GÉNÉRAL DE GAULLE

Le Québec libre

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Faire l'histoire plutôt que la subir



Il y a 50 ans jour pour jour résonnait du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal le « Vive le Québec libre » du général de Gaulle, le point d’orgue de ses discours prononcés ce jour-là tout au long du chemin du Roy. Un demi-siècle plus tard, qu’en est-il de cet appel à la libération ?





C'est dans l’effervescence sociale et politique de la Révolution tranquille que Charles de Gaulle débarque du Colbert en 1967 pour fouler le sol québécois. Pierre Vallières écrit en prison Nègres blancs d’Amérique. L’économie du Québec est dominée par des intérêts canadiens-anglais, britanniques et américains. Les Québécois sont sous-éduqués et l’anglais règne dans l’affichage commercial à Montréal.


 

De Gaulle préfère saluer « le grand essor » que connaît le Québec. Il croit qu’on assiste ici « à l’avènement d’un peuple qui, dans tous les domaines, veut disposer de lui-même et prendre en main ses destinées ». Les Québécois ont l’ambition de se saisir « de tous les moyens d’affranchissement et de développement que l’époque moderne offre à un peuple fort et entreprenant ». Bref, c’est avant tout un message de modernité, une modernité qui ne serait pas seulement anglo-américaine.


 

Sur le plan politique, l’époque est à la remise en question de l’ordre canadien. Tous les partis politiques majeurs au Québec prônent, sinon l’indépendance, du moins des changements constitutionnels majeurs. Le Front de libération du Québec avait posé ses premières bombes et Pierre Bourgault, du Rassemblement pour l’indépendance nationale, harangue ses militants. Dans l’opposition, le chef libéral Jean Lesage réclame un statut particulier pour l’« État » du Québec.


 

Le premier ministre Daniel Johnson avait publié en 1965, en tant que chef de l’opposition, Égalité ou indépendance, un livre dans lequel il note, non sans justesse, qu’au Canada, deux nations sont en marche. Il souligne « la formation progressive d’une véritable nation anglo-canadienne » ; les provinces anglaises, au-delà de leurs particularismes, « tendent de toutes leurs forces de faire d’Ottawa leur gouvernement national ».


 

Daniel Johnson ne voyait pas pourquoi on s’opposerait à ce mouvement naturel. Il poursuit : « Par contre, il n’est pas moins clair que les Canadiens français veulent faire du Québec leur État national. Et encore là, je ne vois pas pourquoi on voudrait les en empêcher. »


 

On a, au contraire, tout fait pour les en empêcher. Daniel Johnson a d’ailleurs déchanté en 1968 quand Ottawa, représenté par son ministre de la Justice, Pierre Elliott Trudeau, refusa d’accorder au Québec un statut particulier. Un des nombreux refus que le Québec a essuyés.


 

Pour De Gaulle, la libération du Québec, l’accession à la souveraineté, ou du moins la conclusion d’un pacte consenti librement entre le Québec et le Canada, est « une affaire dont l’avenir est inscrit d’avance », a-t-il dit à son conseil des ministres à son retour en France, comme le rapporte André Duchesne, dans son ouvrage La traversée du Colbert. Manifestement, la prophétie du général ne s’est pas réalisée.


 

On doit toutefois reconnaître que le Québec a depuis fait des progrès économiques considérables, ce qui est une forme d’affranchissement, même si c’est au prix du transfert de Montréal à Toronto du centre financier du pays. En vertu d’ententes administratives, le Québec a aussi obtenu des pouvoirs en matière d’immigration et de formation de la main-d’oeuvre.


 
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