Du siège social d’une banque à une autre, d’un continent à un autre, d’un paradis fiscal au bureau de direction des administrations chargées de veiller sur le bien du public, on se moque totalement de ce dernier. On l’escroque sans vergogne. Retour sur le chapelet de scandales mis au jour ces jours-ci.
L'inventaire des coups tordus effectués aux quatre coins de la planète financière est si imposant par le nombre qu’il est propre à aiguiser la fibre de la colère dans tous les sens et contresens. À New York et à Londres évidemment, mais aussi à Rome, au Vatican pour être précis, au Luxembourg, à Tokyo comme à Téhéran ou dans le sud de la Floride, tous les mauvais génies de la « finance mondialisée » se sont appliqués avec une méticulosité qui en dit très long sur leur soif illimitée pour le gain particulier à berner LE monde. L’envie qui les habite de posséder ce gain dans les délais les plus brefs et dans les proportions les plus élevées qui soient s’avère au fond la contravention du bien commun.
Tenez-vous bien, c’est vraiment le cas de le dire, la direction de la Banque du Vatican a été décapitée parce qu’elle a couvert les malversations financières effectuées par des religieux malgré la douzaine d’avertissements lancés par la Banque d’Italie. Les fournisseurs de cartes de crédit Visa et MasterCard ainsi que les grandes banques américaines qui leur sont liées ont payé des milliards en amendes pour avoir augmenté indûment les frais afférents aux transactions. Une étude publiée lundi aux États-Unis révèle que les banques « fournissent » des informations confidentielles aux fonds spéculatifs et à leurs meilleurs clients. JPMorgan vient d’annoncer une perte de loin supérieure à celle envisagée initialement parce qu’un de ses courtiers a jonglé avec des masses de produits dérivés « pourris ». Pardon ! Quatre ans après les subprimes et sa cohorte de véhicules financiers « exotiques », JPMorgan nous apprend que l’on jongle encore avec des obligations qui sentent le soufre ? Pfff… Passons au Libor d’abord, et à la Banque HSBC ensuite.
Dans une opinion publiée par le journal Le Monde, l’économiste et anthropologue belge Paul Jorion rappelle et souligne que les détournements de ce taux interbancaire furent rendus publics en… 2008 ! Mais voilà, simultanément, les Britanniques apprenaient que 4000 de leurs concitoyens, vedettes et politiciens, étaient espionnés par les sbires de l’empire médiatique Murdoch. Bref, cet espionnage fit tant d’ombre à l’histoire du Libor que celle-ci fût oubliée. Conséquence de cette indifférence ? Ceux et celles qui concoctaient des tours de lapin avec le Libor se sentirent suffisamment à l’aise pour continuer leur travail de sape.
Au fond, et sans cynisme aucun, on peut comprendre ces derniers sans avaliser évidemment le travail de pollution qui fut le leur. Car si en 2008 la manipulation du Libor fut publique, cela signifie, comme n’aurait pas manqué de le clamer La Palice, que les autorités dites concernées - concernées… quel qualificatif ! -, étaient naturellement au parfum. Autrement dit, comme rien n’a été fait pour mettre un terme à cette magouille qui touche 500 000 milliards (!) d’actifs financiers, les courtiers et leurs patrons en sont probablement arrivés à la conclusion que l’imputabilité avait été rayée du jargon des fonctionnaires, les grands comme les petits. Et maintenant la HSBC.
Ainsi donc, on vient d’apprendre que pendant dix ans, cet établissement financier qui avait jusqu’ici la réputation d’être propre-propre a blanchi des milliards au bénéfice du cartel mexicain de la drogue, qu’il a pactisé avec l’Iran, Cuba, la Corée du Nord, ainsi qu’avec les riches familles saoudiennes sympathiques à al-Qaïda pour mieux leur ouvrir des lignes de crédit. Autrement dit, la HSBC, qui fait partie des banques qui fixent la hauteur du Libor, des banques qui à l’instar des Goldman Sachs ont fait commerce avant l’automne 2008 de ces outils monétaires à l’origine de la noirceur économique dans laquelle nous sommes plongés, la HSBC, donc, est allée beaucoup plus loin.
S’il en a été ainsi, on ne le répétera jamais assez, c’est tout simplement, tout bêtement parce que l’amoralité a été transformée en un culte.
Scandales bancaires
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