Réplique à Pierre Dubuc et Marc Laviolette

Les appels à une grève sociale à travers tout le Québec - une très mauvaise approche

Pacte électoral - gauche et souverainiste

Par André Parizeau (*)
Le texte signé par Pierre Dubuc et Marc Laviolette, intitulé "Évitons le piège à ours de Charest", et mis en ligne sur Internet, plus tôt cette semaine, a le mérite de réaffirmer ce que bien d'autres militants et militantes, impliqués dans l'actuel mouvement de contestation, mais ne venant pas forcément, et pour autant, des mêmes affiliations politiques, disent déjà depuis un certain temps.
De plus en plus de gens descendent dans la rue pour dire NON aux politiques de Jean Charest et de son gouvernement, et OUI à un autre Québec qui serait avant tout basé sur des valeurs de solidarité, d'entraide, et de justice sociale, et qui mettrait de l'avant les intérêts de la majorité bien avant ceux des plus riches et qui ne forment qu'une très petite minorité dans notre société.
C'est un mouvement sans précédent, par rapport au 20 ou 30 dernières années. C'est un mouvement qui se démarque en même temps de par sa relative cohésion ainsi que par sa très grande maturité, surtout quand on pense à tous les efforts fait par le gouvernement Charest pour essayer justement de le diviser et de l'étouffer. Ceux et celles qui ont parti ce mouvement, et qui n'avaient au départ que très peu d'expérience, de par leur âge, continuent à démontrer, à tous les jours, à quel point les préjugés sur la jeunesse québécoise ne tenaient pas la route.
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Là où le bât blesse pas mal plus, par rapport à tout ce qui se passe par les temps qui courent, c'est quand on se met à regarder avec quelles difficultés les trois partis politiques, que sont le PQ, Québec solidaire, Option Nationale, semblent toujours avoir autant de misère à s'asseoir pour dégager ensemble une stratégie commune pour qu'on puisse effectivement se débarrasser de ce gouvernement et commencer à entrevoir et à bâtir un Québec de demain qui reflètent mieux les valeurs du plus grand nombre.
Pierre Dubuc et Marc Laviolette ont parfaitement raison de rappeler l'importance qu'il y a à ce que se mouvement trouve éventuellement un débouché sur la scène politique, c'est à dire à l'intérieur de l'Assemblée nationale, à Québec.
On aura beau, en effet, multiplier les mobilisations de rue -- et loin de nous l'idée de dire qu'il faudrait arrêter de le faire, bien au contraire -- et manifester à tous les soirs, mais tant que les libéraux et la CAQ auront une majorité de sièges à Québec, alors ils pourront continuer à ignorer les revendications de la rue et la crise perdurera ...
Le SPQ Libre a tout autant raison de déplorer le manque de coordination entre le PQ, Québec solidaire, et Option Nationale. À leur crédit, il faut souligner le fait qu'ils se sont plus d'une fois mobilisés ensemble, autour de points de presse commun, entre autres choses, chaque fois qu'il s'agissait de réaffirmer leur appui aux étudiants. Ils l'ont fait, même si, sur le dossier des frais de scolarité, ils n'avaient pas tous exactement la même position. Tous étaient au moins opposés à la position du gouvernement dans ce dossier et tous se disaient aussi en appui aux étudiants et portaient tous le carré rouge. Force est en même temps de reconnaître que sur un plan plus électoral, et en lien avec les prochaines, alors il y a pas grand chose qui semble se passer...
L'automne dernier, un certain momentum avait commencé à se développer en faveur d'une éventuelle alliance entre ces trois partis. Jean-Francois Lisée avait essayé d'agir en tant que facilitateur à cet égard. Mais cela n'avait pas marché. Et puis, les sondages avaient fini par indiquer une nette remontée du PQ, ainsi qu'un certain affaiblissement de la part des deux autres partis, ce que certains, au sein du PQ, ou proche de ce parti, avaient alors interprêté comme montrant qu'une telle alliance n'était peut-être plus aussi importante après tout.
Sauf que la dure réalité de la politique fait que rien dans les plus récents sondages permet de dire que le PQ prendrait forcément le pouvoir avec un gouvernement majoritaire et, de nouveau, toutes les options sont à nouveau sur la table.
On parle même du fait que les libéraux pourraient se faire réélire, avec un gouvernement minoritaire, faut-il le préciser. Selon certains commentaires, c'est d'ailleurs, et entre autres choses, sur la base d'une telle hypothèse que le gouvernement Charest aurait finalement décidé de maintenir la ligne dure et de fermer définitvement la porte (au moins pour le moment) à toute négociation avec les étudiants.
Si un tel scénario devait effectivement arriver, et à cause de la présence de la CAQ, qui appuie systématiquement les libéraux, dès qu'un enjeu important survient, alors les libéraux pourraient continuer à gouverner comme si de rien n'était, et on serait alors de retour à la case départ. En fait, ce serait pire, car les libéraux pourraient alors se dire qu'ils ont encore un autre 5 ans devant eux, alors qu'ils sont présentement dans une fin de mandat et doivent donc conséquemment aussi tenir des élections à venir.
Si cela devait être, en lieu et place, le PQ qui prenne le pouvoir, sans pour autant détenir une claire majorité, ou pouvoir compter sur un appui suffisant de la part des deux autres partis, alors on ne serait pas plus avancé, parce qu'aucun des engagements électoraux actuels du PQ ne pourrait alors réalistement voir le jour, compte tenu du fait que le PQ devrait alors compter sur un appui ou bien des libéraux ou de la CAQ pour rester au pouvoir. À bien y penser, cela pourrait même se révéler être un cadeau très empoisonné.
La possibilité pour Québec solidaire ou Option Nationale de prendre seul le pouvoir est sans doute espérée par certains et certaines, mais réalistement, et compte tenu justement de l'état des appuis sur lesquels ces deux partis peuvent compter, cela n'apparaît pas vraiment très plausible.
On aura beau ressasser le dossier, de tous bords et de tous côtés, un fait demeure : la meilleure facon de s'assurer que ces trois partis puissent véritablement prendre le contrôle de l'Assemblée nationale -- ce qui serait très clairement, dans le contexte actuel, la meilleure chose qui pourrait arriver au Québec, ainsi qu'à la majorité des Québécois et des Québécoises; je parle ici de monsieur et madame tout le monde -- c'est que les États-Majors de ces trois partis commencent le plus tôt possible, dès cet été, à discuter d'une telle possible alliance, assortie d'une sorte de programme commun minimal.
Tout aussi clair est le fait que, séparé, et chacun de leur côté, aucune de ces formations politiques peut véritablement espérer faire un carton.
Une alliance, avec une éventuelle victoire des trois partis, qui pourraient ensuite collaborer ensemble au travers d'une sorte de gouvernement de coalition, permettrait non seulement de garantir une véritable sortie de crise au conflit étudiant actuel, mais cela permettrait également d'abolir la taxe sur la santé (cde qui fait aussi partie du programme de ces trois partis), arrêter toutes les hausses de tarifs appréhendés , s'assurer qu'on ne se fasse pas passer un autre sapin au niveau des gaz de schistes, et aussi se donner les moyens de mieux renégocier l'exploitation de nos richesses naturelles. On serait également en meilleure posture pour renforcer les dispositions de la loi 101, pour assurer un meilleur avenir au francais, et on serait également mieux outillé pour relancer la bataille pour l'indépendance du Québec. On pourrait encore pousuivre plus loin la liste de tous les avantages que cela pourrait avoir, mais je crois que cela est déjà assez clair.
Une telle alliance serait également, aux yeux d'un nombre grandissant de gens, la meilleure chose que les partis souverainistes pourraient faire pour combattre le scepticisme ambiant, au sein de la population, et réencourager les gens à aller voter lors des prochaines élections. Ce serait une manière concrète de prouver dans les faits que le slogan "pour faire la politique autrement" n'est pas qu'un voeu pieux; cela pourrait même donner un boost important à leur campagne.
La tâche serait d'autant plus faisable qu'il existe d'ores et déjà de nombreux points en commun entre ces trois partis, au niveau de leur programme respectif. Par rapport aux seules questions d'ordre économique, Renaud Lapierre, qui est un des commissaires pour les États-généraux de la souveraineté, avait déjà fait plus tôt cet automne l'étude de ces programmes et les concordances étaient nombreuses. Pour plus d'informations à ce sujet, prière de ce référer au document suivant.
La base d'une telle alliance devrait également inclure une mécanique pouvant ultimement permettre à ces trois partis d'en arriver à une entente minimale quant à la relance du processus d'accession à l'indépendance et, plus particulièrement, en ce qui a trait à ce qu'ils feraient ensemble, advenant qu'ils arracheraient ensemble, des mains des libéraux, la majorité à l'Assemblée nationale.
Finalement, une telle alliance pourrait également prévoir une clause engageant ces partis à revoir toutes les décision prises récemment par l'actuel gouvernement libéral, ou à venir (d'ici aux prochaines élections), à la lumière de ce qui serait dans le meilleur intérêt du Québec, ce qui pourrait inclure l'abrogation de certaines d'entre elles, dont la fameuse loi 78. La suggestion était faite récemment par Richar Le Hir sur le site de Vigile et il me semble que c'est une excellente idée.
Je ne réagirai pas, pour le moment, aux propositions faites par Pierre Dubuc et Marc Laviolette, au niveau de ce à quoi pourrait éventuellement ressembler un partage au moins partiel des circonscriptions dans le cadre d'une telle alliance, sinon que l'idée d'un partage des circonscriptions a certainement plus de chances de servir de base ;a une éventuelle alliance que l'idée d'organiser des primaires dans chaque circonscription, comme le proposait Pierre Curzi. Je crois que tout cela est encore prématuré. Par contre, il pourrait être utile de se rappeler un chose assez importante, soit le fait que Québec solidaire possède, depuis 2011, un mandat assez clair, voté en congrès, et qui l'empêche littéralement de conclure une telle entente.
Nous, au PCQ, avons toujours dit que cette décision, prise en 2011, fut une terrible erreur et telle est toujours notre position à ce sujet. Une telle décision renversait, du reste, une position exactement à l'opposé, et qui avait été pourtant elle aussi votée un an avant. Un tel mandat, stipulant que la direction ne peut s'engager dans un processus d'alliances, devra forcément être revisité et renversé si on veut qu'il y ait effectivement, un peu plus tard, une telle alliance. À cause de cela, et compte tenu encore une fois de la situation actuelle, il nous semble logique que la direction de Québec solidaire puisse prendre les devants et qu'elle puisse en même temps proposer de remette le plus rapidemment possible le sujet à discusion, auprès de son propre membership, d'autant qu'une telle position ne venait pas de la direction au départ.
Dans un tel contexte, et en même temps, il pourrait être utile de sonder le terrain quant à la possibilité qu'une entente à deux, entre le PQ et Option Nationale, puisse au moins commencer à prendre forme, à plus court terme, quitte à ce qu'on revienne plus tard avec Québec solidaire, quand celle-ci serait enfin prête, étant entendu que l'objectif à terme serait effectivement une entente à trois. Agir de la sorte, pourrait même ajouter un petit plus à tous ceux et celles qui, de l'intérieur de Québec solidaire, poussent déjà pour une reconsidération de la décision de 2011.
Chose certaine, plus il y aura de gens, un peu partout, qui pousseront pour que le PQ, Québec solidaire, et Option nationale trouvent une manière de travailler ensemble -- de la même manière que les différentes associations étudiantes ont aussi trouver une manière la plus coordonnée possible -- et mieux cela sera pour tous et toutes, ce qui revient à dire ce que le candidat du PQ et écologiste bien connu, Daniel Breton, déclarait aussi plus tôt cette semaine au journal Le Devoir.
Finalement, et pour conclure sur cet aspect plus particulier des alliances, Pierre Dubuc et Marc Laviolette devraient quand même éviter de faire trop référence au slogan "Charest divise, mais le PQ unit", ce qui semble surtout être comme une sorte de dernier relent des vieilles approches, propres au PQ, et qui reflète plus un passé passablement révolu. Après la sortie de Pauline Marois pour dire non à toute forme d'alliance, c'est pas exactement le portrait exact de la réalité, de toute manière ...
Par rapport à toute la question de la "grève sociale"
Tout cela nous ramène finalement à ce qui était le principal propos de Pierre Dubuc et de Marc Laviolette, à savoir le fait que les appels à une grève sociale à travers tout le Québec serait une très mauvaise approche à promouvoir, dans une perspective visant justement à se libérer des libéraux. Dans les faits, cela revient à dire qu'au lieu de pousser pour une accentuation des luttes dans la rue -- ce qui est assimilé par ces deux personnes à ce que Jean Charest voudrait qu'on fasse, d'où l'idée de parler d'un piège à ours -- il faudrait au contraire plutôt chercher à "mettre la pédale douce", de manière à ne pas brûler plus tard nos chances d'aller cherche un maximum de votes.
Nous ne sommes pas d'accord avec un tel point de vue. Autant, nous pouvions nous identifier aux éléments de stratégie mentionnées plus haut, notamment en ce qui a trait à la nécessité d'une alliance électorale, autant, là, et avec tout le respect qu'on doit à ces deux militants, ils font à notre sens complètement fausse route.
En premier lieu, et pour mieux comprendre pourquoi nous disons cela, il faut d'abord revenir sur l'état des lieux, au niveau politique.
Selon la plupart des sondages, et même si le gouvernement de Jean Charest continue toujours d'être au fonds du baril au niveau du niveau d'insastifaction populaire, et malgré aussi tous les scandales qui gangrènent ce gouvernement, les libéraux continuent toujours à talonner le PQ. Comme nous le disions plus haut, et advenant une élection, les libéraux pourraient encore espérer former le prochain gouvernement.
Advenant que la situation puisse éventuellement déraper à la fin de la saison estivale et durant le retour en classe, au niveau universitaire et dans les CEGEP, ce que personne ne peut complètement exclure (avec la clef Damoclès qu'est la loi 78, ainsi que le fait que les étudiants ont toujours l'intention de poursuivre leur grève à la rentrée), les choses pourraient encore se corser.
On ne peut non plus exclure le fait que cela pourrait éventuellement être un scénario qui ferait l'affaire de Jean Charest, comme le pensent les porte parole du SPQ Libre. Jean Charest pourrait effectivement essayer de profiter d'une telle situation pour durcir encore plus le ton et frapper fort ... pour ensuite déclencher rapidemment des élections, et ainsi espérer augmenter encore plus ses appuis auprès de certaines franges d'électeurs et d'électrices, de manière à pouvoir finalement se faufiler durant ces élections, et réussir ce que d'aucun pensait encore possible, soit le fait pour les libéraux de se maintenir encore au pouvoir pour un autre 5 ans.
Cela pourrait être d'autant plus une option séduisante pour Charest, que cela serait aussi une manière d'éviter que les affres à venir, au niveau de la Commission Charbonneau sur la corruption dans l'industrie de la construction, puisse venir entâcher sa propre campagne électorale, puisque l'élection viendrait alors avant qu'on tombe véritablement dans le "crunch" des révélations.
Sans doute Jean Charest compte-t-il aussi, entre autres choses, sur le fait que les manifestations quotidiennes et nocturnes, finiront par s'estomper et que les gens, dans la rue, ne seront pas capables, tout l'été, de maintenir le rythme, jour après jour, ce qui, au retour de la période estivale, pourra l'aider dans ses plans pour frapper fort contre les étudiants.
Advenant un tel dénouement, c'est également sûr que cela serait plutôt décourageant et que cela n'augurait alors rien de bon pour l'avenir, pour la très grande majorité de la population car cela pourrait alors dire que nous aurions encore à vivre un autre quatre ou cinq ans sous la férule de Jean Charest.
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Règlons d'entrée de jeu un certain nombre de points. Ce n'est pas durant les prochaînes semaines que tout pourrait basculer, d'un côté, comme de l'autre. Premièrement, les chances d'une élection en plein été sont à peu près nulles et si Jean Charest devait user de ce stratagème, cela risquerait assez rapidemment de se retourner contre lui.
Il serait d'autre part assez surprenant que la police des grands centres urbains, notamment à Montréal, continuent à user des arrestations de masses, alors que la période des festivals est commencé et qu'il y aura de plus en plus de touristes dans les rues des grandes villes qui pourraient alors se retrouver coincés entre les manifestants et l'anti-émeute.
Continuer en même temps à pousser pour une élection dans les plus brefs délais, y compris durant l'été, comme le font encore certaines personnes qui voudraient ainsi se débarasser des libéraux au plus, est non seulement non réaliste, mais aussi possiblement très dangereux car le taux de participation pourrait alors être très bas (ce qui profiterait alors aux libéraux); c'est sans compter également le fait qu'aucun alliance n'existe encore entre le PQ, Québec solidaire, et Optionale, ce qui objectivement, en cas d'élections, ne pourrait que servir une fois encore les libéraux.
Voilà pourquoi l'actuelle pétition circulant sur le Web et demandant justement une élection dans les plus brefs délais, n'est certainement pas l'invention la plus brillante du siècle (pour ne pas dire plus). Comme nous le disions plus haut, la situation à la rentrée pourrait par contre être beaucoup plus problématique.
Les leaders étudiants, de toute évidence, sont déjà bien conscients des défis qui les attendent et se préparent conséquemment en fonction d'un autre affrontement important à venir à la rentrée, à l'automne. En fin de semaine dernière, la CLASSE tenait son congrès; elle a tenu des élections au niveau de sa direction, de manière à renforcer encore plus celle-ci en prévision des batailles encore à venir. Elle a aussi convenu d'établir deux grands rendez-vous en matière de mobilisations pour l'été; soit les 22 juin et les 22 juillet.
Force est en même temps de reconnaître que les étudiants ne pourront seuls faire plier le gouvernement d'ici septembre, ou dans les semaines qui suivront. Si tous les efforts de mobilisation étudiante n'ont pas réussi à faire reculer ce gouvernement jusqu'ici, il me semble évident qu'il faudra nécessairement faire passer le mouvement de contestation à une étape supérieure pour arriver à faire bouger celui-ci.
Loin de moi l'idée de prétendre que les manifestations à venir seraient dans le fond inutiles, à partir de maintenant. Il faut maintenir la pression, cela va de soi. Il faudra nécessairement, et en surplus, penser à la meilleure stratégie pour augmenter celle-ci.
On ne peut non plus, d'autre part, s'enfermer dans une sorte de pensée magique, en se disant qu'on verra bien comment les choses évolueront à l'automne car rien ne changera fondamentalement d'ici l'automne, à moins qu'on puisse tous et toutes, collectivement, oeuvrer dès maintenant pour faire changer les choses, pour que le rapport devienne encore plus en notre faveur.
Il faut justement penser à comment augmenter cette pression, et non penser à la diminuer, de peur que cela puisse éventuellement déraper et faire le jeu des libéraux, comme le laisse entendre les porte parole du SPQ Libre. Le pire serait en effet de laisser les étudiants poursuivre à l'automne leur bataille seuls.
Cela est d'autant plus vrai que la loi 78 est là pour rester (au moins qu'aux prochaines élections) et qu'elle restreindra énormément toute action aux abords des CEGEP et universités lors de la prochaine rentrée. La bataille est d'autre part déjà en marge de devenir de plus en plus politique.
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Comme nous le disions plus haut, cela devrait dès maintenant interpeller les différents partis d'opposition (autres que la CAQ).
Cela devrait aussi interpeller tous les syndicats, qui appuient déjà les étudiants, mais qui pourraient néanmoins encore plus directement s'impliquer dans le mouvement de contestation, en allant notamment chercher, auprès de leurs propres membres, un mandat pour une grève générale de 24 heures, à exercer au besoin, ainsi qu'à une date à déterminer dans le meilleur intérêt de tout le movuement de contestation.
Les porte parole du SPQ Libre s'objectent à une telle éventuelle escalade des moyens de pression en disant encore une fois que cela pourrait faire le jeu des libéraux. Ils citent comme argument le fait que la très grande ébulition sociale du début des années 70 -- incluant la bataille du Front commun de 1972 et les grèves de solidarité, qui ont suivi en 1973, en protestation contre la décision du gouvernement de l'époque (également libéral) de mettre en prison leur leaders syndicaux, sur la base du fait qu'ils avaient justement appelés à défier une loi spéciale, tout aussi injuste que la loi 78, furent certes un succès, mais que les libéraux furent néanmoins réélus haut la main dans les mois qui suivirent.
Ils citent également le fait que les grandes grèves enclenchées par le mouvement syndical francais, dès suite du grand mouvement de mai 68, permirent certes de stopper jusqu'à un certain point les plans des autorités francaises de l'époque et permirent aussi d'aller chercher certains gains appréciables pour les syndicats, sauf que les partis de droite furent là encore réélus dans les mois et les années suivantes.
En fait, en France, il fallut attendre jusqu'au début des années 80 avant qu'un gouvernement de gauche puisse finalement prendre le pouvoir, dans le cadre d'une alliance électorale, établi sur la base d'un programme politique minimal, et qui avait été appelé le "programme commun".
Tout cela est très vrai, mais cela ne prouvent en même temps rien du tout, dans la mesure où les victoires subséquentes des partis de droite, aussi bien ici qu'en France, des suites de ces grands mouvement sociaux, découlaient bien plus des dififcultés de l'époque, pour les partis d'opposition, à véritablement s'imposer comme voie alternative, que d'un résultat de cause à effet avec la montée des luttes dans la rue.
C'est tellement vrai, et pour revenir à notre propre histoire, ici, que les années subséquentes, soit en 1975 et en 1976, furent également très riches en montée des luttes sociales, incluant le déclenchement d'une grève générale (en 1976; c'est quand même pas rien), et que toutes ces luttes servirent bien au contraire de véritable tremplin, à la fin, soit en novembre 1976, pour une victoire écrasante du PQ contre les libéraux. Tous ceux qui vécurent ces années, s'en souviennent encore. À cette époque là, le PQ avait en même temps un programme beaucoup plus à gauche qu'au jourd'hui et il n'avait pas peur non plus de s'afficher alors avec ce qu'il appelait "un préjugé favorable aux travailleurs". Les syndicats, de leur côté, avaient alors mis de côté un projet pour fonder un nouveau parti politique, plus directement associés aux intérêts des travailleurs et des travailleuses, -- un projet qui était déjà en discussion au sein des rangs syndicaux -- de manière à ne pas diviser le vote, et avaient plutôt décidé de miser tous leurs oeufs derrière le PQ.
Parlant de la France, on pourrait également remonter à la grande période du "Front populaire", dans les années 30, alors qu'on assistait un peu partout dans ce pays à une montée des luttes, et qu'il y avait en même temps -- et pour la première fois -- une alliance entre les sociaux -démocrates du Parti socialiste (PS), et le Parti communiste (PCF), de même qu'avec une 3e formation plus petite et plus centriste, spoient les radicaux, et qui déboucha ultimement aussi sur une victoire éclatante des forces de gauche, lesquelles dirigèrent alors les destinées du pays pendant 2 ans, de 1936 à 1938, et permirent aussi de très importantes percées pour l'ensemble du peuple, dont le fameux mois de vacances pour tous et toutes qui existent toujours là-bas (et que nous, ici, n'avons toujours pas).
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Le seul fait, pour le mouvement syndical de convoquer ses différentes instances, de manière à débattre de l'oportunité ou non d'adopter un tel mandat de grève, serait déjà en soi un geste important qui augmenterait d'autant la pression sur le gouvernement.
Advenant que le gouvernement s'entête malgré tout dans ses positions, alors le mouvement syndical, de concert avec le reste de l'Alliance sociale, à laquelle ils font déjà partie et à laquelle les associations étudiantes participent aussi, pourraient alors discuter de si l'exercice d'un tel mandat serait toujours le meilleur moyen, ainsi que de la date à laquelle il serait le plus utile d'exercer un tel mandat.
Comme je le disais plus haut, ce ne serait alors pas la première fois que le mouvement syndical québécois se retrouverait alors en première ligne d'une telle grève générale. En 1976, ils le firent pour combattre une décision prise, aussi bien au fédéral, qu'au provincial, pour geler les salaires de tous les travailleurs, aussi bien dans le secteur public que privé. La grève générale fut alors suivie non seulement au Québec (d'où l'idée était partie au départ), mais aussi à travers tout le reste du Canada.
En 1975, un an avant, il y avait aussi eu une autre grève générale, initiée par la FTQ, en appui à une grève -- la grève de la United Aircraft -- qui ne finissait plus de finir. Et puis, en 2003, aussi bien la FTQ, que la CSN et la CSQ, déclenchaient également ce qui fut alors appelée une journée nationale d'actions contre les plans du premier gouvernement Charest pour démanteler une bonne partie des services et programmes sociaux de l'État québécois; Jean Charest avait alors appelé cela la "réingénérie de l'État québécois". Tous les activités portuaires, à Montréal, à Trois-Rivières, ainsi qu'à Québec avaient alors été bloquées pendant 24 heures. Même choses pour plsuieurs routes très importantes et particulièrement utilisées par l'industrie du transport de marchandises. L'objectif avait alors été assez simple : éviter de toucher aux services à la population et frapper d'abord et avant tout à la poche des grosses compagnies, ainsi que des principaux contributeurs au parti libéral.
Avec une intervention plus directe des syndicats, personne ne pourrait garantir que les choses ne pourraient éventuellement déraper. La loi 78 continuerait à s'appliquer, y compris dans le cadre de l'exercice d'un tel mandat de grève, car la loi 78 a été concue pour s'appliquer non seulement contre les étudiants, mais aussi contre toute personne ou organisation, oeuvrant ou non dans le domaine de l'éducation, et qui voudrait troubler ou entraver l'ordre.
Par contre, et à cause justement de l'expérience, ainsi que des ressources que possèdent justement les syndicats, non seulement cela pourrait permettre d'accentuer la pression sur le gouvernement, mais cela nous protègeraient également beaucoup plus contre justement toute possibilité de dérapage, avec toute la spirale de violence et de répression que cela pourrait aussi engendrer.
Il faut se rappeler que jamais aucun gouvernement n'a encore réussi à museler et écraser le mouvement syndical québécois. Pas plus Duplessis dans les pires années de la "Grande Noirceur", que tout autre. Je ne crois d'autre part que Jean Charest arriverait là où tous les autres ont échoué.
En faisant intervenir plus directement les syndicats dans la bataille, cela maximiserait encore plus nos chances à tous et toutes -- que nous soyons membres d'un syndicat ou non, que nous soyons étudiants ou étudiantes ou non -- de se rendre dans les meilleures conditions possibles jusqu'aux prochaines élections. Et si le PQ, Québec solidaire, et Option Nationale, pouvaient de surcrôit accepter aussi de s'asseoir ensuite, alors ce serait encore mieux.
À l'opposé, si la bataille enclenchée par les étudiants devaient se conclure par un échec ou un semi-échec, c'est sûr que Jean Charest s'en servirait; et c'est tout aussi évident que cela aurait inévitablement un impact sur l'avenir de l'actuel mouvement de contestation. L'inverse est aussi vrai.
Les prochains mois et semaines pourraient encore être riches en rebondissements. Devant nous, il y a encore bien des défis à affronter. Ensemble, nous pouvons y arriver, à condition évidemment de ramer tous et toutes aussi dans la même direction. Jean Charest peut bien penser ce qu'il veut, et élaborer aussi tous les plans, mêmes les plus machiavéliques, mais le peuple aussi peut réfléchir. À nous de travailler ensemble pour vaincre.
Plus que jamais un slogan s'impose : débarrassons-nous des libéraux et prenons en même temps tous les moyens pour y arriver !
À propos des récentes sorties de Pierre Curzi ainsi que de Daniel Breton
Hier, 5 juin, le député indépendant, Pierre Curzi a à son tour ajouté sa voix à ceux et celles qui appellent à une coalition de toutes les forces souverainistes pour battre les libéraux de Jean Charest.
La mécanique qu'il proposait, faisait en sorte de tuer dans l'oeuf toutes chances de succès de sa proposition; l'offre s'appuyait en effet sur une prémisse qui n'avait en effet rien à voir avec la réalité bien concrète. Pour que sa proposition ait eu la moindre de chances de fonctionner, il aurait fallu que tous les principaux partis concernés, soit le PQ, Québec solidaire, et Option Nationale, puissent compter sur un membership comparable. Ce qui n'est pas le cas.
Ce qui est plutôt très malheureux dans tout cela est la réaction de la chef du PQ, Pauline Marois, qui sans même prendre la peine d'y réfléchir ou de penser à une contre-offre, a toute de suite rejeté du revers de la main toute idée d'alliances futures.
C'est d'autant plus malheureux de sa part que celle-ci avait elle-même déclarée, lors de plusieurs entrevues passées, que plus jamais elle se se ferait prendre au jeu de se peinturer dans un coin, sans avoir au départ pris la peine de soupeser le pour et le contre de chaque option. Plus jamais, avait-elle alors dit, elle ne ferait la même erreur que lors de la fameuse crise entourant le dossier de l'Amphithéatre de Québec. Pourtant, c'est exactement ce qu'elle vient de faire, dans un contexte où il y a justement de plus en plus de gens qui demandent une plus grande ouverture en matière d'alliances.
Françoise David, de Québec solidaire, a de manière plutôt positive, réaffirmé le fait que son parti n'était pas au départ fermé à un éventuel projet d'alliance et que son parti, si cela devait se concrétiser, s'engagerait à soumettre le tout à ses membres. Pour elle, la déclaration de la veille, par Pauline Marois, prouvait cependant hors de tout doute que jamais le PQ ne voudrait agir dans ce sens.
Je crois, pour ma part, qu'on ne devrait jamais dire "jamais" et que la politique a déjà prouvé plus d'une fois que que ce qui pouvait encore paraître impossible hier, pouvait encore se produire.
Lorsque questionné récemment par un journaliste du journal Le Devoir quant à sa propre position dans le dossier des alliances, voici d'autre part ce que Daniel Breton, écologiste bien connu et candidat du PQ lors des prochaines élections aurait déclaré à ce journal :
« La réalité, c'est quoi ? C'est que Nicolas Girard ( du PQ ) va se présenter contre Françoise David ( dans Gouin ). Moi, je vais me présenter contre qui ? Contre Manon Massé ( de Québec solidaire ). » Selon lui, pour qu'une telle unité se mette en place il faut que la demande vienne des citoyens, pas des partis. « Au PQ et à QS, il y a de la mauvaise foi comme il y a de la bonne foi » aurait-t-il dit.
Sur ce point, je suis à 100% d'accord avec Daniel Breton.
(*) André Parizeau est le chef du PCQ; ce texte est également disponible sur le site Internet [www.pcq.qc.ca->www.pcq.qc.ca] .

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Chef du Parti communiste du Québec (PCQ), membre fondateur de Québec solidaire, membre du Bloc québécois, et membre de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (SSJBM)





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2012

    Excellente analyse de la situation.
    Merci

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juin 2012

    Si une coalition se produisait entre le PQ, QS et ON, on pourrait donc dire qu'ils font ce qu'ils prônent : la solidarité plutôt que l'individualisme... ce serait génial !