La martyre déchue

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L'image de Wilson-Raybould écorchée après la révélation des enregistrements secrets


Depuis le début de l’« affaire » SNC-Lavalin, les médias anglo-canadiens, les conservateurs et les néo-démocrates ont déifié l’ex-ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould et diabolisé le premier ministre Justin Trudeau. Ce récit manichéen était celui de Mme Wilson-Raybould. Au Canada anglais, il est devenu parole d’évangile.


Elle fut ainsi érigée au rang de martyre, se disant victime d’une grave ingérence politique de la part de M. Trudeau pour sauver la méchante firme québécoise SNC-Lavalin d’un procès criminel. Pour paraphraser Fanfreluche, Mme Wilson-Raybould vous a raconté un beau conte à sa manière. La gestion erratique de la crise par M. Trudeau lui facilitant aussi la tâche.


Manipulation


Or, il s’avère que l’ex-ministre n’est qu’une politicienne, dans le sens le moins noble du terme : manipulatrice. En la voyant rendre public un enregistrement qu’elle avait fait elle-même à l’insu de l’ex-greffier du Conseil privé, Michael Wernick, pour le piéger, certains de ses adorateurs ont dû en avoir le cœur brisé.


Fait sans le moindre scrupule, cet enregistrement est de la manipulation pure. On entend l’ex-ministre marteler « son » récit en expressions clés, dont la célèbre « pressions inappropriées ». Le portrait qui s’en dégage est aux antipodes du personnage moralement irréprochable qu’elle s’est savamment construit.


Adversaire intérieure


Pour les libéraux, comme je l’avance depuis des semaines, Jody Wilson-Raybould est devenue une redoutable adversaire intérieure dont le « récit » plombe son parti dans les sondages. Son comportement ne tient pas d’une simple dissidence, c’est une fronde. De toute évidence, l’ex-ministre veut la tête politique de Justin Trudeau. Non pas pour le remplacer — elle ne parle pas un mot de français —, mais pour gagner son combat personnel.


C’est pourquoi son expulsion du caucus libéral était la seule réponse possible à ce faux scandale concocté par l’ex-ministre Wilson-Raybould et qui, depuis 54 jours, monopolise le gouvernement. Quand on apprend cette semaine que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne planétaire, les vraies urgences ne manquent pourtant pas.