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Les imposteurs de la gauche québécoise – Entretien avec Philippe Sauro Cinq-Mars

Déconstruire la gauche actuelle

Entretien avec Philippe Sauro Cinq-Mars

Le jeune essayiste Philippe Sauro Cinq-Mars vient de sortir un premier livre Les imposteurs de la gauche québécoise, aux éditions Les Intouchables.



Le livre : http://lesintouchables.com/livre-931-Les-imposteurs-de-la-gauche-quebecoise.php



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1 commentaire

  • Éric F. Bouchard Répondre

    30 septembre 2018

    Deuxième essai


    Si vous poussiez plus loin votre réflexion, vous vous rendriez compte que la québécitude elle-même participe de l’imposture gauchiste que vous dénoncez. La post modernité s’affirme chez-nous dans les années 1950 et 1960, tout comme le néonationalisme québécois. Pour mieux dire, la québécitude fut l’un des visages politiques que la postmodernité prit chez-nous, l’autre étant le multiculturalisme canadien.


    L’arrêt brutal de l’émancipation politique des Canadiens-Français à partir de 1968 et l’inéluctable dénationalisation qui s’ensuivit, n’est ainsi pas du seul fait du cadre canadien, mais bien davantage de celui du pluralisme au fondement de la "post" identité québécoise. En ce sens, QS n'est que le fruit de la déconstruction identitaire et nationale que mènent le PQ et le PLQ depuis 50 ans.


    C'est sans doute pourquoi, froissé d'être dépassé par sa gauche, Lisée a-t-il tenu à initier un premier débat en anglais, afin que le PQ reprenne l'initiative dans ce long processus d'aliénation postmoderne qu'est le nôtre.


    C’est pourquoi aussi, face à ce mépris désormais affiché pour notre singularité nationale, une majorité de Canadiens-Français prennent conscience d’être les sacrifiés de l’imposture idéologique qu’est la québécitude. Ce sentiment ne date pas d’hier, mais du fait de l’intoxication post moderniste de l’ensemble des élites pro PLQ ou pro PQ (et bientôt pro QS), ce sentiment a toujours eu du mal à s’incarner politiquement.


    L’ADQ puis la CAQ sont issus de ce malaise ressenti par les Canadiens-Français face à l’indifférence grandissante de l’État québécois à leur endroit. Mais avec nos grands médias, vecteurs de la pensée diversitaire ou multiculturaliste, ni l’ADQ, ni la CAQ n’ont pu véritablement percer, du moins jusqu’ici.


    C’est ce qui rend le résultat du 1er octobre si intéressant pour les nationalistes sincères. Advenant une issue favorable pour la CAQ, le prochain gouvernement devra sa victoire aux seuls Canadiens-Français inquiets de l’immigration de masse et des transformations profondes qu’elle entraîne, soucieux en somme de leur marginalisation rapide au sein de leur patrie.


    C’est pour ça que Couillard et Lisée terminent leur course dans une campagne de peur. Elle est là la grande peur des bien-pensants québécois : la réémergence d’un gouvernement résolument canadien-français comme du temps de l’Union nationale. Avec la CAQ, on est certes bien loin du compte, mais comment pourrait-il en être autrement? Cela fait 50 ans qu’on dénigre et qu’on assèche la nationalité canadienne-française, 50 ans qu’on éduque les nôtres dans la religion de la diversité, 50 ans qu’on nous promet qu’en partageant une identité post moderne avec tous, nous saurons nous faire reconnaître et nous faire respecter pour ce que nous sommes. Eh bien, c’est faux : le « non Canadien-Français » est plus fermé que jamais à nos aspirations nationales. Le résultat du vote ne fera que l’illustrer avec éclat.


    Et n’eût-été de la part du vote des vieux péquistes scotchés dans leurs illusions de jeunesse et des diverses clientèles obligées du PQ, c’eût été encore plus évident. On aura d’une part, les comtés dominés par les Libéraux ou les progressistes, de l’autre, les comtés à majorité canadienne-française.


    Si d’aventure on ne saisit pas cette chance unique de mettre en lumière le malaise canadien-français au Québec, et donc, toute l’actualité de la nation canadienne-française, si on n’en profite pas pour reconstituer un lobby efficace défendant l’héritage et les intérêts de cette dernière, nous ne pourrons que nous en prendre à nous-mêmes. Vous le savez mieux que quiconque, vous qui avez diffusé les chiffres de Grégoire Bergeron, il ne reste au mieux, que deux élections générales pour rectifier le tir.


    Il n’en tient qu’à nous d’éviter qu’un gouvernement caquiste oublie trop vite les aspirations des Canadiens-Français du Québec, d’empêcher qu’il se conforme à la post modernité québécoise.


    Alors, on s’appelle et on déjeune, ou on continue à s’écouter parler?