Le 1er octobre 2018

CHUM


Le 1er octobre 2018, la première ministre du Québec, Pauline Marois, reçoit dans ses bureaux son ministre des Finances, François Legault.
P.M.: Écoute François, on est vraiment dans le trouble! 2018, ça te dit quelque chose? C'est l'année où je suis supposée "livrer" le CHUM! Mon problème, c'est que je viens tout juste de recevoir les plans de Roger Taillibert junior, l'architecte en chef. Je te jure! Si j'avais su que je serais encore prise avec cette maudite patate chaude, j'en aurais jamais fait l'annonce en 2000 avec mon cher Lucien. Surtout qu'on venait tout juste d'envoyer prématurément à la retraite une méchante gang de médecins et d'infirmières! Non, mais. On était tombés sur la tête, ou quoi?
F.L.: Non, non, Pauline. Nos intentions étaient nobles. Il fallait le déficit zéro. À tout prix. Et c'est pas parce qu'on manquait de médecins qu'il fallait pas placer ceux qui restaient dans de beaux méga-hôpitaux tout neufs. Un pour les francos et un pour les anglos, en plus! C'est pas comme si on avait pu rénover nos hôpitaux à la place. Trop compliqué et trop de vieux rideaux encrassés de bactéries! Regarde les universités. C'est pareil! C'est pas parce qu'on n'embauche presque plus de profs qu'on ne peut pas se payer un îlot Voyageur vide, ou plein de béton neuf tout partout! Voyons Pauline! Faut penser à toutes ces pauvres firmes de contracteurs et d'ingénieurs qui auraient fait faillite sans tous ces gros contrats gouvernementaux.
P.M.: Ouais. T'as raison, François. Mais quand même. Je fais quoi? Parce que moi, je vais avoir 70 ans l'année prochaine! Et que la première fois que le PQ a parlé du CHUM en 1995, j'en avais 46! Je te rappellerai aussi qu'on retourne bientôt en élections et que le chef du PLQ, Pierre Paradis, n'arrête pas de me gosser. À chaque période de questions, il répète la même cassette: "le CUSM anglophone, LUI, est terminé depuis trois ans et le Royal Victoria a été acheté par le PDG de la Banque TD, Michael Sabia, pour en faire des condos de luxe à flanc de montagne"! Et je te parle pas du malin plaisir qu'il prend à me rappeler l'ouverture prochaine du Complexe international Philippe-Couillard, un méga-hôpital privé/hôtel de luxe géré par Persistence Capital Partners, et dont le slogan est "Mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade"! En tout cas, François, je te jure que le clan Couillard, il porte bien son nom: il est "persistant", a plein de "partenaires" et déborde de "capitaux"! Même le nouveau président de Power Corp., Henri-Paul Rousseau, n'arrête pas d'en parler dans son empire de journaux Internet. Une chance que Le Journal de Montréal est encore en lock-out. Ça fait toujours ça de pris...
F.L.: J'ai trouvé, Pauline! On fait un référendum et on dit que seule la souveraineté peut nous permettre de terminer le CHUM! D'autant plus que Jean Charest, le même qui nous a collé ce deadline de fous pour 2018, est rendu premier ministre au fédéral! Et c'est lui qui avait promis un PPP - un Partenariat Privant le Public - mais qui a quand même fini par refiler la facture finale aux contribuables, vu que les gros consortiums n'ont jamais réussi à emprunter les fonds nécessaires. Tu te souviens? Il avait appelé ça son "Plan B"? Sans compter qu'en 2009, le CHUM et le CUSM devaient coûter 5 milliards en dollars d'aujourd'hui, mais qu'on est rendu à 8 milliards! Je te dis qu'aux Finances, on pense à ouvrir un Casino dans le Vieux-Longueuil juste pour couvrir ça.
P.M.: Un "référendum"? La "souveraineté"? Attends. Ça me dit quelque chose... Mais bon, cherche encore.
F.L.: O.K. Je l'ai! On forme une coalition avec le chef de l'ADQ, Stéphane Gendron, et on demande un mandat à la population pour créer un CHUM "autonome"!
P.M.: Voyons donc! Gendron? Es-tu malade? C'est un des actionnaires principaux du Complexe Philippe-Couillard! Tant qu'à y être, pourquoi pas appeler aussi les deux coprésidents de l'Institut économique de Montréal, Monique Jérôme-Forget et Joseph Facal?
F.L.: Ben là d'abord, je suis à court d'idées. Et franchement, Pauline, je comprends plus rien. La semaine dernière, le G32 était pourtant clair: le privé ne doit PLUS faire de la business avec la santé du monde! Mais pour y arriver, il faut que les gouvernements s'assurent de fournir les meilleurs soins de santé possible. Pauline, penses-tu que dans les années 90, on aurait peut-être pas dû sabrer autant dans le système? Ce qui a fait croire que le privé pouvait faire mieux. Ou que le CHUM devait être le locataire d'un consortium dans un PPP.
P.M.: Laisse-moi tranquille avec ça! Comme disait ma grand-mère, le passé, c'est le passé. Alors, je répète ma question: on fait quoi MAINTENANT?
F.L.: Une suggestion: on appelle le CUSM et on leur demande comment ils ont fait pour livrer le leur avec l'argent des mêmes contribuables? Ensuite, on modifiera nos lois pour stopper le privé en santé. Si on l'a encouragé en affaiblissant le système, et que Couillard a légiféré pour lui ouvrir la porte, on doit bien pouvoir agir pour corriger ça. S'agit de dire "non" à la médecine à 28 vitesses, telle que nous, la classe politique, on lui a permis de se développer. CHUM pas CHUM. Il est là, le vrai problème en "santé publique". Si tu me passes l'expression...


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