Céré, Ouellet et PKP

Les guerriers

Chronique de Louis Lapointe

J’étais dans la salle du congrès ce soir de juin 2005 où Bernard Landry a démissionné.

"Pourquoi n’avez-vous pas dormi au moins une nuit sur votre décision?" lui ai-je demandé quelques années plus tard à l’occasion d’un dîner en tête à tête. "J’ai été mal conseillé", m’a-t-il répondu.

Quand on est mal conseillé, c’est parce qu’on s’est d'abord mal entouré, une compétence de plus en plus rare chez les chefs du PQ.

Lors de la course à la direction qui a suivi, les membres du PQ ont préféré fermer les yeux sur les squelettes qui traînaient dans le placard d’André Boisclair plutôt que de le pousser dans les câbles à l'occasion des débats.

Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés avec un canard boiteux à l’élection de 2007.

Anxieux de ne pas répéter la même erreur, alors qu'André Boisclair venait tout juste de démissionner, nous nous sommes tous empressés de couronner Pauline Marois plutôt que de risquer les affres d'une nouvelle course.

Tout aussi mal entourée et conseillée, elle nous a conduits à la défaite parce qu’encore une fois nous avions manqué de vigilance, parce que nous avions préféré nous taire plutôt que de poser des questions qui auraient pu la gêner.

Donc, quand je vois des membres du PQ reprocher aux opposants de Pierre Karl Péladeau de lui poser des questions embarrassantes avant que ce ne soit les libéraux qui le fassent, comme ce fût le cas pour André Boisclair et Pauline Marois, je me demande s’ils ont volontairement oublié les erreurs commises dans le passé par les conseillers des chefs et les membres du parti.

Souhaitons-nous tous que le prochain chef du PQ sache s’affranchir de tous ces racoleurs et bonimenteurs qui ont entouré ses prédécesseurs, qu’il renouvelle la vieille garde qui fait écran entre les membres et les chefs, entre les Québécois et leur premier ministre, préférant taire les bonnes questions plutôt que d’y répondre franchement et sans détour.

Personnellement, j'aime mieux les tiraillements entre Pierre Céré, Martine Ouellet et Pierre Karl Péladeau qui donnent l’occasion à ce dernier de nous montrer de quel bois il se chauffe, plutôt que la langue de bois de ceux qui ménagent leur monture et calculent leurs interventions afin de ne pas déplaire au prochain chef dont ils souhaiteront tous être le plus proche possible afin de l’abreuver de leurs conseils.

Si j'étais chef, j’aimerais mieux être entouré par des conseillers qui me disent la vérité plutôt que par des groupies, des couillons et des carriéristes qui ont conduit notre parti là où il est rendu.

Pas plus que moi, personne au PQ ne souhaite voir le remake de "À hauteur d'homme".

Lorsqu’on se prépare pour une guerre sans merci comme celle de l’indépendance, on n’a pas besoin de mauviettes qui s’écrasent devant le chef, mais de guerriers qui ont prouvé leur valeur sur le champ de bataille. À cet égard, les feuilles de route des Céré, Ouellet et PKP sont éloquentes.

Pierre Karl Péladeau est bien assez grand pour se défendre des attaques de ses amis, il n’a pas besoin des câlins de ses opposants pour renforcer sa carapace et affiner ses habiletés politiques, mais de ceux qui font vraiment de la politique autrement.

Comme Céré et Ouellet, PKP est un guerrier.

***

Sur le même sujet :

À hauteur d’homme ou l’art de bien s’entourer

Pierre-Karl Péladeau, le chaînon manquant

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2015

    vraiment, on a besoin de se mortifier comme si on n'avait pas pris toute une baffe sur le gueule le 7 avril 2014!!!
    Allez chers messieurs, ralliez-vous! Il est maintenant temps de se retrousser les manches et de travailler pour le pays à venir bientôt.
    Assez le ressentiment et les frustrations.
    En passant, il est très boîteux de comparer PKP à André Boisclair. Il n,a pas mis le pays en avant dans toutes ses discours. Au contraire, il s'est montré ambivalent.
    Et vous, seriez-vous comme lui (M. Boisclair) ambivalent?
    De grâce, assez de brassage d'idées contreproductives !
    Mme M. Otis

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mai 2015

    Merci M. Lapointe de me remettre les pieds sur terre en me dévoilant le courage et la force nécessaire pour affronter le nouvel horizon indépendantiste,comparativement à la stratégie du rêve du ''Grand Soir'',pour paraphraser, M. Pomerleau.
    Excellent texte.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2015

    Bravo M.Lapointe.
    Je trouve, qu'il y a beaucoup de gens au PQ, qui vont être déçus, si l'on proclame un sauveur. Je suis entièrement d'accord avec vos propos.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2015

    ENFIN UN QUI A COMPRIS! HOURRA!
    Bravo monsieur Lapointe pour cette excellente analyse et ces analogies pertinentes aux prédécesseurs du prochain chef. Le vote des membres du Parti québécois, vendredi de la semaine prochaine, est trop important et le risque de nous tromper (encore) pourrait avoir des conséquences graves et irréversibles pour l'avenir du parti et la possibilité de faire du Québec un pays.
    Comme vous l'avez compris dans votre texte, nous sommes effectivement en guerre. Le Camp du NON nous l'a déclarée lors du référendum de 1995. Le fédéral a pris tous les moyens politiques et juridiques pour rendre impossible la répétition de la "frousse" qu'ils ont eue avant de nous voler le résultat. À Québec, étant incapable de convaincre les Québécois des avantages de demeurer une province canadienne et placé devant une fin de non-recevoir de la part du Canada pour toute possibilité de gain pour le Québec, le PLQ a entrepris la démolition des assises de notre demi-État national pour discréditer notre modèle de justice sociale pour conditionner l'opinion publique en faveur du privé (amis du PLQ) et mettre, justement, notre bien collectif au service de ses amis et bâilleurs de fonds.
    Si le PQ s'est refusé, depuis 2004, à envisager les "gestes de rupture" pour s'arracher du cadre constitutionnel canadien, les partis fédéraux (PCC, PLC, NPD), depuis 2011, ont rompu avec l'obligation de composer avec la différence québécoise et le PLQ, le collaborateur à leurs basses œuvres, a rompu avec le consensus social du peuple québécois. Élu essentiellement à cause des vices structurels de notre système électoral et politique, il ne reste plus que la rue au peuple québécois pour démontrer son indignation envers ce gouvernement illégitime.
    Comme à la guerre, les membres du PQ sont autant de valeureux soldats qui ont pour mission de combattre les forces fédéralistes, bien retranchées et richement approvisionnées en armes, en véhicules, en munitions et autres équipements stratégiques. Or, à moins d'être prêt à risquer sa vie inutilement, il n'y a personne, au sein du mouvement indépendantiste, qui serait prêt à suivre un commandant qui n'a pas démontré éloquemment ses qualités militaires (stratège, courage, leadership, exemple, capacité de remise en question) dans le feu de l'action contre l'ennemi. Pour un combat aussi décisif que celui de la dernière chance pour la réalisation de l'indépendance, on ne peut se permettre de promouvoir un membre comme commandant en chef sans devoir se soumettre à l'épreuve du feu et à un entraînement rigoureux. Et à un engagement solennel envers ses troupes de prendre tous les moyens pour réussir la mission confiée, sous peine de perdre l'estime ou la confiance de ses troupes.
    Or, n'en déplaise aux "bien-pensants" du PQ, les arguments ou questions "embarrassantes" posées par les candidat(e)s à leurs adversaires lors de cette course sont de notoriété publique. Croyez-moi: l'ennemi en face est tellement déterminé à en finir avec nous que s'il y a quelque controverse ou squelette que ce soit dans le placard de quiconque entend devenir chef du PQ, il fera des pieds et des mains pour le découvrir et même l'inventer! Gilles Duceppe est bien placé pour savoir jusqu'où l'Empire Desmarais est capable de pousser pour arriver à ses fins.
    Donc, je préfère savoir d'avance les imperfections et les intentions claires de mon prochain chef pour voter en toute connaissance de cause le 15 mai, plutôt que de découvrir mon erreur plus tard, quand l'ennemi l'aura déboulonné décisivement et qu'il sera trop tard pour faire machine arrière.
    Par respect pour les membres et pour le bien de la cause qui nous rassemble, j'espère que tous auront obtenu une réponse satisfaisante de leur protégé(e) au dernier débat de cette course ce soir!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 mai 2015

    Notre époque vit des guerres sales à tous les coins du monde!
    À une autre époque, le mot guerrier était valorisé: warrior chez les Mohawks.
    La sale guerre que nous vivons a imposé le silence à Lisée, à Drainville, s'est essayée sur Céré, Ouellet, et le dernier aussi, dit-on, Cloutier. Les pieds écrasés dans les coins sombres et les sourires jaunes aux caméras... Simples rumeurs? Testons, au dernier débat, si les questions sont devenues tolérables.