Après les rumeurs, les premiers contacts. L’ex-bloquiste Maria Mourani et les libéraux fédéraux songent à la possibilité de voir la députée rejoindre leurs rangs pour 2015. Mais avant même que le recrutement soit discuté de manière formelle, d’anciens partenaires bloquistes ont déjà prévenu le PLC qu’elle présente un risque de bisbille élevé.
Depuis la démission du caucus bloquiste de Mme Mourani et sa profession de foi fédéraliste, ses anciens collègues prédisent qu’elle tentera de rejoindre les libéraux. À la suite du redécoupage de la carte électorale pour le scrutin de 2015, les partis s’attendent à ce que sa circonscription d’Ahuntsic soit désormais acquise au Parti libéral du Canada (PLC).
Cette prophétie a semblé se confirmer dans les derniers jours, alors que certains ont entendu dire qu’elle avait établi un premier contact avec les troupes de Justin Trudeau.
Dans les coulisses libérales, on reconnaît qu’on tend l’oreille, tout en affirmant qu’aucune démarche « formelle » n’a été entreprise par l’un ou l’autre des camps.
Autres anciens bloquistes
Un député a néanmoins tâté le terrain auprès d’elle à la Chambre des communes, comme cela a été fait avec les autres députés indépendants depuis peu, tels que Brent Rathgeber (ex-conservateur) et Bruce Hyer (ex-néodémocrate passé récemment au Parti vert).
Le parti pèse pour l’instant les pour et les contre d’une telle prise et réfléchit à la pertinence de rallier d’anciens souverainistes au mouvement libéral. Un tel recrutement pourrait donner l’impression que les frontières entre fédéralistes et indépendantistes s’estompent, alors que ce n’est peut-être pas à l’avantage du PLC.
« C’est vrai que, dans une dynamique fédéraliste-souverainiste, on gagne parce que le NPD se trouve coincé dans le milieu avec la moitié de son caucus fédéraliste et l’autre moitié souverainiste, a-t-on confié au Devoir. Mais, d’autre part, avoir des gens de diverses allégeances démontre que le Parti libéral attire des personnes qui ne sont pas nécessairement des libéraux traditionnels, qu’on a des choses plus larges à offrir. » Cette même source rappelle que le recrutement d’anciens souverainistes était peut-être plus payant à l’époque de Paul Martin. « Aujourd’hui, on a autant à gagner qu’à perdre », pense-t-on.
Un libéral indique par ailleurs qu’il n’y aurait pas que Mme Mourani à être attirée par le PLC. D’autres anciens bloquistes auraient manifesté le désir de se joindre à l’équipe de Justin Trudeau — mais on refuse de dire qui pour l’instant.
Un député libéral, qui a parlé au Devoir sous le couvert de l’anonymat, ne partage pas cette ambivalence. « En tant que fédéraliste, on passe beaucoup de temps à essayer de convaincre les souverainistes que l’option fédérale est la meilleure. Alors, si on a une convertie, on ne peut pas lui dire de ne pas venir. » Il ajoute qu’il ne verrait « aucun, aucun problème » à la venue de Mme Mourani, bien que ceci relève de l’hypothétique, insiste-t-il.
D’autres se questionnent toutefois sur sa profession de foi fédéraliste, lors de laquelle l’ex-bloquiste a encensé la Charte canadienne des droits et libertés dans une lettre titrée « Pour protéger nos foyers et nos droits » — une référence à l’hymne national canadien. « Je ne sais pas si c’est une bonne chose [de la recruter] : est-elle fédéraliste ou juste contre la charte [de la laïcité] ? », s’est demandé cette source.
Coup publicitaire
Dans les rangs bloquistes, on note que les avantages à court terme — un bon coup publicitaire pour M. Trudeau — pourraient être rapidement annulés par la difficulté de « gérer » la députée au quotidien. « Maria, c’est une boîte à surprise, a souligné une autre personne au Devoir. À court terme, il pourrait y avoir des avantages au chapitre de l’image, mais je pense qu’il y a plein de gens qui disent à l’interne : on ne la veut pas. »
« Un coup que tu l’as, t’es pris pour vivre avec », commente un autre bloquiste, qui rapporte que, lorsque Gilles Duceppe a recruté Mme Mourani au Bloc, un péquiste lui avait lancé : « Tes troubles commencent. »
Une mise en garde qu’a réitérée une source bloquiste aux libéraux lors de la démission de Mme Mourani, en leur disant: « ne touchez pas à ça » et en les prévenant qu’elle est une « loose cannon ».
Connue pour son franc-parler, Maria Mourani pourrait inquiéter un futur parti par ses déclarations passées. De retour d’un voyage au Liban, en 2006, elle avait notamment déclaré au Devoir qu’à son avis des crimes de guerre y avaient été commis par Israël. Elle s’était ensuite en partie rétractée.
Maria Mourani regarde vers les libéraux
L’ex-bloquiste pourrait se joindre au Parti libéral du Canada en vue de l’élection de 2015
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