Luc Plamondon a raison. Le français dégringole au Québec. Et pas rien qu’un peu. [Le recul est plus général que ne le laisse entendre la solution mise de l’avant par M. Pierre Curzi.->22205]
Dès leur première diffusion, les résultats du recensement de 2006 ont suscité de l’émotion. Partout le poids de la majorité de langue maternelle française passait sous des seuils psychologiques.
Il glissait en dessous de 80 % de la population du Québec, sous les deux tiers dans la région métropolitaine de Montréal et sous le seuil de 50 % dans l’île.
Depuis, comme après chaque recensement, Statistique Canada a estimé le nombre ainsi que la langue maternelle des personnes qui n’ont pas été recensées. Lorsqu’on ajoute ces informations aux données initiales, la dégringolade du français, langue maternelle, entre 2001 et 2006 est encore plus alarmante.
On pourrait espérer que les choses aillent mieux du point de vue de la langue d’usage parlée à la maison puisque, comme l’anglais, le français profite maintenant de l’assimilation linguistique. Mais les données ajustées en fonction des personnes non énumérées confirment le recul du français sur ce plan aussi (voir notre tableau).
Partout la population de langue d’usage anglaise augmente beaucoup plus rapidement que celle de langue française. Si bien qu’entre 2001 et 2006, le poids de la population de langue d’usage anglaise a progressé de 0,3 point de pourcentage au Québec, de 0,4 dans la région de Montréal et de 0,5 dans l’île alors que le poids de la majorité de langue d’usage française y a reculé respectivement de 1,3, de 1,9 et de 2,3 points.
L’attentisme de nos leaders politiques en matière de politique linguistique conduit ainsi à l’anglicisation non seulement de l’île de Montréal mais encore de l’ensemble de la région métropolitaine, voire du Québec dans son entier.
Certes, devant le flot de nouveaux arrivants allophones, la baisse du poids des francophones est inévitable. Le problème n’est pas là. Le problème, c’est que le statut actuel du français ne lui vaut pas un pouvoir d’assimilation comparable à celui de l’anglais. La déconfiture du français au bénéfice de l’anglais partout au Québec le démontre on ne peut plus clairement.
Si l’on soustrait les données pour l’île de celles pour l’ensemble de la région métropolitaine, on constate notamment dans la couronne de Montréal (« le 450 ») une croissance de 4,7 % pour sa population de langue d’usage française entre 2001 et 2006, contre une croissance de 16,4 % pour celle de langue anglaise.
Ce qui se traduit dans la couronne par un recul de 2,3 points du poids du français, langue d’usage, contre une hausse de 0,7 pour celui de l’anglais.
Tout comme dans l’île, il n’y a rien là pour aider le français à attirer, demain, sa quote-part d’allophones. Tout comme dans l’île, ce qui inquiète, ce n’est pas que le poids du français dans la couronne passe sous un quelconque seuil mais que l’anglais gagne en même temps – comme partout ailleurs – en importance.
Rappeler dans l’île les francophones des banlieues, comme le propose M. Curzi, paraît donc aussi peu avisé que d’appeler les francophones du reste du Québec à migrer dans la région métropolitaine, pour venir au secours du français qui est aussi défaillant dans la couronne que dans l’île.
Le problème de fond n’est pas migratoire. Il réside dans le statut social et économique trop faible du français.
Heureusement que M. Curzi laisse également entendre qu’il envisage favorablement de « légiférer sur la langue d’affichage, sur la langue d’enseignement au collégial, sur la langue de travail, sur la langue de l’administration publique et sur l’immigration ». Il est plus que temps d’agir de nouveau sur ces plans de manière à hausser fermement le statut du français partout sur le territoire québécois.
Invitation
D’autres données pertinentes seront rendues publiques lors de l’assemblée L’avenir du Québec passe par les études supérieures en français du 19 octobre à la Maison Théâtre (pour les détails, cliquez ici)
La solution Curzi : un coup d’épée dans l’eau
Le problème de fond n’est pas migratoire. Il réside dans le statut social et économique trop faible du français.
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