Notre compas moral

Il est important que toute position dans ce débat fondamental soit sérieusement établie sur des faits et non sur des affirmations trompeuses

Chacun désigne le "terroriste" qui lui convient...


Lettre à Kamal El Batal
Qu'il me soit permis de réagir à [vos propos, publiés dans l'édition du 23 juillet du Devoir->7823].

Premièrement, et contrairement à ce que vous affirmez, ce n'est pas «le Québec qui mène la guerre en Afghanistan» mais bien les Forces canadiennes dans leur ensemble. Les militaires du Royal 22e Régiment -- qui ont participé aux opérations canadiennes depuis la création de cette unité exclusivement francophone, en 1914 -- sont envoyés dans le cadre d'une rotation des effectifs. Soulignons que le Royal 22e en est à son premier déploiement depuis le début de la mission canadienne en terre afghane, en 2002. Force nous est de reconnaître qu'il n'est donc aucunement engagé du seul fait de l'appartenance québécoise de ses effectifs.
Une aide de plus d'un milliard
Deuxièmement, vous laissez entendre que la mission canadienne n'est pas assortie d'un volet d'aide humanitaire. Pour la période 2001-11, le Canada s'est engagé à apporter une aide humanitaire de près d'un milliard de dollars. Au surplus, comme le mentionne le site Internet de l'ACDI, «l'Afghanistan est le plus important bénéficiaire de l'aide bilatérale du Canada». C'est un aspect que vous ne devriez certainement pas négliger dans votre réflexion.
Troisièmement, vous argumentez que l'opération actuelle ne devrait pas avoir lieu, notamment en raison de certaines enquêtes d'opinion. D'une part, cette mission n'est en rien redevable aux vacillements des sondages mais bien à un compas moral avec lequel tant les libéraux que les conservateurs se sont orientés. À l'opposé de ce que vous écrivez, cette question a même fait l'objet d'un débat -- une procédure bien transparente -- à la Chambre des communes. D'autre part, votre propos me rappelle que si le président Roosevelt avait vogué au gré des flots de l'opinion pendant la Deuxième Guerre mondiale, le résultat aurait probablement été désastreux pour la liberté, la démocratie et les droits de la personne.
Quatrièmement, un pacifisme passionné semble être à la source de votre prise de position. Le 21 juin dernier, alors qu'une délégation de militaires en partance pour l'Afghanistan s'est rendue à l'Assemblée nationale, plusieurs députés du Parti québécois -- la formation dont vous avez porté les couleurs lors des dernières élections québécoises -- ont refusé de se lever pour les saluer. Par pacifisme, de l'aveu de certains d'entre eux.
Pourtant, durant le conflit provoqué par les attaques du Hezbollah contre Israël l'été dernier, le chef et certains bonzes du Parti québécois ont marché sous les drapeaux de cette organisation terroriste reconnue lors d'une manifestation anti-israélienne à Montréal. Est-il utile de rappeler que depuis sa fondation, en 1982, le Hezbollah s'abreuve -- tout comme le Hamas, le régime iranien de Mahmoud Ahmadinejad ou encore le défunt régime taliban afghan -- à la source de l'islam radical pour contrecarrer les perspectives de paix au Moyen-Orient? Ce pacifisme serait donc de nature plutôt utilitaire et circonstancielle.
Je respecte sincèrement votre droit à ne pas approuver la mission canadienne en Afghanistan. Toutefois, il est important que toute position dans ce débat fondamental soit sérieusement établie sur des faits et non sur des affirmations trompeuses.
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Marc Nadeau, Doctorant à l'Université de Sherbrooke, l'auteur a porté les couleurs du Parti conservateur lors des dernières élections fédérales. Il est présentement coordonnateur du Projet pour l'avenir d'Israël (PAIX).

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