Avant-hier, le Montreal Gazette a publié une caricature montrant une «vieille Anglaise de chez Eaton» faisant pisser son chien devant une affiche de René Lévesque. La colère fut vive, immédiate, et surtout sincère.
Quelques heures plus tard, le caricaturiste a voulu faire savoir qu’on l’avait mal compris. Apparemment, il dénonçait le mépris de cette vieille Anglaise.
Je veux bien le croire. Ou faire semblant de le croire.
Mais le problème demeure entier : car le mépris des Québécois qui s’exprime dans cette caricature est encore bien vivant.
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Mépris
Il trouve un écho dans la nouvelle génération, même s’il ne s’exprime plus avec les mêmes mots.
On a trouvé de nouvelles manières de dire speak white.
Aux anciens Rhodésiens, que dénonçait René Lévesque, ont succédé des néo-Rhodésiens, qui nous regardent avec un même sentiment de supériorité.
Mais les nouveaux mots du mépris sont marqués du sceau de l’hypocrisie. On les trouve partout dans les journaux, et surtout, sur les médias sociaux.
Ainsi, désormais, on nous explique que le français est une langue colonialiste et qu’il faut combattre les lois qui assurent sa survie. L’anglais doit déclasser le français au nom de la décolonisation et de la diversité! C’est ce qu’on appelle nous prendre pour des idiots.
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Autre manière de dire speak white : nous expliquer que nous sommes de sales racistes si nous ne plions pas le genou devant la théorie du racisme systémique.
C’est notre existence même, qui dérange. Nous sommes traités comme un résidu historique, comme un vieux peuple taré.
On l’a vu il y a quelques mois : la simple possibilité de faire trois cours en français au cégep était vécue comme une agression contre les anglophones et leur santé mentale.
Et on en revient au dessin du Montreal Gazette : sa forme est usée, mais son message demeure intact.
Car on pisse aujourd’hui sur François Legault, sur Simon Jolin-Barette, sur Bernard Drainville, sur Paul St-Pierre Plamondon, sur tous ceux qui prennent l’identité québécoise au sérieux.
On pisse aussi sur la loi 21 et sur la loi 96, en les assimilant au racisme, à la xénophobie, à l’islamophobie, à l’anglophobie.
On pisse sur les Québécois en les accusant de repli sur soi dès qu’ils s’inquiètent de ne plus se sentir chez eux à Montréal et à Laval.
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Rhodésiens
Les néo-Rhodésiens du Montreal Gazette disent respecter René Lévesque. Mais peuvent-ils nous dire ce qu’ils respectent chez lui? La loi 101 qui imposait l’unilinguisme français? Le combat pour l’indépendance? Le droit affirmé du peuple québécois à l’autodétermination, sans que le Canada ait à nous donner de permission?
Le respect posthume pour le grand homme de la libération québécoise est facile à mimer. Il ne semble pas se reporter toutefois sur ceux qui poursuivent concrètement son combat.
Cette caricature, quoi qu’on en dise, représentait très bien l’idéologie du Montreal Gazette. Voyons-y, comme diraient les psychanalystes, un acte manqué.