Les Panama Papers et l’évasion fiscale: le légal qui est, dans les faits, illégal
Mettons immédiatement les points sur les «i» et les barres sur les «t». Les paradis fiscaux, comptant souvent moins de 100 000 habitants, c’est peut-être immoral, mais c’est parfaitement légal. Légal uniquement grâce aux politiciens occidentaux inféodés qui ont légalisé l’illégal. Ils ont rendu légal à grande échelle le vol et le crime de l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux. Il faudrait plutôt arrêter de parler d’évasion et d’évitement fiscaux, mais bel et bien de fraude fiscale lorsqu’il est question des paradis fiscaux. Les pays occidentaux pourraient les éliminer en moins d’une journée en promulguant un petit embargo économique, bancaire et monétaire comme ils l’ont pourtant fait contre l’Irak, l’Iran, Cuba, la Russie, etc. Les pays occidentaux et leurs gouvernements sont complices de ce crime permanent qu’ils font semblant de vouloir éradiquer.
La Royal Bank (RBC) joue au pur
Rire et mépriser la population quant à l’évasion fiscale est l’une des spécialités des banquiers canadiens et des élus libéraux du Québec. Les banquiers, ça doit être du bon monde, puisque les libéraux de Philippe Couillard en comptent trois parmi leurs ministres très importants, soit Carlos Leitao, Martin Coiteux et Jacques Daoust. Les conservateurs de Stephen Harper avaient aussi dans leur rang des banquiers. Et quand un banquier est nommé ministre, le patronat applaudit et les médias parlent d’expérience, de rigueur et de pragmatisme.
Ah ben, à la suite des révélations des Panama Papers, voilà-tu pas que le président de la Banque Royale, David McKay, jure, la main sur le cœur, que «Tout est légal, parole de banquier» (Le Devoir, 7 avril 2016). Pour ce que vaut la parole d’un banquier et encore plus de son PDG, s’entend. Et la RBC qui en rajoute, tellement que c’est carrément louche et suspect: «La Banque Royale s’en tient à la lettre de la loi» (Le Devoir, 5 avril 2016). Front de bœuf, vous dites, et bien les boss de l’institution financière, la plus grande banque au Canada, en rajoutent une grosse couche en prétendant que: «L’institution canadienne affirme travailler pour contrer l’évasion fiscale». Rien à leur épreuve que je vous dis. Et lors de la récente commission bidon des finances publiques du Québec, où des élus se sont penchés sur les paradis fiscaux, les banquiers leur ont ri en pleine face en affirmant que «Les banques affirment freiner l’évasion et l’évitement fiscaux. Des avoirs canadiens de 300 G$ dorment [paisiblement] à l’étranger à l’abri de l’impôt» (Le Journal de Montréal, 18 novembre 2015). Et Le Journal de Montréal a intitulé ainsi son texte publié le 22 novembre 2015: «Les banquiers ont-ils pris les élus pour des valises?» Mais pas pour des valises ni pour des conteneurs, mais pour des entrepôts. Où étaient les «tough» du PLQ lors de cette commission, par exemple les Martin Coiteux, François Blais et Gaétan Barrette?
Des parallèles avec les énormités des banquiers
Quand des banquiers disent contrer et lutter avec acharnement contre l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, c’est comme lorsqu’une multinationale du tabac a prétendu ceci: «Imperial Tabacco dit vouloir prévenir le tabagisme chez les jeunes» (Le Devoir, 8 mai 2007). Ça dépasse tout entendement de voir Jean Charest, l’ex-premier ministre libéral du Québec, prononcer une conférence sur l’éthique. Comment une université sérieuse et de «haut savoir» a invité Jean Charest à ergoter sur l’éthique? Je n’en reviens pas.
Jean Charest qui parle d’éthique est aussi pathétique qu’Élyse Bissonette, médecin et chercheuse à l’Université Laval, qui clame «scientifiquement» les mérites du tabac après avoir accepté une subvention de 250 000 $ d’une compagnie de tabac: «Un médecin vante des cigarettes» (Le Journal de Montréal, 10 novembre 2006). Riez tant que vous voulez de mes vieux articles de journaux, mais ça me permet d’en trouver des vertes et des pas mûres.
La Banque Royale nie, même devant les faits
Au Québec, vous vous souvenez de trois cas d’escroqueries notoires de firmes et d’individus qui carburaient aux fonds publics et qui ont ruiné des milliers d’individus? Il y a eu Norshield de John Xanthoudakis, Cinar des Charest et Weinberg et Dominion Investments de Martin Trembaly, qui ont détourné frauduleusement des milliards de dollars dans les paradis fiscaux. Et qui était le banquier commun à ces trois canailles, selon vous? Eh ben, oui, la très chère Banque Royale du Canada qui prétend quand même tout faire pour éradiquer l’évasion fiscale: «Norshield, Cinar et Martin Trembaly avaient la même banque: La Royale» (La Presse, 26 janvier 2007).
Tout de même incroyable, elles veulent s’attaquer vigoureusement à l’évasion fiscale tout en ayant plein de succursales et de filiales dans tous les paradis fiscaux afin d’accommoder et d’accompagner leurs bonnes vieilles clientèles vertueuses. Cherchez l’erreur!
Cas flagrants de la Royal Bank
Moi, je vous l’ai déjà dit maintes fois, j’aime mes dossiers de vieux articles de journaux. C’est le grand amour entre nous. Ça me permet de trouver des perles qui viennent ridiculiser les mensonges des dirigeants de la Banque Royale qui joue, comme les autres, à la vierge offensée quand elle se sent visée par la fraude qu’elle pratique dans les paradis fiscaux.
Tiens, tiens, que dites-vous mes amis de celle-ci qui s’est passée aux Bahamas?: «La Royale visée en France pour blanchiment et évasion fiscale» (Le Journal de Montréal, 30 mars 2015). Il y a aussi ce cas de complicité entre la Royale et un milliardaire: «1,5 milliard $ caché à la Royale aux Bahamas» (Le Journal de Montréal, 5 janvier 2015). Et pourquoi pas une autre juste pour vous: «La Royale cache encore des documents. La banque canadienne est accusée de transactions illégales dans des filiales aux îles Caïmans et aux Bahamas» (Le Journal de Montréal, 29 avril 2014).
Ah ben, ça parle au diable. Après le gouvernement français, voilà que le gouvernement américain «s’acharne», mais jamais nos gouvernements canadiens et québécois, sur RBC: «Paradis fiscaux. Amende de 35 M$ pour la Banque Royale» (Le Journal de Montréal, 20 janvier 2015). Au Québec, nos courageux ministres libéraux ne s’attaquent jamais aux gros, juste aux petits. C’est une question de principe au PLQ.
Concernant la RBC au royaume des paradis fiscaux, il y a plusieurs autres exemples, mais terminons par ces deux cas: «Évasion fiscale: l’Agence du revenu du Canada soupçonne des conseillers de RBC Dominion» et «L’ex-président de Montréal International (Marc Fortier) poursuit une filiale de la Banque Royale» (Le Devoir, 15 décembre 2009 et La Presse, 1er avril 2004). Rien ne les arrête. Monsieur Marc Fortier demande à RBC de lui placer un million de dollars dans un paradis fiscal (île Jersey) afin d’alléger ses impôts. Le placement tourne au vinaigre et monsieur Fortier poursuit RBC pour «négligence grossière». C’est le boutte du boutte. Un filouteur qui poursuit un arnaqueur.
La petitesse de Banque Royale et l’épanouissement de nos enfants
La RBC qui nous arnaque sur les frais bancaires et les intérêts sur les cartes de crédit; qui transfère des emplois en Inde et ailleurs afin «d’optimiser» ses ressources financières, même en réalisant des milliards en profits records chaque année; qui vogue allègrement dans les paradis fiscaux et qui a, malgré tout, le culot de nous jouer la carte du philanthrope et du mécène, comme l’affichent ces publicités: «Quand on croit en nos enfants, ils peuvent s’épanouir. À RBC, nous croyons que tous les enfants méritent de s’épanouir. C’est pourquoi nous appuyons diverses initiatives qui portent sur la santé mentale des enfants, les programmes d’activités parascolaires et le sport amateur. Nous croyons également que la meilleure façon de préparer les enfants et les jeunes pour l’avenir consiste à leur offrir un départ axé sur la santé et le bonheur global» (La Presse, 22 octobre 2013). Je m’excuse, mais tant d’hypocrisie, c’est vraiment trop pour moi. La meilleure façon de préparer «tous» les enfants pour l’avenir axé sur la santé et le «bonheur global» serait de payer vos impôts sur vos profits records; d’arrêter de détourner des milliards de dollars dans les paradis fiscaux pour votre compte et au profit de vos «fidèles» clients; de garder vos emplois au pays au lieu de les transférer en Inde et d’arrêter de fourrer le monde avec vos intérêts sur vos cartes de crédit, sur vos frais bancaires et autres de toutes sortes. Les terroristes ne sont pas souvent ceux que l’on pense.
Autres magouilles du malfrat royal
La Banque Royale ne fait pas seulement dans les paradis fiscaux. Oh que non. Découlant de son code de conduite «éthique» et de sa responsabilité «sociale» qui visent à assurer le bonheur global de nos enfants, même à l’encontre du bonheur intégral de leurs actionnaires et de leurs dirigeants, la RBC papillonne dans plus d’autres affaires très croches comme: «Manipulation des cours. Amendes de plus de 200 M$» (Le Devoir, 17 décembre 2004). Dont 17 M$ pour la Royale, 21 M$ pour la TD et 19 millions $ pour une filiale de Power Corp., soit le Groupe Investors.
Ah ben, que vois-je drette-là devant moi: «Recours collectif historique. Des banques devront payer 200 millions $ (un autre petit 200 M$). Plusieurs institutions financières ont imposé des frais illégaux pour des achats en devises étrangères» (Le Devoir, 12 juin 2009). Parmi les institutions ciblées, imaginez-vous donc qu’il y avait notre sainte coopérative bancaire Desjardins en plus, évidemment, de RBC qui n’en manque jamais une.
Et puis bang, aux États-Unis, la Banque Royale est «accusée d’avoir orchestré des transactions fictives sur le marché des contrats à terme à des fins d’évitement fiscale» (Le Devoir, 3 avril 2012). Le gouvernement américain dans les affaires illégales, que nos banquiers nomment des petites affaires juste immorales, est moins indulgent et moins aveugle que nos gouvernements du Canada et du Québec. Avez-vous déjà vu passer une poursuite quelconque de nos gouvernements à l’endroit de nos banques? Des poursuites criminelles contre les chômeurs et les assistés sociaux qui trichent, mais jamais contre les banquiers à cravate qui en fait dirigent le pays et la province.
Ah ben sainte Bine, encore le gouvernement américain qui s’acharne sur nos banques canadiennes, cette fois-ci en lançant une action judiciaire pour manipulation du taux interbancaire: «Libor. La Royale est au nombre des banques poursuivies par les États-Unis» (Le Devoir, 15 mars 2014). Et en rafale, il y a: «Affaire Norshield. Recours de plus de 150 M$ contre la Royale» (La Presse, 5 novembre 2013). Puis: «17 M$ pour panser la plaie. La Banque Royale règle à l’amiable avec les victimes d’Earl Jones» (Le Devoir, 7 mars 2012). Et pour finir, concernant des pratiques commerciales et tarifaires abusives sur le marché des cartes de crédit: «Recours collectif. La RBC versera des millions» (Le Journal de Montréal, 15 avril 2014).
La solution, c’est quoi
Je fais même cette lucide et réaliste recommandation pour régler une fois pour toutes ce problème «structurel»: «Nous avons la solution: les banquiers en prison. Des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue partout à travers l’Europe» (Le Devoir, 15 novembre 2012). Et vous, qu’en pensez-vous?
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