La pétition qui fait “péter les plombs”

Le Premier ministre a le droit de démissionner. Donc on peut le lui demander.

PLQ de JJC - Confiscation de l'État


Le leader parlementaire libéral, Pierre Moreau, avoue avoir “pété les plombs” lorsqu’il a constaté que les services de l’Assemblée nationale avaient eu l’outrecuidance de permettre à un citoyen de loger une pétition réclamant la démission du premier ministre Jean Charest.

Qu’un quart de million de Québécois aient signé la pétition ne doit pas être étranger aux dommages causés aux plombs du député. “Vous ne reverrez plus de pétition comme celle-là” a-t-il annoncé d’un ton régalien.
On suppose que le roi britannique Charles I, un jour de juin 1628, a également “pété les plombs” (quoique c’était avant l’introduction des boîtes à fusibles) , lorsque le parlement a osé lui faire parvenir une pétition, établissant ainsi un précédent qui aura bravé les siècles… jusqu’à la colère du leader Moreau.
Le pourfendeur de pétition soutient que seules doivent être acceptées les pétitions qui demandent “le redressement d’un grief qui relève de la compétence de l’État québécois”. Ce qui, selon sa lecture restrictive, ne peut inclure la demande de démission d’un membre du gouvernement.
Je ne vois pas pourquoi. L’État est dirigé par un gouvernement. Le gouvernement est dirigé par le Premier ministre. Le Premier ministre a le droit de démissionner. Donc on peut le lui demander. D’autant que la pétition indiquait que cette démission était la seule façon d’obtenir deux redressements de griefs, soit l’imposition d’un moratoire sur les gaz de schistes et la tenue d’une commission d’enquête sur ce que l’inconscient du premier ministre le pousse à appeler “l’industrie de la corruption”.
Pierre Moreau aura surtout réussi à remettre cette pétition dans l’actualité, remettant en lumière l’impopularité de son chef et de son parti et y ajoutant une tentative de contrôler une expression relativement bénigne du sentiment populaire. Pour l’instant, on ne reprochait pas au gouvernement Charest de museler l’opinion, comme c’est le cas pour le gouvernement Harper. Pierre Moreau semble souhaiter s’engager sur cette voie.

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Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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