Il y a quelques semaines, un groupe de «sages» était réuni à Toronto dans le but de réfléchir sur «la question du Québec pour la prochaine génération», effort de réflexion dont nous retrouvons les conclusions en page A-9 du Devoir de ce matin, le 7 mars 2012. Il est difficile de croire que les Québécois présents à cette rencontre aient donné leur aval à ces conclusions, mais, avec les Québécois, il ne faut se surprendre de rien. Ils n'aiment pas cela, les Québécois, froisser le Canada anglais.
Mais, parfois, il faut savoir froisser. Alors, puisqu'il faut froisser, froissons.
Conclusion 1: Un amendement constitutionnel visant à accommoder le Québec est hautement improbable dans un avenir prévisible. Il est difficile de contredire cette conclusion. Alors, avis à ceux qui seraient tentés par l'idée géniale d'offrir une troisième voie à l'électorat québécois, éventuellement.
Mais, le problème n'est pas là. Que veut le Québec? Avant de répondre, il importe de poser un diagnostic sur le Canada. Au pays, la majorité anglaise est incapable d'envisager le Québec autrement que comme élément inférieur et pauvre de la fédération. Que l'on ne vienne pas s'objecter, l'histoire est là pour le prouver. Depuis, la confédération, les lois linguistiques du Canada anglais n'ont eu cesse de refouler les Canadiens-français vers le Québec. Il y a bien eu quelques efforts en sens inverse dans le passé récent, mais ils sont insignifiants et ont tous été adoptés à contre-coeur. Même à l'intérieur du Québec, on tente d'enfermer la population française dans les limites d'un espace minuscule de chaque côté du fleuve. Il suffit de prendre connaissance de la Loi sur la clarté pour le réaliser. Malheureusement, il faut bien admettre que les Québécois aiment bien se faire les artisans de leur propre malheur...Triste. À tout événement, côté pauvreté, il suffira de jeter un coup d'oeil sur la place faite au Québec dans les politiques économiques fédérales...Eat your bowl of equalization and shut up...
Le diagnostic posé, il appartiendra au patient de choisir sa thérapie...
Conclusion 2: Sans le Québec, il n'y a pas de Canada. Difficile de nier l'à-propos de cette observation. Et, cela fait partie du problème du Québec. Sachant que le départ de la province signifierait plus ou moins sa disparition, le Canada anglais résistera avec la dernière énergie à tout effort du Québec de s'émanciper. La rupture géographique du Canada qu'entraînerait la séparation du Québec jetterait vraisemblablement les provinces anglaises dans les bras des États-Unis. Quelle serait, alors, la voix de ces nouveaux États à Washington? Certainement moins forte que celle que ces provinces ont à Ottawa à l'heure actuelle. Également, c'en serait fini des services de santé gratuits, de la relative générosité de l'assurance-chômage (appelons les choses par leur nom), de la relative générosité de la Sécurité de la vieillesse, etc. Et, il ne faut pas exclure un possible retour à la mobilisation militaire obligatoire. Alors, imaginez la fermeté de l'opposition à l'indépendance du Québec.
Conclusion 3: Sans le Canada, il n'y a pas de Québec. Cela est faux et il est renversant que les Québécois présents à Toronto lors de cette rencontre aient laissé passer pareille énormité. Et, c'est justement parce que le Québec pourrait survivre à titre d'État indépendant que le Canada anglais voudra s'emparer de la plus grande partie du territoire de la province advenant un virage indépendantiste. Et, le chantier est en marche...sous l'oeil bienveillant du Québec.
Conclusion 4: Le Canada peut-il survivre avec des «imaginaires intérieurs divers»...On dirait que les rédacteurs ont consulté quelqu'un au ministère québécois de l'Éducation...À tout événement, il n'y a qu'un «imaginaire» au Canada et il s'agit de «l'imaginaire» fédéral. Au Canada, le Québec est un épiphénomène toléré au nom de l'intégrité géographique du pays...Point, à la ligne.
Conclusion 5: Un Québec indépendant dépourvu de la «force multiplicatrice» du Canada serait incapable de développer pleinement ses espaces nordiques. Cela est faux. Pourrait-on savoir en quoi «la force multiplicatrice» du Canada contribue au développement du Nord québécois? On pourrait plutôt parler de «force nuisible». Pourquoi, en effet, s'efforcerait-on avec tant d'acharnement à vouloir spolier le Québec de ses espaces nordiques si celui-ci était vraiment incapable de les développer seul? Encore une fois, on se demande où étaient les Québécois lors de la rencontre de Toronto.
Conclusion 6: Le bilinguisme n'a pas fonctionné. C'est un fait. Le français «coast to coast» n'a pas d'avenir et il n'en a jamais eu. On ne veut même pas nous donner une version française officielle de la constitution...C'est moins que Meech ou Charlottetown, ça, vous savez...Et, là, on commence à parler de trilinguisme...
Alors, non, les Québécois ne sont pas tous morts. Certains d'entre eux respirent encore. Et, ils ne résident pas tous sur la rue Séparatiste à Joliette.
P.S. Le texte qui précède ne doit pas être lu comme une opinion voulant que l'indépendance du Québec pourrait être réalisée sans coûts ni difficultés. Loin de là. Et, ceux qui prétendent militer pour l'indépendance du Québec sans reconnaître ce fait se leurrent. Ou, ils mentent, ce qui n'est pas mieux.
L.C.
« THE QUEBEC QUESTION FOR THE NEXT GENERATION »
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13 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
9 mars 2012M. Savoie, ne soyez pas mortifié de ne pas avoir observé mon manège de pseudonymes. Je le précise de temps en temps mais, vous savez, ce qui nous intéresse dans un forum, c'est notre propre intervention et les répliques subséquentes. On veut bien un pays, mais qu'il soit rattaché à notre nom, à notre face.
Mais surtout, M. Savoie, je demeure bien attentif à ce qui vient, comme vous dites: les cartes dans votre manche pour empêcher que les Québécois se retrouvent encore, et toujours, attablés à un dîner de cons au Canada. Comment nous allons résister à la prochaine déclaration de guerre, après octobre '70, après les commandites, après l'appel aux armes de notre jeunesse intentionnellement démotivée, leurrée par l'uniforme.
Archives de Vigile Répondre
8 mars 2012Pour le PQ, étaient présents :
Bernard Landry; Daniel Turp; Alexandre Cloutier.
Nos fers de lance!
Archives de Vigile Répondre
7 mars 2012Veuillez excuser cette méconnaissance M. Ouhgo. J’écris depuis à peine un an sur Vigile et cette subtilité m’a échappé. Mais bon, chacun évolue à son propre rythme et je peux vous assurer que le fédéral n’est plus à la hauteur. La preuve : les conclusions complètement déphasées de ce groupe canadien. Nous sommes passés à un autre paradigme et la bataille sera terrible et exaltante. Pour ce qui est de ma désinvolture, cela reste votre interprétation. Je considère plutôt mon attitude comme déterminée et ferme. Moi et bien d’autres au Québec n’avons pas l’intention de s’en laisser imposer. Soyez attentif à ce qui vient !
Laurent Desbois Répondre
7 mars 2012l'indépendance... la seule solution!
23 bonnes raisons... et tellement d'autres encore !
http://www.youtube.com/watch?v=iL7ac3VJ6Bs
La conclusion à 3 min est superbe!!!
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
7 mars 2012M. SS,
Mes commentaires de fond, vous les trouvez sous Ouhgo. Si vous êtes attentif, depuis 4 ans, mes Billets signés Ouhgo (117) portent biographie dans Auteurs, mais pour simplifier (par humilité:-) mes commentaires épars sont signés du diminutif (O). 'ké?
Ensuite, ne minimisez pas mon commentaire en apparence alarmiste. Il découle directement de la désinvolture de votre envolée: "Toutes actions illégales qui iraient à l’encontre de nos lois démocratiquement votées par notre assemblée législative sur notre territoire de la part de ce gouvernement étranger entraineront automatiquement des représailles économiques et politiques qui effectivement détruiront ce qui restera du Canada."
"Toutes actions illégales", dites-vous, comme si ce gouvernement ne baignait pas déjà dans l'illégalité, depuis ses fermetures de parlement, son usurpation des fêtes de Québec 400, sa réélection dans les conditions qu'on commence à révéler, ses attributions de contrats en ignorant le Québec, la militarisation sans consultation, etc.
La vengeance de ce gouvernement pour un vote tiède, on l'entend de la voix de Christian Paradis, du coco de Lévis, et des quelques mercenaires qui continuent d'infester notre territoire. Déjà qu'il refuse de parler à Marois, qu'en serait-il d'un vote majoritaire de libération? Les Chrétien et cie nous l'ont envoyé à la face: "À la guerre, plus de loies" Modèle Trudeau! Et l'intégriste Harper se gênerait?
Cette position n'est pas terroriste, M. SS, elle est réaliste, comme le demande l'auteur de cet article. Au lieu de nous écraser, ça doit plutôt nous aguerrir, nous stimuler à foncer, pour ne pas mourir noyés au fond de notre trou comme lapins. Au fond, nous sommes d'accord, à un brin de lucidité près.
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Archives de Vigile Répondre
7 mars 2012M. Jean,
Ce n’est pas un reproche mais juste une remarque. J’ai l’impression que vous surestimé les capacités des anglo-saxons. N’oubliez pas que l’élite anglo-saxonne a beaucoup de difficultés à ÊTRE sans les étasuniens ou sans les généreuses subventions de l’État fédéral. Quand, par chance, ils réussissent de façon autonome dans quelques entreprises que se soit, ce n’est jamais bien long avant qu’ils ne fassent faillite. Pensons à Nortel ou à RIM par exemple. Ce n’est pas un reproche et je peux me tromper mais je lis entre vos lignes la présence de vos "maîtres" dans votre tête. Est-ce que je fais erreur ?
Pour ce qui est des indiens, s’ils tentent de jouer à cela, nous mettrons le fédéral devant un choix : leur droit de tuteur sur ceux-ci ou la faillite du Canada.
Marcel Haché Répondre
7 mars 2012Merci Louis Côté de remettre les pendules à l’heure.
Je n’arrive pas à croire qu’une nouvelle génération de québécois, et plus particulièrement une nouvelle génération d’indépendantistes, doivent supporter elles aussi ce que ma génération a dû supporter tout le long –avant et après—des années Trudeau. Je préfère de loin les menaces imbéciles de partition de Mme Francis à cette immondice moralisatrice : le multiculturalisme du Canada.
Quelle condescendance de merde cet énergumène d’Irvin Studin
Pour parler « autrement » : au lieu d’organiser des conférences, Irvin Studin pourrait simplement faire comme Alexis de Tocqueville, qui ne craignait pas d’aller sur place pour se faire une idée.
Le gars de Toronto au Québec donc, pour voir s’il est si vrai que la jeunesse québécoise vit repliée sur elle-même. Des p’tites nouvelles pour lui, le torontois !
J’ai bien écrit « au Québec », ce qui devrait suffire à lui éviter alors, élémentaire, de perdre son temps dans le West Island…qui n’a pas même voulu récemment participer à la fusion et à l’édification de Montréal. On se demande d’ailleurs bien pourquoi…
Archives de Vigile Répondre
7 mars 2012M. O OOOOOHHHHHH ! Vous évoquez l'armée, l'agression et la bestialité. M. O, comme dans Ombre, je cherche vos commentaires de fond. Si vous me lisez bien, j'évoque la démocratie et la souveraineté du peuple. À chacun ses peurs et son terrorisme. Les manœuvres fédéralistes seront mises en échec. Nous n’en feront qu’une bouché.
Serge Jean Répondre
7 mars 2012Bonjour.
C'est pour le moins, pas mal compliqué à la table des ''sages fédérés''. Finalement, c'est comme si nous n'avions pas le droit d'être ici.Ce qu'ils désirent,c'est en fin de compte, une relation sadomasochiste à perpétuité. Du moment qu'ils peuvent nous exploiter à tous les niveaux, et si c'est possible, idéalement on devrait exister et ne pas exister en même temps.
Méchante pirouette temporello-métaphysico-existentielle.Eh bien la pirouette, nous la vivons à tous les jours depuis plusieurs siècles avec eux, et il se pourrait bien que nos ancêtres soient venus ici pour se débarasser de cet esprit, comment dirais-je, cette sorte d'esprit névrosant très matérialiste et calculateur dont les anglos-saxons particulièrement semblent être les courriers sur ce monde.
Pourquoi ne pas déclarer les langues des premières nations du Québec comme langues officielles au même titre que le français? Ça pourrait être le début d'une solution à notre mal d'exister qui sait.
Il y a peut-être une solution justement pour nous du côté des premières nations.Qu'est-ce qui me fait croire ça? Je ne sais pas, une intuition.Il faudra bien jeter l'ancre un jour, et cesser d'attendre la permission de l'ennemi pour descendre à terre dans notre pays vandalisé.
Ce sont les fédés qui nous ont coupés de nos rapports avec les premières nations,en les enfermant dans les réserves, ne l'oublions pas.
Peut-être trouvaient-ils ce mélange culturel trop dangereux pour eux. Un comptable à piasses anglo-saxon ça voit tout des siècles d'avance.Réflexion.
Jean
Archives de Vigile Répondre
7 mars 2012Verre à moitié vide ou verre à moitie plein ? Je vous informe que nous devrons plutôt faire face aux retombées économiques que l’indépendance du Québec induira. Il faudra gérer la croissance, M. Côté ! Par ailleurs, je ne suis pas militant fédéraliste. Nous avons besoin de cerveau comme le vôtre. Veuillez communiquer avec moi si l’aventure vous intéresse.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
7 mars 2012M. Savoie,
C'est vrai, le Québec est prêt à affronter l'armée canadienne que nous sommes en train de nous payer.
Le (feu)manège militaire de Québec abritait de vaillants Voltigeurs qui doivent bien continuer de s'entraîner quelque part, sous les ordres du Général RM Sauvé, tout ce qu'il y a de plus géocompétent dans les tactiques de guérilla que nous devrons livrer dans les buissons des Plaines d'Abraham...
C'est vrai que nous sommes incapables de nous imaginer jusqu'où ils iront avant, pendant, après la libération de ce peuple qu'ils ont jadis laissé pour mort sur les rives du fleuve.
Archives de Vigile Répondre
7 mars 2012Le Québec bénéficiera d'un rapport de force le jour où il acceptera de faire face aux coûts et aux difficultés qui pourraient résulter de l'indépendance. Et, pour l'instant, ce n'est pas le cas. Loin de là. Mes écrits visent deux objectifs. D'abord, essayer d'amener les Québécois à cesser de se laisser manger la laine sur le dos, même à l'intérieur du Canada. Et, ensuite, voir à ce qu'il reste quelque chose ici si jamais le Québec se séparait. Parti comme c'est là, il ne restera pas grand chose. Mon effort est défensif. Je le répète, je ne suis pas un militant indépendantiste.
Louis Côté.
Archives de Vigile Répondre
7 mars 2012Merci, M. Côté, pour cette analyse très perspicace des joviales conclusions de ce groupe de sage. Nous avons notre propre groupe de sage au Québec et je suis certains que M. Jean-Martin Aussant ne fera qu’une bouché de ces conclusions. Si cet argumentaire sert de base à une éventuelle campagne de propagande fédéraliste, nous allons bien nous amuser. Harpeur, quant à lui à déclarer qu’il se contentera d’ignorer les demandes du PQ. L’objectif est de ne faire aucunes vagues susceptibles de réveiller la ferveur nationaliste endormie depuis 1995. Ils connaissent déjà la vieille tactique du PQ de jouer la victime et de se livrer à un quémandage dégradant, avilissant et honteux. Il nous annonce d'avance que cette attitude sera un échec.
En fait, je me tue à répéter que le Québec possède un rapport de force inouï sur la Canada parce qu’effectivement, M. Côté, le Canada n’est rien sans le Québec. Et oui, le Québec cessera d’être pauvre en s’affranchissant du carcan fédéraliste ! Il est certain que le Canada réagira fortement à une démarche comme celle que préconise O.N. Cependant, nous avons le rapport de force suffisant pour le mettre à sa place s’il osait aller trop loin dans l’ingérence de notre pays souverain, le Québec. Toutes actions illégales qui iraient à l’encontre de nos lois démocratiquement votées par notre assemblée législative sur notre territoire de la part de ce gouvernement étranger entraineront automatiquement des représailles économiques et politiques qui effectivement détruiront ce qui restera du Canada.
L’esprit de colonisé existe malheureusement encore au Québec. On le voit avec ces délégués québécois bien sélectionnés pour leur attitude de soumission et qui apparemment ne servaient que de potiches dans ce comité de sages pas très brillant. Les attitudes de ces nègres-blancs doivent à partir de maintenant être réprimées moralement par une dénonciation systématique. La peur doit changer de camps afin que la soumission de ces clercs aille envers le peuple du Québec d’abord et non pas envers une puissance hostile au Québec. Des élections sont imminentes. La guerre, c’est donc maintenant !