La Presse, les retraites et l’hystérie

Sécurité de la vieillesse - rupture d'un pacte social


Après le bon, la brute et le truand, viennent La Presse, les retraites et l’hystérie. Admettez que ça ferait un bon sujet de documentaire.

Intérêts intéressés ?
La Presse et Le Soleil sont des filiales de Power Corp. Cette transnationale canadienne, en plus de recevoir au domaine de son propriétaire Paul Desmarais, notre premier ministre, le président de la Caisse de dépôt et leur charmante petite famille est, entre autres, très présente dans la santé et les pensions privées. Comment ? Par le biais de ses filiales : Great West Life, London Life, Canada Life, Groupe Investors et Groupe Mackenzie.

Bien évidemment, et comme il se doit, Power (et ses courageux chroniqueurs et éditorialistes) militent vigoureusement pour la privatisation des pensions de vieillesse et de la santé publique.

Non, non, je vous en prie, ne me prêtez pas, encore une fois, des intentions malveillantes. C’est pas moi qui le dit, c’est elle-même dans son propre journal, La Presse du 16 mai 1997 : «La Financière Power investira dans les services publics». Pour qu’elle puisse investir allègrement dans les services publics, il faut, par simple déduction, qu’ils soient de moins en moins publics. C’est là que La Presse et ses autres médias doivent intervenir afin debrainwasher le monde. Élémentaire mon cher Watson.

Déjà, en 1996, La Presse et ses mercenaires commençaient à farcir les cervelles en interviewant Maurice Marchon, un économiste universitaire des HEC et farouche partisan de l’État-néant, comme l’indique clairement le titre de cet article du 2 mai 1996 : «Les régimes publics de pensions devront être moins généreux». Et ce même si le pays connaissait alors une croissance économique époustouflante et que les compagnies réalisaient des profits records. Il faut ce qu’il faut pour le bien-être des actionnaires et des dirigeants !

Tiens, tiens, un autre article idéologique et intéressé dans La Presse du 30 janvier 1996 : «C.D. Howe (organisme de recherche patronal) préconise le remplacement des régimes de rentes d’État par des REER». Vous m’en direz tant… Comme par hasard, les REER et tous les autres abris fiscaux sont très très payants pour Power Corp. Par ici la bonne soupe !

Une poignée dans le dos
Une autre plogue publicitaire, présentée comme un article de fond, dans La Presse du 29 mai 2007 intitulé : «Retraite : préparez-vous à manquer d’argent». Dans cette infopublicité, il est écrit : «Les assureurs peuvent faire leur part pour aider les futurs retraités». Des assureurs privés qui veulent nous aider. Bientôt elles se présenteront comme des organismes de bienfaisance, quoi ? SVP., enlevez moi la poignée que j’ai dans le dos ! Et comme le Nouveau parti démocratique veut augmenter les pensions de vieillesse fédérales et les régimes de santé publique, ça ne fait pas du tout l’affaire de Power, comme l’illustre le titre suivant d’un énième article daté du 13 mai 2011 : «La Financière Power craint une éventuelle réforme du régime de retraite à la sauce NPD». En somme, Power veut nous aider en coupant les pensions de retraite publiques. Avec des amis comme ça, on a pas besoin d’ennemis.

Vous le savez, je suis de nature très réservée et modérée. Porté même à faire dans la dentelle. Mais ma patience infinie a ses limites ! Depuis que Stephen Harper veut varger dans les pensions de vieillesse publiques, en nous servant des mensonges gros comme le bras, Power, La Presse et cie mettent le paquet afin d’accélérer le processus de privatisation des retraites publiques en adoptant une politique de désinformation, d’intoxication et de démagogie idéologique honteuse pour un organisme de presse. Shame on you, comme disent les Anglais.

À soir, on fait peur au monde
Vous voulez des preuves ? Alors en voici. En l’espace d’un peu plus d’une semaine en février 2012, plusieurs titres d’articles parus dans La Presse auraient pu faire partie d’une série intitulée «À soir on fait peur au monde».

- «Régimes de pension des employés du fédéral. Un fardeau de 143 milliards». – Là vous devez réagir en sacrant après les fonctionnaires et en rageant que l’État n’a pas les moyens de payer ce moton. Faut donc privatiser à tout prix ! Tiens, pourquoi pas à Power ?

Ÿ«Le système des retraites a besoin de souplesse» – Souplesse rime avec quoi selon vous ? C’est la question que je vous pose.

- «Les PME en faveur d’un régime de retraite obligatoire» – Contribution obligatoire des employés et volontaire pour l’employeur s’entend, et surtout régime administré par des assureurs privés comme Power dont les frais de gestion seront uniquement défrayés par les travailleurs. Vraiment, le klondike… pour qui au juste ?

- «Caisse de retraite des parlementaires. 1 milliard de déficit» – Un parlement privé coûterait moins cher… peut-être ?

C’est comme ça (et c’est honteux) que La Presse sème un climat d’hystérie et de panique chez la population afin que Power parvienne à satisfaire ses propres intérêts en fomentant la privatisation de nos services publics en général et des pensions de vieillisse en particulier.

Le vieillissement de la population a le dos large
Le directeur fédéral du budget, Kevin Page, a contredit ces épouvantails à moineaux. La semaine dernière, il a affirmé qu’il est absolument faux de prétendre que le gouvernement fédéral n’aura pas les moyens dans le futur d’honorer le coût des pensions de vieillesse publiques, même en présence du vieillissement de la population (9 février 2012). Le vieillissement de la population a le dos très large quand vient le temps de faire peur au monde. Il constitue même le prétexte préféré de la grosse droite qui clame haut et fort qu’il y a péril en la demeure et qu’il faut couper encore et encore dans tous les services publics. Mieux encore, il faut tout privatiser au «bienveillant» marché.

En passant, Statistique Canada a affirmé que les compagnies canadiennes n’ont jamais été aussi riches qu’au cours des quarante dernières années. C’est d’ailleurs parce que Statistique Canada nous informe objectivement que les conservateurs veulent faire disparaître cet organisme de recherche public au profit de leurs instituts de recherche affranchis comme le Fraser Institute, C.D. Howe, Cirano et l’Institut économique de Montréal.

Le gros cash
Les compagnies sont très riches, mais le cash est versé en dividendes à leurs actionnaires et sert a racheter des milliards et des milliards de leurs propres actions sur le marché. Et après le patronat vient nous seriner que les entreprises n’ont pas une cenne pour défrayer un plan de retraite aux employés ? Poser la question c’est y répondre. Comme s’interroger de l’intérêt de Power Corp. et de La Presse dans la santé et les plans de retraite ; selon vous, préférent-elles qu’ils soient publics ou privés, et au bénéfice de qui ? C’est Power qui s’excite le plus dans tout ça en créant de toute pièce une hystérie collective.







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