le domaine du droit civil, - civique pour tout dire. Et cela a été compris par toutes les parties, même dans les pourparlers les plus difficiles de notre histoire.
Vouloir transformer la Ville de Montréal en nouvelle province indépendante – car c’est de cela qu’il s’agit - vouloir agir politiquement sans tenir compte de l’intérêt national québécois est une attitude bien plus nocive, bien plus dangereuse que toutes les collusions et malversations bureaucratiques révélées par les commissions d’enquête gouvernementales.
Les conséquences de cette attitude sont effectivement effrayantes. Le gouvernement du Québec, alors, devant un Montréal et un Laval «forts» ne pourrait pas créer de commission d’enquête sur la corruption ; le maire Coderre ne la reconnaîtrait pas.
Mais, surtout, il n’y aurait personne pour créer un aménagement urbain digne de la créativité de notre peuple. Actuellement le gouvernement souverain en la matière, celui de la Capitale, à Québec, n’agit pas beaucoup en ce domaine de l’organisation urbaine. Il n’a pas créé de ministère de la Ville ou l’équivalent, pour donner une orientation au développement des quartiers et revoir le design et l’accessibilité en ville de l’habitat pour les classes moyennes. Mais le gouvernement souverain le pourra un jour. Il pourra contenir l’influence des promoteurs privés, ceux-là qui parsèment le territoire d’un habitat médiocre et individualiste. Il le pourra si nous, les citoyens, réclamons que notre gouvernement nous serve davantage ; qu’il soit un instrument plus utile pour rendre la vie meilleure.
Rappelons-nous qu’avec la reconstruction de la Ville de Mégantic, par exemple, le gouvernement actuel avait une belle occasion d’innover dans le domaine urbain ; cela pour répandre un peu de confort et de beauté dans notre paysage. Il n’a pas créé d’organisme pour y arriver. C’est à cette tâche que nous devons nous nous intéresser. Le gouvernement doit devenir le chef d’orchestre municipal… Il pourra le devenir. Ce n’est en tout cas pas en jetant cet instrument par-dessus bord que Laval et Montréal deviendront de meilleures villes. La mise en tutelle de l’île Jésus, a sauvé des meubles, c’est bien, mais notre peuple a du chemin à faire avant de devenir exemplaire en aménagement urbain.

Pour ma part j’estime qu’il va falloir prendre nos maires par la main pour les amener à asseoir leur indépendance par rapport aux promoteurs immobiliers de ce monde. Pas pour proclamer leur indépendance par rapport à la nation.
Il serait bon, certes, pour nous rassurer, que le maire de Montréal, avant qu’il ne devienne un potentat à la Drapeau, prête serment d’allégeance au peuple québécois, et à son drapeau, ce peuple dont on l’entend peu prononcer le nom.


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5 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    7 janvier 2014

    Parce qu’il s’aperçoit soudainement depuis qu’il est élu que le « Grand Montréal » compte pour presque la moitié de la population du Québec, Denis Coderre prend une pose royale, celle qu’a déjà prise Jean Drapeau dans le passé. Avec le recul, je crois qu’effectivement Jean Drapeau fut un roi. Un roi élu par les canadiens-français.
    Le Québec est maintenant radicalement changé. Si le « grand Montréal » compte encore pour presque la moitié de la population, le maire de Montréal n’en est pas autant le maire de la banlieue. Et ce ne sont pas les canadiens-français qui ont élu Denis Coderre ! Ceux qui l’ont élu sont précisément les plus anti-Québec qu’on puisse trouver par ici. Denis Coderre peut bien se prendre pour un roi, il n’est finalement rien de plus qu’un roitelet.
    Si le P.Q. peut réussir à devenir majoritaire, et s’il a du cœur évidemment, s’il avait alors du cœur, oui, alors du cœur, comme du chien… Montréal pourrait devenir un beau « chantier en chantier », comme les aime l’ineffable vice premier ministre, c’est-à-dire que Montréal pourrait devenir un nouveau « front politique », car, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, quoi qu’on finasse et quoi qu’on bavasse au P.Q., c’est précisément là que se cachent nos ennemis…

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2014

    Comment dire? Vous ne pensez pas qu'il a raison? Essayez donc d'enlever le drapeau du Canada sur les terrains et dans les édifices de ces créatures de Québec? Tenez, une autre encore plus facile, essayez donc d'enlever le drapeau canadian à l'Assemblée Nationale, celui au salon rouge ou dans les bureaux des collabos du Dominion ou même le représentant de sa 'gracieuse majesté" qui est dans les murs de l'Assemblée Nationale.
    Ces fanfaronnade de petit coq canadien-français sont si ridicule qu'un abruti comme Coderre fait ce qu'il veut, vous n'êtes pas l'autorité, il n'y a pas d'autorité au Québec si ce ne sont les intrusions et les velléités des habits rouges et de leurs collabos trop content qu'on leur donne une tribune avec 15% d'appuis populaire.
    Franchement y a-t-il que des canadien-français, soumis, épanoui sous la rose, derniers représentant d'un cul-de-sac de l'histoire, mais surtout de leur propre lâcheté.
    Tant et aussi longtemps que vous ne serez que les petits identitaires du libéralisme inégalitaire, sujets et valets de pieds pour le Dominion, des gros colonisés comme Coderre ou Elvis Gratton auront toujours raison.

  • Serge Jean Répondre

    6 janvier 2014

    Tiens un Bailli à Montréal; à tout bailli il y a un Guillaume Tell.
    Serge Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2014

    Si les "GRANDES VILLES" ne respectent plus les régions
    s'est là que les problèmes vont débuter.
    S'est juste une question de logique. Rien ne se crée
    mais tout se faits.
    Rappelez-vous les douze travaux d'Astérix. Il n'était pas fou le bonhomme. Peut-être un peu gras. Donnons une
    chance au coureur.
    Merci de m'avoir lu.
    Michel (Mike)

  • Archives de Vigile Répondre

    6 janvier 2014

    Et où sont les frontières, comment paieront nous un passage dans Montréal ? Et l'article 91, 92, 93 et 94 de l'Acte Britannique du Nord a-t-il été aboli ?
    par roco