Les Haudinossonis ou peuple des longues maisons

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir



Les Haudinossonis /Odinossonis.. ce nom a été écrit de multiples façons tant les noms se transmettaient avant tout oralement et tous ceux qui rédigeaient les textes qui sont parvenus jusqu'à nous, les écrivaient comme ils les entendaient.. auxquels il faut rajouter la prononciation et l'orthographe données également par la suite par les Anglais..
Ce peuple Odinossonis, avait été surnommé Iroquois par les Français parce qu'en effet les chefs de ces tribus,lorsqu'ils venaient parlementer avec les Français s'exprimaient fièrement en hommes libres, d'égal à égal avec eux, et de leur côté les Français les recevaient exactement comme des ambassadeurs de leurs pays.
Ces chefs terminaient toujours leurs phrases en croisant haut leurs bras sur la poitrine en disant " Iro Koné : j'ai dit !"
Les premiers Français arrivés sur ce sol d'Amérique du Nord ne comprenant évidemment rien, se tournaient alors vers leurs interprétes et demandaient : "Qu'est-ce qu'ils disent ? Iro... quoi ?
Ces Odinossonis, avaient en effet inventé le jeu de la crosse des décennies avant l'arrivée des Français afin de distraire leurs guerriers de l'idée de se faire la guerre entre eux..
Un de leurs chefs Deganawida, constatant avec quelque amertume que leur peuple ne cessait pas de se faire la guerre les uns contre les autres, eut l'idée de créer une Confédération qui regrouperait leurs Cinq tribus ou Cinq Cantons ce qui leur permettrait ainsi de vivre en paix, au moins entre eux.. il envoya des ambassadeurs auprès des Wendat, car ces Wendat étaient à l'origine de la même souche familiale que les Odinossonis, mais, il y avait des années de cela, ils avaient fait sécession.
Alors, en voyant arriver ces ambassadeurs afin de les inciter à revenir dans le giron de la Nation Odinossonis, ils ont poussé un grand éclat de rire, hors de question pour eux ! Leur seule réponse a-t-elle été de les recouvrir de sucre d'érable et de plumes ? En tous les cas, c'est certain ils les ont renvoyés chez eux en les jetant eux et leurs canots dans les rapides.. en revenant dans leurs cantons ils se sont tous sentis si humiliés qu'ils ont juré la perte de ce peuple Wendat .. et c'est ainsi qu'ils s'y acharneront jusqu'à ce qu'ils y arrivent réellement, comme on l'a constaté et cela s'est accéléré entre 1648 et 1650 où après avoir vu brûler tous leurs villages les uns après les autres, tuer ou emmener prisonniers tant des leurs, voyant qu'ils ne restaient plus que trois cents personnes sur la totalité de leur peuple, dont certains s'étaient enfuis le plus loin possible, disséminés dans les îles du lac Huron, et jusqu'à Michillimakinac, les pauvres restes de la nation Wendat - cette nation avait été baptisée Hurons par les Français - sont venus auprès du père Ragueneau le supérieur des missions afin qu'il accepte de les amener à l'abri des Français à Québec,..Après plus de trente cinq jours terribles de marche où la peur les tenaillait tous, femmes, enfants vieillards, la peur de voir surgir des hautes herbes ou au détour d'un portage, un parti Odinossonis qui leur aurait sauté dessus pour les exterminer,ou les faire prisonniers ils atteignent enfin Québec, au bout de plus de mille deux cents kilomètres qui séparent la Huronnie de Québec.. .
Là, ils sont secourus par le gouverneur de la Nouvelle France et ils sont installés sur l'île d'Orléans où ils resteront jusqu'à ce qu'en 1673 les jésuites leur donnent une concession sur laquelle ils pourront définitivement être chez eux.. Puis le père Chaumonot y fera construire en 1674 une petite chapelle qu'il nommera N.D de Lorette en souvenir d'une guérison
qui lui était arrivée en Italie grâce aux prières qu'il avait faites à cette N.D de Lorette.. .
Les territoires des Cinq Cantons Odinossonis se situaient en éventail au sud du Saint Laurent, depuis la côte Est de l'Amérique du Nord, le long de l'Atlantique jusqu'au lac Ontario..
la tribu Annierronon, appelée Agnier par les Français puis Mohawk plus tard par les Anglais, était celle qui installée le long de l'Atlantique avait accueilli les Hollandais le jour de l'Action de grâce, et avait fait cette entente avec eux appelée chaine de convenant. Cette tribu était donc, plus tard lorsque en 1664 les Anglais s'empareront de la Nouvelle Amsterdam, la plus proche de l'état de New York. Ces Agniers étaient les plus vindicatifs contre la Nouvelle France. Ce sont eux qui ont le plus tués et torturés de Français, ce sont eux qui ont donné cette image de cruauté à ce mot même d'Iroquois, alors que les autres tribus que ce soit les Goyougouins, Tsonontouans, Onneyouts ou encore Onnaontagués l'étaient nettement moins et ont même eu des longues périodes de paix et d'entente avec les Français comme on l'a vu avec les Onnaontagués (écrit aussi Onontagués) principalement avec un de leur sachem Garakontié puisqu'une une mission avait même été implantée chez e
ux près du lac Onondaga. Le territoire de ces Onnaontagués se trouvait le long de la rivière Chouanon ( Oswego ) sur la rive Est du lac Ontario..
N'oublions pas les différentes périodes de paix avec tout le peuple Odinossonis, telles la première paix de 1646, puis celle de Cataracoui, ce grand parlement de Frontenac en 1673 mais aussi bien sûr la grande paix de Montréal du 4 août 1701
Plus tard, après 1712 une sixième nation Odinossonis, les Tuscaroras, les rejoindra, elle vivait jusque-là en Caroline du Nord mais chassée par les commerçants anglais, désireux de lui prendre ses territoires, ele remontera vers le Nord et rejoindra sa famille Odinossonis et depuis lors on parlera des Six Nations.
Lorsque Jacques Cartier est arrivé à Stadaconé une nation vivait-là, il emmènera en France les fils du chef Donnacona et à leur retour chez eux au printemps suivant ils apprendront aux Français le mot par lequel ils désignent leur village ou leur petit regroupement de cabanes, ce mot magnifique de Ganata-ha que les Français prononceront Canada !. Jacques Cartier désignera alors Stadaconé sous le nom de Canada puis petit à petit par extension ce sera toute la vallée du Saint Laurent qui sera appelée ainsi .. Cependant plus de 60 ans passeront avant que Samuel de Champlain n'arrive à sont tour au pied du cap Diamant.. Alors curieusement il n'y rencontre pas cette tribu, elle n'y est plus .. On la retrouvera néanmoins le long de la rivère Oswego, sur la côte Est du lac Ontario et on présume que cela pouvait bien être les mêmes Onnaontagués qui vivaient à Stadaconé du temps de Jacques Cartier, à cause de ce mot de Ganata-ha décrypté par la suite et reconnu en effet comme un mot Onnaontagué ..
Pouquoi ces personnes ont-elles quitté les lieux ? Pourquoi se sont-elles installées ailleurs ? Y avait -il eu des feux de forêts, des problèmes climatiques ou des guerres entre le tribus de ces régions du bord du beau Kaniatarowane-neh qui les aurait fait déménager ? ou même des pêcheurs de morue qui auraient peut-être pu remonter le fleuve ?. .la question reste posée.
Auteur : marie-hélène morot-sir

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2010

    @ Hastings
    Le combat des Indiens, des Métis et des Québécois de souche est un seul et même combat. Nos ennemis sont les mêmes.
    Les faiblesses des uns ne justifient pas les nôtres.
    Pourquoi Max Gros-Louis serait-il plus coupable que bien des nôtres...!!! et je ne les nommerai pas. Cependant, je peux répéter encore une fois que nous sommes tous victimes des mêmes personnes, depuis 250 ans.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2010

    Chère Madame Mance Vallée, merci de votre commentaire si encourageant .... Les longues maisons des Odinossonis abritaient cinq feux ou cinq familles ce qui symbolisait leur Nation des cinq Cantons, jusqu'à ce qu'une sixième vienne plus tard les rejoindre.
    Je ne sais si vos maisons voulaient reprendre ce symbole, mais il est vrai aussi que dans les fermes françaises de ces époques lointaines la vie de la famille se passait aussi dans les cuisines. C'étaient des salles très grandes autour d'une immense cheminée qui réchauffait toute la maisonnée, elle abritait plusieurs générations puisque enfants, parents, grands parents et même aïeux, tous vivaient ensemble. Dans certaines régions froides de montagne, comme le Massif Central,les lits étaient eux aussi placés dans cette grande salle, mais ils étaient au fond de la pièce et ils étaient entourés de cloison de bois,ressemblant à de petites pièces fermées.
    @ Jean le Québécois merci aussi de votre extrême gentillesse, qui me touche énormément... En effet les Odinossonis, et pas seulement la seule tribu Annierronnon que vous appelez à la manière anglaise Mohawk, avait décidé la disparition de ce peuple Wendat.. Sans la décision du père Ragueneau de les amener à Québec et du Gouverneur de la Nouvelle France d'Ailleboust qui venait tout juste de succéder à Huault de Montmagny, de les accueillir et de les installer à l'abri des Français, il est certain qu'ils n'existeraient plus !
    C'est ainsi que les choses se seraient passées ou alors auraient subsité seulement quelques descendants métissés chez les Odinossonis, puisque ces derniers lorsqu'ils ne tuaient pas leurs prisonniers, les adoptaient et ils devenaient de véritables Iroquois puisqu'ils faisaient ainsi un incroyable réequilibrage démographique.. C'est de cette façon aussi qu'ils prenaient des enfants et les élevaient à l'iroquoise .. les autres Amérindiens faisaient également ce genre de réequilibrage démographique mais ce sont les Odinossonis qui ont le plus agi en ce sens ..et plus particulièrement les tribus les plus vindicatives comme les Annierronnons, puisque plus le nombre de guerriers tués était important, plus il leur fallait les remplacer .. On peut donc dire qu'ils se sont énormément métissés, non seulement avec les autres Amérindiens mais aussi avec les Français ..
    Si les Français n'avaient pas ainsi réellement et pour de bon "sauvés" les restes de cette pauvre nation Wendat, les trois cents personnes survivantes qui se cachaient dans les îles du lac Huron, et principamement sur l'île Saint Joseph, après avoir assisté à la destruction de leurs villages, aux tortures et à tous ceux qui avaient été emmenés prisonniers, ils seraient morts de froid ou de faim l'hiver arrivant, risquant encore que des partis Odinossonis ne les trouvent pour les achever .. quelques-uns avaient réussi à atteindre Michillimakinac et s'étaient réfugiés au poste français et à la mission qui les avaient accueillis ..d'autres avaient réussi à trouver du réconfort chez certains Odinossonis, heureusement moins enragés que les autres contre leur nation Wendat... C'est pour cela qu'on peut dire que certains ont émigré aux états-unis puisqu'ils s'y trouvaient, bien avant que ces derniers ne soient créés..
    Ce sont les faits historiques: les Français ont bien sauvé cette Nation Wendat de ce terrible génocide et sans cela aujourd'hui aucun Wendat ne serait là pour raconter autre chose !.. leurs descendants d'aujourd'hui, poussés depuis 250 ans pour que cette grande amitié Franco Amérindienne soit la plus divisée possible, la plus éclatée même, permet en effet de mieux régner... "Diviser pour mieux régner" une fois de plus !
    En ignorant et en occultant le Passé il est facile de monter les gens les uns contre les autres..
    Les Wendat, que ce soit les Attingueenougnahak ou leurs trois autres tribus Wendat, étaient les alliés des Français, ils avaient signé cette grande alliance avec eux, et avec le roi Henri IV non pas le jour même de la tabagie de Tadoussac comme tous les Attichawatta, mais quelques jours après, puisqu'il leur fallait le temps de se rendre, depuis leur pays Wendat sur la baie georgienne, jusqu'au bord du fleuve .. ils se sont toujours bien entendu avec les Français.. même lorsque les Wendat tueront le père Viel et 9 autres Français le chef Tsondihwane de la tribu des Attingueenougnahak mettra tout en oeuvre pour les sauver, de même pour le père Jean de bréboeuf.. ils ont voulu et désiré faire des alliances (mariages) avec les Français tout le long de ces 150 ans où a duré le Régime Français...
    Il est en effet facile de dire que ce sont les Français qui en apportant les maladies européeenes, ont de ce fait éradiquer la Nation Wendat ! Il y a en effet des maladies qui n'étaient pas connues des Amérindiens, qui les ont tristement rendus malades car leur organisme n'était pas immunisé.. comme par exemple la petite vérole qui nous rappelle le terrible souvenir du général Armhest et de ses couvertures variolées ! ..

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2010

    Max Oné Onti le généreux :
    « En 2006, Max Gros-Louis a refusé de s'associer aux revendications de la Confédération des peuples autochtones pour les Indiens vivant hors des réserves. »
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Gros-Louis

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2010

    Les Hurons Wendats sont prisonniers du gouvernement fédéral qui les contrôle depuis des siècles et qui, par la même occasion, les détruit lentement mais sûrement. Comme il essaie de le fairer avec nous.
    Alors pensez que le passeport iroquois, l'Angleterre et le Canada se le mettent là où je pense.
    Ils ont dû subir, eux aussi, la même médecine que nous. À la différence qu'il n'y a pas eu de revanche des berceaux comme nous l'avons fait. Ils ne font pas le poids.
    On oublie parfois de se rappeler que l'histoire des Indiens du Canada et des USA est une histoire de génocide. Rien de moins.
    Je sais de source sûre que les rancoeurs ancestrales entre les Hurons Wendats et les Agniers ne sont pas encore éteintes. Le nouveau Grand Chef Sioui voudra peut-être régler ce problème, mais je ne crois pas qu'il y arrive. Pas plus que son prédécesseur Max Gros-Louis.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2010

    Que c'est beau et intéressant ce que vous venez d'écrire, madame Morot-Sir ! Quel bel hommage vous nous rendez à tous.
    Nous savons que la « maison longue », disions-nous dans mon enfance, était iroquoise. Et je me suis souvent demandée si nos anciennes maisons canadiennes françaises avec leur immense cuisine autour du feu n'était pas une réplique de ces longues maisons. Sans doute. L'hiver nous vivions dans cette partie de la maison autour du poêle à bois. Ce qui explique, me disait le médecin, les problèmes pulmonaires de ma famille et de celles de nos voisins. Enfin ! Je ne raconterai pas ma vie.
    Et merci encore ! Il est bon de temps en temps de lire de belles choses sur NOUS. Nos ennemis nous rabaissent, nous piétinent, nous humilient depuis 250 ans. Ça relève le moral qui est parfois bien bas, ces temps-ci.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    19 juillet 2010

    @ Mme Marie-Hélène Morot-Sir:
    Bonjour, chère soeur d'outre-Atlantique,
    Merci pour ce fort intéressant nouveau texte. Une chose en particulier, a attiré mon attention:
    «...les pauvres restes de la nation Wendat - cette nation avait été baptisée Hurons par les Français - sont venus auprès du père Ragueneau le supérieur des missions afin qu’il accepte de les amener à l’abri des Français à Québec...».
    Ici, chez nous, un célèbre ex-chef huron wendat, nommé Max Gros-Louis, et qui a une tendance à vouloir réécrire l'histoire, passe son temps à répéter, à quel point les Français ont été injustes et crules envers son pauvre peuple (!), etc, etc...
    Or, il semblerait qu'en leur accordant notre protection, nous les ayions sauvés d'un possible génocide, aux mains des Mohawks, nos amis Hurons.
    S'il doit y avoir un troisième référendum, peut-être serait-ce bien, que nos amis Wendats se souviennent de ce que nous avons fait pour eux, au lieu de systématiquement voter NON...