Les Canadiens français minoritaires au Québec

Tribune libre 2009



Les Canadiens français sont mis en minorité même au Québec. Je sais bien qu'il ne faut pas parler des Canadiens français, mais des Québécois. Vous pouvez parler des Canadiens anglais, des Juifs, des néo-Québécois, mais pas des Canadiens français, c'est du racisme, de l'ethnicisme! On nous a demandé d'oublier les «souches», on est à l'ère du nationalisme «civique». L'ethnicité n'existe pas, à moins que vous ne soyez pas Canadien français. Aux élections, par exemple, les Canadiens anglais votent à 95%, 98% pour le Parti libéral. Cela ressemble beaucoup à un vote ethnique, quoi qu'on en dise. Les néo-Québécois en font autant. On peut interpréter cela comme un vote anti-canadien-français, ou un vote pro-canadien-anglais, un vote canadien, ou canadian. Les Canadiens français, eux, sont divisés. Certains votent pour le Parti libéral, d'autres pour le PQ, d'autres pour l'ADQ, d'autres pour Québec solidaire, et même d'autres pour le Parti Vert. Si vous examinez la situation d'un peu plus près, cela veut dire que le Parti libéral gouverne le Québec avec une très faible minorité de Canadiens français, 25% peut-être?

Ce qui est évident, c'est que cet éparpillement des votes favorise les libéraux fédéralistes. Si nous avions le sens politique, nous comprendrions qu'il faut d'abord faire l'indépendance, et après cela mettre sur pied des partis de différentes orientations. D'ailleurs, l'ADQ n'a aucune chance au Québec. Il n 'y a pas de place pour un troisième parti au Québec, encore moins pour un quatrième. La multiplication des partis ne fait que favoriser les libéraux, c'est-à-dire les fédéralistes, c'est-à-dire le Canada, en éparpillant les votes indépendantistes, ou autonomistes au Québec, en faisant des Canadiens français du Québec, dans l'ordre du pouvoir, une minorité qui se marginalise de plus en plus. Un gouvernement libéral au Québec ne gouverne pas pour le Québec mais pour le Canada. C'est ce qui explique le caractère ambigu de la politique québécoise ces dernières années.

Paul-Émile Roy

Lorraine Qc


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 avril 2009

    J’ai peine à imaginer le P.Q.se mettre à dénoncer le vote captif anglo. Ce parti préfère évoluer au centre de la patinoire, et n’est pas trop enclin à batailler dans les coins.
    S’agit pas ici de basher le P.Q. Plutôt simplement faire remarquer que le centre de l’échiquier politique québécois est encombré, que le trafic y est lourd, et que l’action du P.Q. y est laborieuse.
    Bien des indépendantistes pensent qu’il ne faudrait surtout pas qu’un troisième référendum soit perdu. Nous n’en sommes plus là. C’est le P.Q. lui-même qui ne doit perdre une quatrième élection. Si cela arrivait, le réalignement politique qui s’en suivrait placerait notre nation en situation de grande vulnérabilité.
    Quant à la conjoncture, actuellement favorable à l’opposition, au P.Q., rien ne garantit qu’elle se poursuivra. Le P.Q., mais surtout les indépendantistes, auraient grand tort de penser qu’ils ont du temps devant eux pour s’organiser, comme si les libéraux se résignaient à se laisser boxer pendant quatre ans.

  • Jacques Bergeron Répondre

    2 avril 2009

    Certains individus ne veulent pas comprendre que le nom Canadien-français est aussi inclusif,sinon plus que celui de Québécois, puisqu'il inclut tous les locuteurs de notre langue quelque soit leurs origines ethniques ou raciales. Comment pourrait-il en être autrement lorsque les faits historiques soutiennent ce nom qui définit l'ensemble des locuteurs de notre langue par l'ethnie ou par l'assimilation à celle-ci .
    Comment pourrais-je refuser de reconnaître mes parents et mes amis ayant pour noms, Reed, Reeves, Colangelo,O'Neil, Murray, Chapman, Mancuso,O'Driscoll, Mcnicoll, Murphy, diDomenico, di Gugliemo,Fruchi et tant d'autres unis avec ceux qui sont, comme moi, de descendance française.Il ne faudrait pas que notre logique «citoyenne» ou «civique», ou encore, notre rectitude politique ou intellectuelle, nous fasse oublier tous ces êtres identifiés sous le vocable de Canadien-français, et Québécois, puisque nous habitons ce pays que nous voulons voir accéder à l'indépendance dans le respect des individus,avec comme objectifs de protéger et promouvoir la langue qui nous unit comme Canadiens-français vivant en Amérique du nord anglo-saxonne, «à 98%».

  • Archives de Vigile Répondre

    2 avril 2009

    75% des canadiens français ne sont pas devenus Québecois car ils sont déjà bilingues ou assimilés hors Québec et sont encore en 2009 des canadiens français qui se disent canadians
    Le nom québecois est inclusif non ethnique et non raciste comme le nom canadian

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 avril 2009

    @Monsieur Paul-Émile Roy:
    Vous avez tellement raison! La division, ou comme vous dites, l'éparpillement du vote, chez la majorité de souche française, affaiblit notre poids politique, nore capacité à demeurer réellement maître chez nous!
    Par ailleurs, je dois vous avouez que je trouve que le terme de Canadiens français, sonne un peu vieillot, à mes oreilles... Et il est vrai que je n'aime pas beaucoup la composante canadinne, de l'expression (oui, d'accord, je sais qu'à l'origine c'étaient nous, les Canadiens, mais on nous a littéralement volé ce statut, avec la Conquête)...
    Vous savez, je ne me suis jamais trop encombré, de certaines nuances, en rapport avec le sens du terme «québécois»; parce que le peuple québécois, c'est d'abord un ensemble constitué de NOUS, oui, les «pure laine», et des gens venus d'ailleurs qui en plus de faire l'apprentissage de la langue française, ont fait un véritable effort d'intégration, parmi nous. Et qui en sont venus à avoir, au moins, une certaine compréhension de notre histoire, de notre différence, et du pourquoi du combat souverainiste...
    Parce qu'à mes yeux, des gens comme par exemple le jeune Gurbaj Singh et sa famille (le jeune sikh dont la famille était allée jusqu'en Cour suprême pour qu'il puisse porter son kirpan à l'école primaire... le garçon et ses proches ne parlant strictement qu'anglais)... eh bien, à mes yeux, oui, ces gens ne sont simplement pas des Québécois! Ce sont des étrangers qui vivent parmi nous, et ce, qu'ils obtiennent leur statut de citoyens canadiens ou pas!

  • Luc Potvin Répondre

    1 avril 2009

    M. Paul-Émile Roy a tout à fait raison. Il faut parler des Canadiens-Français. Car il s’agit de nous. Et c’est nous, personne d’autre, qui risquons bientôt de disparaître si l’indépendance n’advient pas le plus tôt possible.
    Cela dit, j’espère qu’on ne retombera pas dans un autre débat sémantique sans fin autour du mot ethnie, mot au sens strictement biologique pour les uns, plus largement culturel pour les autres, lesquels respectent le dictionnaire, un outil hélas de plus en plus démodé.
    Pour ma part, les Canadiens-Français, descendants ou héritiers des conquis de 1760, ont et ont toujours eu tous les attributs d’une nation : langue, culture, histoire, etc. État partiel, État provincial, État-croupion, État que nous souhaitons doter de toutes les prérogatives qui lui manquent pour en faire enfin un véritable État national indépendant, l’État du Québec est l’État de la nation canadienne-française. Cet État est non pas le géniteur de la nation, comme le voudraient les adeptes du nationalisme civique, mais le plus puissant instrument politique à son service. Potentiellement à son service, du moins, car, tant qu’il restera inféodé à l’État impérial british american dit canadian, il lui arrivera aussi, à cet État du Québec, de tomber entre les mains de collabos, comme on le constate depuis bien longtemps.
    La multiplication des partis et la division du vote canadien-français qui en est la conséquence, voilà certes, comme le souligne M. Roy, un phénomène déplorable. Mais il s’explique sans doute en bonne partie par le fait que, toujours englué dans la rectitude politique du nationalisme civique, le PQ n’ose plus, si même il a déjà osé, s’adresser aux Canadiens-Français, leur dire, sans passer par quatre chemins, que, sans l’indépendance, ils redeviendront à tout jamais les porteurs d’eau des Anglos et n’échapperont pas à la louisianisation. Nous donne d’ailleurs un avant-goût plus qu’amer de ce terrible et proche destin ce qui se passe présentement à la Caisse de dépôt, une catastrophe que j’ai personnellement prédite, sans bien sûr en connaître la date ni la forme précises, dès le début des années 1990, et cela dans l’indifférence, l’incompréhension et l’incrédulité quasi générales.
    Le pire n’est jamais sûr, dit-on. Heureusement. Mais il n’est malheureusement jamais impossible non plus.
    Il est temps de parler du pire aux Canadiens-Français. Il est temps de nous parler du pire. Sinon jamais nous n’y échapperons.
    Luc Potvin
    Montréal

  • Raymond Poulin Répondre

    1 avril 2009

    Vous soulignez une réalité arithmétique à laquelle on ne peut échapper en période électorale. Les anglophones, qu’il s’agisse des descendants des britanniques ou d’immigrants anglicisés, votent libéral par réflexe minoritaire linguistique, ce qui produit les mêmes résultats qu’un vote ethnique, à toutes fins utiles. Les Québécois français et les immigrants francisés votent selon leur sensibilité politique du moment, ce qui est le réflexe normal dans une démocratie. Il est certes théoriquement séduisant de penser qu’il faudrait convaincre les Québécois français de voter en bloc pour la raison que vous mentionnez, ce qui, vu notre situation, correspondrait à une certaine logique, du moins jusqu’à l’avènement de l’indépendance, ce qui suppose que tous les Québécois français ou, du moins, une majorité, réalisent que ce qu’est devenu le Parti libéral depuis la fin des années soixante en fait un parti de facto favorable à des intérêts qui ne sont pas ceux de la population, ce qui est peut-être vrai, entre autres, de la quasi-totalité des lecteurs de Vigile mais certainement pas de la population en général et, si nous sommes le moindrement réalistes, ne le sera jamais. Idem quant à l’indépendance : tant qu’une majorité substantielle des Québécois français ne sera pas convaincue de sa nécessité et de sa faisabilité, cette avenue est impraticable directement. Dans les deux cas, la multiplication des partis empêche davantage l’atteinte du résultat souhaité, quelles que soient les dénégations véhémentes des petits partis ou des groupuscules indépendantistes. Nous devons certes continuer de promouvoir l’indépendance et l’élection d’un gouvernement réellement responsable ailleurs que dans Vigile puisque prêcher des convertis ne mène à rien, mais c’est tout de même insuffisant : il faudra de toute manière — et là-dessus je sais que je me ferai lancer des cailloux par beaucoup de nos lecteurs qui croient au seul miracle de la bonne parole — qu’une situation hors de notre contrôle vienne hâter une prise de conscience. Quand et comment, je ne le sais pas, et personne ne le sait non plus. Tout ce que je sais et que nous savons tous, même si cela nous hérisse : présentement, la population n’en est pas là, même si nous annoncions la fin du monde ou l’assimilation pour demain matin : ce que certains ont de toute façon déjà tenté. Et il ne sert à rien non plus de constamment accuser les précédents gouvernements péquistes d’avoir failli à la tâche, comme s’il suffisait du charisme des leaders et de la propagande forcenée pour transformer des millions d’individus, dont la vie quotidienne ne se résume pas à ne penser qu’à l’indépendance, en militants de choc. Frustrant? Sans aucun doute, mais la nature humaine ne se transformera pas pour nous faire plaisir. Quelqu'un m'a déjà répliqué, dans Vigile, que, ce faisant, je misais trop sur le sentiment des gens. Mais dites-moi, nous-mêmes, indépendantistes, ne sommes-nous pas conduits par une passion, certes honorable et en accord avec une certaine logique, bien entendu, mais serions-nous aussi constants si nous n'avions que la logique pour arme? Notre engagement ne nous a-t-il été dicté que par le bon sens ou la logique? Nous serions donc des êtres différents de tous les autres? Je n'en crois rien. Chacun connaît son chemin de Damas à son heure, pas avant.

  • Michel Guay Répondre

    1 avril 2009

    La nation Québecoise n'a jamais été ethnique car dès les tous débuts nous avons vécu comme toutes les nations un mixage incessant avec toutes les ethnies qui venaient s'établir en Nouvelle France et ceci s'est poursuivi jusqu'à nos jours .
    Les Québecois ne sont pas minoritaires au Québec ni de langue ni de fait. car par la langue nous sommes encore plus de 80% et de fait suivant les votes au moins deux tiers qui votent encore nationaliste .
    Mais l'Indépendance effectivement ne pourra se faire que si nous cessons de nous laisser diviser dans des partis bidons