Le Canada s'enlise au Québec

L'inégalité sociale pour justifier l'unité nationale

Tribune libre 2010



Faire jouer la clause nonobstant sur la question linguistique, ce
serait d'admettre que le Québec n'a pas sa place dans les institutions du
Canada. En dépit de la reconnaissance de la nation québécoise, de la
volonté fédérale de respecter les pouvoirs des provinces déjà bien mise à
mal par le projet d'une commission unique des valeurs mobilières des
conservateurs et du silence complice des libéraux de Ignatief, voilà
qu'une décision de la Cour Suprême du Canada obligerait le gouvernement du
Québec à invoquer cette clause qui a pour but de soustraire à l'application
de la Charte canadienne des droits et libertés un programme éducatif jugé
au Québec fondamental.
Et pour cause ! Il n'est guère possible de promouvoir une nation si le
projet éducatif n'inscrit pas un parcours naturel obligatoire dans la
culture nationale pour tous ses enfants. L‘inscription à l'école est
obligatoire dans tous les pays. L'école privée doit démontrer sa valeur
pédagogique pour qu'elle s'inscrive dans le projet éducatif national.
L'école anglaise est une école d'exception au Québec octroyée sur le droit
acquis des anglophones de se socialiser dans leur langue, en marge de la
culture nationale.
Le jugement de la Cour Suprême soutient qu'il y a une valeur de liberté
individuelle qui prime sur le processus de socialisation du Québec que l'on
juge toujours légitime et universel..Ce jugement de la Cour Suprême dicte
que la volonté nationale du peuple québécois de survivre et se développer
peut être mis en échec par la volonté individuelle de s'en soustraire.
En respectant ce jugement, le gouvernement du Québec tente de sauver la
fédération canadienne prise dans une flagrante contradiction. Quitte à
faire mine accepter que l'argent et des affinités culturelles particulières
constituent des critères nobles pour justifier un traitement singulier dans
l'application de la loi québécoise sur l'éducation. Rien de bon ne sortira
de ce nouveau fouilli fédéraliste canadien. Certainement pas l'unité
nationale tant souhaitée par les Canadiens et la Cour Suprême.
D'aucuns seront tentés de croire que la position adoptée par le
gouvernement est la seule position raisonnable puisque le Parti Québécois a
déjà rejeté en 2002 l'idée d'imposer la Charte de la langue française aux
écoles privées au nom de la liberté des parents de choisir le type
d'enseignement à leurs enfants. C'était une décision qui ne pouvait pas
présumer que la Cour Suprême rendrait un aussi mauvais jugement. Qui aurait
pu anticiper que la Cour privilégierait ainsi l'inégalité des citoyens du
Canada dans un domaine aussi essentiel pour tenter de consolider l'unité
nationale. ?

Gilles Laterrière


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