Le mea-culpa du maire

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Sua maxima culpa





Gilles Vaillancourt, l’ex-maire omnipotent de Laval, aujourd’hui emprisonné dans l’attente­­ de sa sentence, est arrivé jeudi au palais de justice de Laval, qu’il avait inauguré avec pompe et fierté en 1992, en serrant des mains. Celles des badauds, mais aussi celles des enquêteurs de l’UPAC, qui l’ont arrêté en 2013, et des procureurs de la Couronne, ses accusateurs.


Ce comportement théâtral en dit long sur ce personnage qui a mis en place à Laval un système de collusion et de corruption d’une efficacité exceptionnelle. Nombre de Québécois expriment donc depuis deux jours leur déception quant aux six années d’emprisonnement seulement (deux en réalité) qui résulteraient de l’entente entre les parties. Ce qui explique l’aveu de culpa­bilité du maire. Un aveu dont on sent qu’il est plutôt le résultat d’une stratégie personnelle de Gilles Vaillancourt. Au grand déplaisir – pour ne pas dire à la colère – de tous les honnêtes gens du Québec qui souhaiteraient le voir finir ses jours en prison et, surtout, qui s’imaginaient sans doute que l’homme serait humilié, repentant et honteux de ses gestes.


Responsabilité criminelle


Or il a fallu que le juge suspende l’audience jeudi, car Gilles Vaillancourt, après avoir prononcé trois fois le mot «coupable», a refusé d’admettre sa responsabilité crimi­nelle conformément à une négociation préalable qui avait duré un an. Après consultation avec son avocat, l’ex-maire a déclaré: «Oui, je comprends et je la reconnais.»


Gilles Vaillancourt a dirigé Laval 23 ans sans s’embarrasser de codes d’éthique ou de morale. Son charisme, sa séduction, son autoritarisme, son entregent et l’usage pervers de son pouvoir expliquent pourquoi des dizaines de collaborateurs ont fermé les yeux, d’autant qu’ils bénéficiaient­­ du système. Cette garde rapprochée agissait pour les intérêts de Laval confondus avec ceux du maire­­ et ses propres intérêts.


Gilles Vaillancourt ne viendra jamais­­ pleurer devant ses concitoyens, qu’il a exploités en ponctionnant des millions de dollars pour lui et ses amis véreux, tous des voyous en cravate ou en robe Ralph Lauren qui buvaient de grands crus à la santé des Lavallois.


L’enveloppe brune


Le seul regret authentique du maire de Laval doit être d’avoir été démasqué et dénoncé par des «minables» à ses yeux, comme Serge Ménard, ancien député péquiste et ministre de la Justice, qui a refusé l’enveloppe brune contenant 10 000 $ que le maire lui a offerte comme autant de miettes tombant de la table des riches. Il faut en conclure que Gilles Vaillancourt croyait que tout le monde était achetable. C’était compter sans Serge Ménard, l’incorruptible.


Car sous des dehors affables, l’homme­­, du haut de son immoralité, méprise les honnêtes gens. Les grands manipulateurs comme lui ne s’excusent pas, ne reconnaissent pas leurs fautes. La honte, ce sentiment lié à la notion de bien ou de mal, leur est étrangère. Les manipulateurs sont de fins psychologues, capables de cerner­­ au plus près la faiblesse des gens, qu’ils exploitent grâce à l’argent et en leur donnant l’illusion qu’ils partagent­­ une partie de leur pouvoir avec eux.


Sans doute qu’une fois en prison, Gilles Vaillancourt va continuer à serrer­­ des mains, fera profiter les prisonniers de ses conseils paternalistes et les impressionnera par son aura. Car le parrain de Laval ne saurait se frapper la poitrine en récitant à haute voix: «mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa».




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