M. Philippe Couillard
Premier ministre du Québec
« À s'mer du vent de cette force là / Tu t'prépares une joyeuse tempête.
Pt'être ben qu'tu t'en aperçois pas... »
Gilles Vigneault, Lettre de Ti-cul Lachance à son premier sous ministre [1971]Ambassadeur du Québec à l'échelle internationale, en vertu de votre fonction même, vous ne jurez que par le Canadian Nationalism. Champion et gardien de la Langue française en sol nord-américain, par votre fonction également, par cent et une manières vous considérez celle-ci, à toutes fins utiles, comme un simple idiome parmi d'autres, et avalisez de ce fait (quand vous ne les initiez point de votre propre chef) tous les reculs de notre unique Langue officielle. Cinglant et dogmatique dans vos opinions, d'ailleurs souvent impulsives ou peu réfléchies (rigidité psychique), sinon solipsismiques à l'occasion, et pas toujours fondées rationnellement (intégrisme idéologique), et par là même extrêmement discutables (épithète clé de toute démocratie qui ne soit pas strictement nominale), vous stigmatisez jusqu'à l'ostracisme quiconque ne partage pas cet aveuglement qui vous habite en quasi-permanence. Bref, votre simplisme intellectuel - d'un funeste inouï - est tout simplement confondant.
Héraut des « vraies affaires » (services auprès de la population la plus démunie réduits à peau de chagrin en concomitance, cherchez l'erreur, avec une dette exponentielle et incontrôlée), et toujours incapable à ce jour de saisir que le Non-Je éradique per se tous les Tu possibles (le Non-Je tue le Tu. Ou, dit autrement : point d'altérité sans identité), vous êtes parvenu, monsieur, sur presque tous les plans de la vie collective, à réexpédier la nation québécoise cinquante - voire cinquante-huit ans - derrière le Nous laborieusement, pacifiquement, opiniâtrement construit. Jusqu'alors. C'est-à-dire, jusqu'à votre sombre épiphanie.
Homme intolérant qui au surplus ne dédaigne point cultiver la détestation, c'est à tout vent - ô surprise - que vous dénoncez l'intolérance. Vous vous présentez malgré tout, et non sans insistance, sinon ostentation, vous et vos troupes, comme des parangons de vertu, alors que le parti politique que vous dirigez « fièrement », né au XIXe siècle, est devenu à tous égards (à la faveur d'un Trésor public considéré comme un bien privé... de tout scrupule) une institution vile et extraordinairement corrompue. Ce qui de mémoire d'homme - bien qu'en la matière j'accorderais sans renâcler un satisfecit à votre prédécesseur Jean Charest - est sans équivalent dans l'Histoire du Québec. Sous ce rapport, incidemment, est-il nécessaire de le rappeler, même les Taschereau et les Duplessis - voire le Bourassa première mouture (le second s'étant 'contenté' de jouer les naufrageurs) - peuvent aller se rhabiller.
Monsieur le Premier ministre, cessons de noyer le béluga québécois dans les eaux frelatées de la rectitude politique, et déclarons sur-le-champ, là contre, et sans détour, que vous êtes un véritable fauteur de violence.En conséquence, monsieur le Premier ministre, cessons de noyer le béluga québécois dans les eaux frelatées de la rectitude politique, et déclarons sur-le-champ, là contre, et sans détour, que vous êtes un véritable fauteur de violence. Car un homme qui troque le scalpel aseptisé des interventions chirurgicales pour le bistouri de la dilacération furieuse du tissu social - comme si par magie noire l'internat accordait le génie politique - est assurément un homme dangereux. Indubitablement dangereux. À savoir : qui saigne infiniment plus aisément son patient qu'il ne le soigne.
Votre gouvernance, franchement pathologique, confine à la schizoïdie. À la formation réactionnelle dans la meilleure, mais vraiment, dans la meilleure des éventualités. Et dans tous les cas de figure cliniques susceptibles d'expliquer votre « incoerrance » constitutive, et volontiers asociale (et je ne parlerai pas ici - de l'Éthique au Judiciaire et à l'Économique, via le monstrueux gâchis Santé - de votre prodigieuse incompétence), il s'agit en récurrence, objectivement parlant, il importe sérieusement d'en prendre acte, de manœuvres de trahison ouverte à l'égard de la Nation que vous aviez, n'est-ce pas, le mandat et de hausser, et de fortifier et de faire progresser vers un avenir en embellie. Et ce, dans la plus grande Liberté qu'il est naturellement autorisé d'espérer chez tout peuple digne de ce nom.
Philippe Couillard, il n'est plus possible de dissimuler votre personnalité politique. Qui est celle, permettez l'oxymore, d'un authentique usurpateur comme le Québec n'en avait jamais connu à ce jour. Soyons clairs : vous êtes le Philippe Pétain de notre temps.
Aussi, à titre de fils de la nation soumis contre sa volonté citoyenne la plus intime à cette déconstruction concertée, méticuleuse et finement ciselée du pays de mes ancêtres (refondé au demeurant avec vision, panache et intelligence, labeur et courage aussi, chemin faisant, par les pères et les mères de la Révolution Tranquille), et bien que simple individu, par ailleurs, parmi plus de huit millions de compatriotes (une forme de Ti-cul Lachance version 2017, en quelque sorte), j'estime, en mon âme et conscience, et ce par-devers toute partisanerie ou petite politique politicienne de même eau, monsieur le premier ministre, que vous êtes rien moins qu'un véritable criminel.
Si tant est qu'il soit rigoureusement exact (et je le crois) - aux dires de l'illustre Chateaubriand, qui, sa longue et honorable vie durant, du règne de la monarchie de droit divin aux soulèvements européens de 1848, en passant par la Révolution française, la Terreur, l'Empire napoléonien, la Restauration des Bourbon et les Glorieuses de Juillet, en aura vu et entendu plus que nécessaire - que « l'ambition dont on n'a pas les talents est un crime ».
Sur ce, monsieur, puisque rien n'est plus inquiétant qu'un homme honnête (dixit un mafioso influent au sein d'une cité en perdition), c'est à la manière du grand Boris que je vous informe que « si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que je n'aurai pas d'arme.
Et qu'ils pourront tirer. »
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