Le premier ministre Stephen Harper a revêtu ses habits de chef du Parti conservateur lundi pour livrer, en ce jour de rentrée parlementaire, un avertissement à ses adversaires. Les surplus qui se profilent à l’horizon du printemps 2015 fondront en baisses d’impôts en même temps que les dernières neiges. Les néodémocrates ou les libéraux ne pourront pas faire de coûteuses promesses électorales facilement.
Plutôt que de prendre la parole sur la colline parlementaire, le chef conservateur avait réservé une immense salle du centre des congrès d’Ottawa où l’ont rejoint ses députés ainsi qu’environ 400 personnes. L’événement avait toutes les allures d’un rallye électoral : fouille des journalistes, hymne national, immense unifolié en arrière-plan, un Harper sans cravate et les mains dans les poches, parlant de manière décontractée.
M. Harper en a profité pour faire le bilan de son mandat au coeur duquel se trouvent les réductions d’impôts. Puis, la mise en garde est venue. « Nous, les conservateurs, savons que les contribuables canadiens n’ont pas travaillé fort pour rétablir l’équilibre budgétaire pour que le gouvernement augmente ensuite les impôts, accumule plus de dettes ou donne des enveloppes remplies d’argent à des groupes d’intérêts. »
Pour éviter ce scénario, M. Harper a expliqué qu’un « budget équilibré nous permettra de continuer à réduire les impôts des Canadiens ». Les réductions pourraient être connues d’ici quelques semaines, a-t-il poursuivi, lors de la mise à jour économique qui permettra de dévoiler « les premières étapes de la prochaine partie de notre plan ».
La question des surplus budgétaires redevient d’actualité alors qu’Ottawa est censé renouer avec l’encre noire dans le prochain budget, à hauteur de 6,4 milliards de dollars. La question hante les conservateurs, car la présence d’une marge de manoeuvre financière autoriserait leurs adversaires à promettre des réinvestissements alléchants juste à temps pour l’élection d’octobre 2015.
Déjà, le NPD de Thomas Mulcair propose d’instaurer un système de garderies subventionnées inspiré du modèle québécois. Les détails n’étant pas connus, on ignore à quel niveau un gouvernement néodémocrate financerait ces garderies, mais à titre de comparaison, les places à 7 $ par jour coûtent 2,3 milliards par année au Québec. Le NPD propose aussi de hausser à 15 $ l’heure le salaire minimal pour les employés des secteurs de compétence fédérale. Si cette proposition ne représente aucun coût pour le gouvernement, elle donne néanmoins un avant-goût des préférences néodémocrates.
M. Mulcair s’engage-t-il à maintenir les réductions d’impôts, actuelles et futures, des conservateurs ? Après avoir qualifié la question d’hypothétique, M. Mulcair s’y est engagé pour les particuliers. « Moi, je ne touche pas aux impôts des particuliers. » Le taux d’imposition de 15 % des entreprises, lui, sera revu à la hausse.
Le libéral Justin Trudeau promet d’évaluer au mérite chaque baisse d’impôt. « Nous allons regarder les différentes baisses d’impôts que M. Harper va proposer. Et s’il y a une faille dedans, […] nous allons certainement les renverser. » Il a donné l’exemple du fractionnement du revenu, promis par les conservateurs mais qui est critiqué parce que favorisant les familles gagnant plus de 100 000 $. Il l’annulerait. « Moi, je n’ai aucun problème à m’engager à toujours regarder ce qui aide le plus les gens qui en ont besoin et pas donner des baisses d’impôt idéologiques à des gens qui n’en ont pas besoin. »
Hamas et État islamique
Le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, qui s’était déplacé à Ottawa pour marquer la rentrée, a indiqué qu’il penchait pour l’utilisation des surplus et non leur disparition sous forme de congé fiscal. « Ces 6 milliards-là devraient servir aussi à ne pas couper dans les transferts en santé. Ce qui va faire en sorte que le Québec doit soit couper dans ses services ou augmenter les impôts. Je pense que le gouvernement fédéral devrait plutôt s’organiser pour contrer le déséquilibre fiscal. »
Par ailleurs, les libéraux ont obtenu la tenue d’un débat d’urgence mardi soir sur l’envoi de troupes canadiennes en Irak. Au cours de son discours plus tôt dans la journée, M. Harper avait abordé la question en indiquant qu’il n’avait pas plus le choix d’intervenir en Irak que de reconnaître à Israël le droit de se protéger contre le Hamas. « Quelle est la différence entre le Hamas et Israël [d’une part], et l’État islamique et nous [d’autre part] ? Une chose. Le Hamas est beaucoup plus proche d’Israël que l’EI l’est de nous. »
RENTRÉE PARLEMENTAIRE
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