La fin du monothéisme

Laïcité — débat québécois


Quand le pape Benoît XVI va jusqu'à déclarer en Afrique que le port du préservatif est le meilleur moyen de propager le sida, alors que la maladie tue dans l'indifférence ou presque des millions de personnes chaque année dans ce continent. Quand des soldats juifs de Tsahal vont jusqu'à avouer dans un quotidien israélien avoir tué des civils palestiniens, hommes femmes et enfants, par «des tirs injustifiés» lors de la dernière offensive menée par Israël. Quand des musulmans s'en vont immoler leurs soeurs, leur mère ou leurs filles les accusant de n'avoir pas suffisamment respecté les préceptes de leur croyance. Alors que reste-t-il de leurs discours sur la fraternité, l'amour et le respect de la vie? À vrai dire, il ne subsiste qu'un goût amer.
Oui, il n'y a rien de plus beau qu'une prière solennelle, rien de plus émouvant qu'un jour de Pardon et rien de plus sincère qu'un pèlerinage, mais les actes auront toujours le dernier mot, car ce sont eux et eux seuls qui dévoilent les véritables enjeux.
En la figure du pape catholique, le christianisme a décidé de s'emprisonner dans un discours moraliste et pudibond au détriment de la vie humaine. Depuis le génocide nazi, le judaïsme vit dans une terreur constante où la peur de disparaître est devenue l'alibi à toutes les exactions militaires de l'État hébreu, au détriment de la vie humaine. Parce que la liberté d'expression ou la liberté sexuelle sont perçues tel un affront occidental aux moeurs islamiques, l'islam relègue les femmes dans les abysses de l'infériorité, au détriment de la vie humaine.
Paradoxalement, tous les monothéismes que sont les trois religions révélées célèbrent l'existence comme un don accordé à l'humanité. C'est un de leur point commun. Ce n'est pas le seul. Le mépris de l'autre les unit également. Pendant que l'homosexualité divise l'Église anglicane, que le sentiment d'être le peuple élu renforce l'idée qu'un colon juif est supérieur à un Arabe, quitte à nier ses droits les plus élémentaires et que le sacrifice d'un kamikaze est l'unique moyen de rejoindre les vierges au paradis musulman, les religions nous disent leur agonie face à un monde qu'elles ne comprennent plus.
Dès leur apparition, le judaïsme, le christianisme et l'islam ont été capables de proposer à leurs fidèles l'amour de leur prochain. Ces religions ont émancipé des peuples par la compassion; ont été les racines de superbes civilisations pour les malchanceux et créatrice de grandes figures humaines qui ont défendu sans relâche les déshérités du monde. Elles ont su accaparer le coeur de milliards d'âmes à travers l'histoire pas seulement parce qu'elles ont réussi à donner l'espérance d'une vie après la mort, mais surtout parce qu'elles étaient convaincues d'une présence éternelle.
Les monothéismes ne sont pas responsables de tous les malheurs du monde, mais depuis Galilée, Spinoza et Darwin, ils n'en sont plus les sauveurs. Les droits de l'homme ne sont plus portés par les figures religieuses, mais par un mouvement de sécularisation commencé par les Lumières et soutenu dorénavant pour la plupart par des incroyants.
Malgré les vaines tentatives de réduire au silence ceux et celles qui ont osé défier leur pouvoir en brandissant les étendards de l'égalité, l'entêtement de se croire supérieures est venu sonner le glas de religions moribondes. Puisqu'ils ont décidé de sacrifier l'idée qui leur est la plus chère, c'est-à-dire la célébration de la vie humaine, le judaïsme, le christianisme et l'islam ont sans le savoir perdu définitivement toute chance de reconquérir leur éternité.
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Ismaël Houdassine, Montréal


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