Anglais intensif

Lettre à la ministre de l'éducation du Québec et au président de la FCPQ

Crise linguistique au Québec 2012

Madame Line Beauchamp, ministre de l’éducation du Québec
_ Monsieur Gaston Rioux, président de la Fédération des comités de parents du Québec
Madame,
_ Monsieur,
La mesure d’implantation de l’anglais intensif en sixième année telle qu’envisagée par le gouvernement du Québec s’appuie notamment sur l’aval supposé d’une majorité de parents. C’est ce que suggère la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), mentionnant que 87 % des parents sont favorables à cette mesure. Or, nous estimons que les parents du Québec n’ont pas été correctement informés et encore moins consultés à ce sujet. La seule instance qui actuellement parle au nom des parents du Québec n’a pas, selon nous, agi de manière démocratique et juste dans ce dossier.
Le 13 février dernier, la FCPQ appuyait la mesure gouvernementale sur la base d’une résolution adoptée à 87 % par les 55 délégués des comités de parents. Cependant, la Fédération elle-même n’est pas en mesure de certifier que ces délégués ont tous consulté les membres de leur comité respectif avant de voter. Il s’agit là, selon nous, d’un déficit démocratique important qui est sujet à questionnement. De plus, la Fédération mentionne, dans sa résolution, que les délégués se sont en partie basés sur le sondage qui avait été distribué, quelques semaines avant ce vote, aux membres des comités de parents. Or, il est impossible que ce sondage puisse indiquer que les parents étaient très majoritairement favorables à l’implantation de l’anglais intensif en sixième année pour la simple et bonne raison qu’aucune question n’y était posée à ce sujet. Donc:
Considérant que le chiffre de 87 % ne traduit pas l’avis des parents du Québec mais plutôt celui de 55 délégués au Conseil général de la Fédération qui n’ont pas tous consulté les membres de leur comité de parents respectif avant de prendre position;
Considérant que le sondage réalisé par la FCPQ du 9 décembre 2011 au 20 janvier 2012* auprès des parents, comporte un important biais méthodologique et que la Fédération elle-même suggère la prudence quant à l’interprétation des résultats de ce sondage (cf. en page 2 du document Résultats du sondage mené auprès des membres de la FCPQ et de la consultation faite auprès des parents du FPEHDAA );
Considérant que ce sondage ne comporte aucune question demandant aux parents s’ils sont pour ou contre la mesure d’anglais intensif et que plusieurs questions induisent des réponses favorables (ex : Question 1 - Cochez les deux éléments qui, selon vous, pourraient représenter les plus grands avantages, pour votre enfant, de bénéficier de l’enseignement intensif de l’anglais langue seconde.);
Considérant que, tel que précisé dans l’extrait du procès verbal du Conseil général de la Fédération, le Comité implication parentale pour la réussite et la persévérance scolaires a recommandé aux délégués une prise de position favorable à la mesure sur la base, dit-il, des résultats de ce sondage;
Considérant que la période des Fêtes durant laquelle le sondage a été mené, soit du 9 décembre 2011 au 20 janvier 2012*, est une période peu propice à une consultation rigoureuse;
Considérant le bouleversement majeur institué par l’implantation de l’anglais intensif obligatoire au curriculum scolaire de tous les enfants de 6e année du Québec et l’absence d’études sur ses impacts culturel et identitaire;
Nous, parents, estimons que l’annonce faite le 13 février dernier par la FCPQ lors d’une conférence de presse, à l’effet que 87 % des parents du Québec seraient en faveur de l’anglais intensif au primaire, ne reflète pas la réalité et que ce chiffre a été abusivement utilisé.
En l’occurrence,
Nous réclamons de la Fédération des comités de parents du Québec, qui a le devoir de consulter ses membres avant de prétendre parler en son nom, qu'elle reconnaisse l'importance des enjeux sociaux que cette mesure implique et qu'elle admette qu'un réel débat de société est essentiel avant toute consultation plus large, transparente et juste engageant tous les parents du Québec.
Pour ces motifs, mais surtout parce qu’une réflexion de société s’impose,
Nous demandons au Ministère de l’éducation du Québec d’imposer un moratoire sur l’implantation de l’anglais intensif au primaire.
* Dans son document, la Fédération mentionne la période du 9 décembre au 20 janvier. Toutefois, selon le courriel envoyé aux délégués et présidents de comités de parents, les réponses étaient attendues au plus tard le 6 janvier 2012.
Les personnes suivantes ont signé :
Valérie Jean, Rimouski (CS des Phares), parent
Virginie Hébert, Rimouski (CS des Phares), parent
Marie-Claude Chénier Rimouski (CS des Phares), parent
Julie Roberge, Rimouski (CS des Phares), parent
Isabelle Morin, Rimouski (CS des Phares), parent
Pierre Le Fèvre, Rimouski (CS des Phares), parent
Alain Martineau, Rimouski (CS des Phares), parent
Ethel Gueret, Rimouski (CS des Phares), parent
Alain Dion, Rimouski (CS des Phares), parent
Julie Veilleux, Rimouski (CS des Phares), parent
Eve Lavoie, Rimouski (CS des Phares), parent
Nelson Bussières , Mont-Joli, (CS des Phares), membre du CE de l’école Norjoli, membre du Comité de parents
Frédéric Lacroix, Québec, (CS de la Capitale), parent
Caroline Hébert, Québec, (CS de la Capitale), parent
Anna Kowalczyk , Québec, (CS de la Capitale), parent
Maryse Poirier, (Québec), (CS des Découvreurs), parent
Les membres de l’exécutif du Comité central de parents de la CSDM :
Manon Ricard, Montréal (CSDM), Présidente, CCP
_ Chantal Deraspe, Montréal (CSDM), v-p formation, CCP
_ Mélanie Robinson, Montréal (CSDM), v-p communication, CCP
_ Marie-Ève Rocheleau, Montréal (CSDM), Commissaire parent primaire, CCP
_ Lynda Laurencelle, Montréal (CSDM), Commissaire parent secondaire, CCP
_ Marjolaine Leblanc-Roberge, Montréal (CSDM), parent
Jean-François Carrier, Montréal (CSDM), parent
Sylvie Pelletier, Cap-Chat, (CS des Chic-chocs), Présidente du C.É de l’école l'Escabelle/St-Norbert
Richard Girard, Cap-Chat, (CS des Chic-chocs), membre du C.É de l’école l'Escabelle/St-Norbert
Valérie Desbiens, Cap-Chat, (CS des Chic-chocs), membre du comité EHDAA
Jean-François Vallée, (CS Kamouraska-Rivière-du-Loup), porte-parole du MQF Bas-Saint-Laurent
Claude Paradis, Québec, Cégep Sainte-Foy, Professeur de français et de littérature et coordonnateur au Département de français
Virginie Dufour, Québec,Cégep de Sainte-Foy
Jacques Côté, Québec, Cégep de Sainte-Foy
Cette lettre est appuyée également par tous les autres membres des Citoyens pour un moratoire sur l’anglais intensif au primaire
http://www.anglaisintensif.org/


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mars 2012

    Enfin quelqu'un réagit!
    Après les écoles passerelles, la 6 e bilingue et les HEC en anglais seulement sans la cafétéria ( pâté chinois écrit en français ouff!), si cela ne fait pas réagir les citoyens alors là c'est la Louisiane assurés effectivement.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    1 mars 2012

    Merci Madame pour cette information.
    Attaqués de toutes parts, on finira bien par sortir d'Internet et aller prendre le pouvoir à Québec un jour ou l'autre, faute de quoi, c'est la Louisiane assurée.
    Je m'occupe des plumes...et d'autres iront chercher le goudron sale de Pétrolia...