Le minaret suisse - Le dédain

Accommodements ou Intégrisme - ailleurs dans le monde



Dans une proportion étonnamment forte, les Suisses ont exprimé le dédain ou la peur qu'ils nourrissent à l'endroit de l'islam. En effet, près de 60 % d'entre eux ont signifié par référendum leur volonté qu'un amendement soit imprimé dans la Constitution afin d'interdire la construction de minarets. De ce côté-ci de l'Atlantique, on pourrait être enclin à croire que ce symbole de la religion musulmane ayant été le sujet d'un scrutin il est visible dans tous les coins et recoins de la Suisse champêtre. Autrement dit, que le pays compte des dizaines et des dizaines de minarets. Ce n'est pas le cas. Au royaume du secret bancaire, il y a quatre minarets seulement.
Premier fait à souligner, les Suisses ont contredit la ribambelle de sondages tenus sur le sujet. En clair, ils ont mis en relief ce quelque chose de rampant, de sourd, qui agite actuellement l'identité dite nationale et qui se nomme: racisme. Comme hier à l'égard des Italiens, ils manifestent leur souhait de voir le musulman cantonné dans les bas-côtés de la société. En clair, on veut qu'il soit condamné à faire les travaux que les nationaux ne veulent plus faire depuis des lunes. À noter que la vaste majorité des 400 000 musulmans qui vivent entre Berne et Genève viennent d'Europe, de l'Europe balkanique.
Deuxième fait à relever, les descendants de Guillaume Tell ont pris à contrepied les principales formations politiques qui avaient combattu l'interdiction du minaret pour le plaisir immense, évidemment, de la droite populiste et nationaliste à l'origine de ce référendum. Cette dernière a profité du paravent avancé au début du combat, soit le minaret, pour transformer, pour élargir le débat au Coran, à l'islam, etc. Or, contrairement à ce qui a pu être constaté, de manière très épisodique, dans d'autres endroits de la vieille Europe jamais on n'a pu prouver que la charia était imposée dans tel immeuble de Lausanne ou de Zurich.
On s'en doute, cette victoire de la droite nationaliste a fait le bonheur des autres. Du Front national en France au Parti pour la liberté aux Pays-Bas, en passant par la Ligue du Nord en Italie ou le Vlaams Belang en Belgique, tous les nostalgiques de la peste brune réclament à cor et à cri la tenue d'un référendum sur la question quand ils ne suggèrent pas des prises de position plus draconiennes. Chose certaine, depuis les bons scores obtenus lors des dernières élections européennes, on observe que l'extrême droite est décomplexée. Elle monte en force.
Aujourd'hui, c'est le minaret, comme hier on interdisait que la hauteur de la synagogue dépasse celle de l'église et du temple. Quelle sera la prochaine mesure? Transformer des citoyens en citoyens de seconde zone parce qu'ils ne sont pas de la même religion que celle de la majorité. Des gens qui se sont exilés en Suisse parce que les banques suisses financent la gabegie du monde. Que la nation de Calvin ait oublié ce principe très calviniste dictant que l'on ne doit pas faire aux autres ce que l'on ne veut pas que les autres nous fassent est sidérant.


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