Basse tactique partisane des libéraux, ou débat essentiel sur les valeurs fondamentales du Parti conservateur ? Telle une bonne dose d’eau de javel, le débat sur l’avortement a frappé au cœur de la vulnérabilité d’Andrew Scheer.
Non seulement a-t-il a perdu des appuis au Québec, il a surtout raté une occasion en or de faire preuve de leadership et ainsi dissiper les doutes d’une partie de l’électorat.
Je ne suis pas de ceux qui croient qu’un gouvernement conservateur rouvrirait le dossier de l’avortement, encore moins que ses députés pro-vie auraient les appuis nécessaires pour le faire.
Le chef conservateur a beau avoir convoqué la presse pour clarifier ses intentions, il respirait le malaise.
Non à une initiative du gouvernement, mais oui à un débat soulevé par les députés d’arrière-ban. Ça se défend, mais ce n’est pas simple, surtout pas pour un chef qui a gagné la chefferie de son parti grâce aux appuis de la droite religieuse pro-vie.
Andrew Scheer a manqué son rendez-vous avec l’authenticité
Et c’est bien la raison pour laquelle le débat est pertinent. Quels seront le poids politique et l’influence de cette frange du Parti conservateur au sein d’un éventuel gouvernement ?
Si Andrew Scheer avait eu l’audace de la candeur, s’il avait expliqué clairement sa position personnelle sur l’avortement et pourquoi il se sent capable de bloquer la réouverture du débat tout en laissant carte blanche à ses députés, les électeurs auraient eu une chance de suivre son raisonnement. Ils auraient pu jauger l’homme qui se cache derrière le sourire du politicien. Ils auraient pu découvrir un chef qui a le courage de ses convictions, plutôt qu’un politicien qui tente d’épargner la chèvre et le chou.
En politique, le pari de l’authenticité est un signe de leadership. Face à un électorat cynique, Andrew Scheer a manqué son rendez-vous.