Médias et responsabilité

Tribune libre

Hier, nous avons assité en direct à un drame qui n'aurait jamais dû se produire. Un homme a perdu la vie dans ce qui semble avoir été une attaque directe contre la nouvellement élue Pauline Marois. L'homme qui a par la suite été arrêté a gueulé, dans un *franglais* à peine intelligible : "Les anglais sont ready !" On en saura davantage dans les jours qui suivent, mais il est légitime de se questionner sur la signification de ce triste événement.
Message politique, malade mental, attentat commandé, les théories vont bon train ce matin, les médias sociaux s'enflammes, les gens cherchent des réponses, cherchent des causes. Véronique Cloutier, dans un texte publié sur Facebook, soutient qu'une partie de la cause se trouve dans la haine qui enflamme certaines confrontations sur les médias sociaux. Voici un extrait :
"Le drame qui s'est joué hier soir représente malheureusement trop bien le climat de haine qui plane sur le Québec depuis le printemps. À grands coups de "cave, imbécile, tata, colon, ignorant" envers les "clans" adverses sur les réseaux sociaux, nous avons tous nourri ce sentiment. Je sais bien qu'on peut s'insulter et diverger d'opinion, ça ne veut pas dire qu'on va se pointer au Metropolis et tirer. Mais les réseaux sociaux sont lus par tous, incluant les extrémistes, les enragés et les gens qui souffrent de maladie mentale. Peut-être que les crinquer, c'est pas la meilleure idée."
Je partage en parti son opinion, mais je ne peux m'empêcher de penser que cette "haine" est exacerbée, voire créée de toute pièce par les médias traditionels. Lors de la campagne électorale, c'est un flux constant de propos méprisants et allarmistes qu'ont présentés les journaux et réseaux de télévision anglophones du Québec et surtout du Canada. Certains exemples flagrants et honteux ont été pointés du doigt dans les médias francophones, et surtout ici, sur Vigile.net, mais on ne mesure tout de même pas toute l'ampleur de cette propagande anti-Québécoise francophone. On y dépeint le Parti Québécois comme un parti raciste qui risque d'oppresser les anglophones, et on martèle cette idée à toutes les sauces, idée joyeusement relayée à grand renfort de menaces d'exode massif des anglophones. En fait, à lire certains médias anglophones, le Québec semble sur le point de glisser dans un système nazi dans lequel les anglophones seront oppressés comme l'a été la communauté juive sous le régime Hitlérien. Marois, Hitler, même combat. J'exagère, mais l'idée principale demeure : les médias anglophones, relayés par les médias francophones, ont créé de toute pièce ce climat de peur malsain, cette tendance anti-québécoise. Marois est devenue l'Ennemie. Et hier, un homme s'est pointé armé jusqu'aux dents pour assassiner l'Ennemie.
Chacun doit prendre sa part de responsabilité dans cette affaire, les médias et ceux qui dictent les grandes lignes en premier lieu. Peu importe les motifs de l'assassin - si motif il y a - il n'en demeure pas moins le symptôme d'un problème majeur qui ne date pas d'hier. On attise la "haine du Québécois" dans le reste du Canada aussi intensément qu'on a attisé le grand élan d'amour envers le Québec lors du référendum de 1995 sur la souveraineté. Aujourd'hui, le Parti Québécois revient au pouvoir, et le crime d'un anglophone au Métropolis ont mis sur le devant de la scène le malaise généralisé qu'ont originé ces médias.
Chacun doit prendre responsabilité de ne pas être l'objet et le vecteur de cette propagande. Je travaille de façon journalière avec des anglophones, et notre relation est excellente. Pourtant, je suis souverainiste, et eux sont fédéralistes. Il suffit de parler à une personne pour qu'elle cesse d'être le reflet de nos préjugés. Nous avons un filtre qui embrouille nos perceptions, et ce filtre a été créé de toute pièce par des faiseurs d'opinion. Les objectifs de ces faiseurs d'opinion sont un vaste sujet qu'il n'est pas dans mon intention de développer ici, mon but étant uniquement de faire prendre conscience à quel point nous sommes collectivement influencés par ces médias. On nous présente une réalité enlaidie, dangereuse, trompeuse. Il faut cesser d'être des relais pour ces médias, il faut devenir des citoyens responsables, incluant nos propos et agissements dans les médias sociaux, alors qu'il est si facile de se laisser aller, bien en sécurité derrière un écran. Soyons responsables, chaque mot ou action modifie le monde dans lequel nous vivons, en bien comme en mal, car personne n'est gagnant quand un individu décide que "tirer" dans le tas est sa solution.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2012

    Ça rappelle un peu l'affaire Sarah Palin au début de 2011 suite à l'attentat contre la Représentante Démocrate Gilford.
    Les médias, les personnages publiques et les politiciens ont une responsabilité qu'ils ne prennent pas (entre autres) et c'est de garder une certaine retenue dans leurs paroles.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2012

    Ça fait trois semaines que suis dans les médias sociaux et les prises de positions contre Pauline Marois et le PQ ont été, dans une large majorité, inhabituellement mesquin et haineux. L'option souveraineté semble particulièrement déplaîre à plusieurs catégories de personnes. Mais qui au juste?
    1 - Certain médias de masse qui ont annoncé la mort de l'option souveraineté mais qui réalisent que le fameux rêve du pays du Québec est loin d'être mort et enterré dans la tête d'une partie de la population du Québec.
    1 - Les anglophones en large partie; 98% de votes libéral, on voit ça courramment dans le Ouest Island - 18 sièges sans se forcer au PLQ ...
    2 - Les immigrants auxquels on laisse entendre qu'ils vont perdre leur citoyenneté si jamais ils votent PQ.
    3 - Les personnes âgées qui ont peur de perdre leur maigre pension de vieillesse et ceux qui se sont enrichis avec la révolution tranquille et qui ne veulent plus partager leur magot.