Parti québécois - Marois retire à Curzi le dossier Éthique et culture religieuse

Mme Quérin a qualifié hier d'«ad hominem» les critiques dont elle est l'objet.

ECR - Éthique et culture religieuse


Québec — C'est désormais Pauline Marois qui s'exprimera au nom du PQ au sujet du très controversé cours Éthique et culture religieuse. Le porte-parole en matière d'éducation, Pierre Curzi, l'a confirmé hier au Devoir. «C'est madame Marois qui a repris le ballon», a-t-il rapporté. Le député se dit d'accord avec la position de sa chef, formulée la semaine dernière, selon laquelle une commission parlementaire devrait se pencher sur ce cours introduit en septembre 2008, et ainsi en faire le bilan.
M. Curzi avait réclamé jeudi l'abolition du cours Éthique et culture religieuse (ECR) après avoir pris connaissance d'une étude de la sociologue Joëlle Quérin publiée par l'Institut de recherche sur le Québec (IRQ) et qui concluait que ce cours confinait à l'endoctrinement multiculturaliste.
Dans une lettre qu'il a fait parvenir en fin de semaine à M. Curzi, le philosophe Georges Leroux, un des concepteurs du programme ECR, a exprimé sa déception en ces termes: «Je trouve personnellement très malheureux que le parti souverainiste auquel j'adhère fasse profession de fermeture, se rapproche dangereusement des positions adéquistes et accepte cet amalgame très dangereux entre le pluralisme, qui est un fait, et le multiculturalisme, qui est précisément ce contre quoi ce cours a été institué», peste M. Leroux.
Le philosophe conteste aussi le caractère scientifique de l'étude et de l'IRQ, qui «n'a d'institut que le nom, comme vous pourrez aisément le vérifier», affirme-t-il. Toujours dans sa lettre, M. Leroux enjoint à M. Curzi de rencontrer des «personnes qui connaissent ce dossier, comme Jean-Pierre Proulx, Louis Rousseau, Pierre Lucier ou moi-même», trois des concepteurs de ce cours. Le député de Borduas a confié hier qu'il rencontrerait «probablement» ceux-ci, «comme plein d'autres personnes», mais que la véritable rencontre devrait se faire dans le cadre d'une commission parlementaire. Il remarque que la ministre Michelle Courchesne a semblé hésitante dans les interviews sur le cours ECR, ce qui laisse croire qu'elle aussi se pose «bien des questions».
Dans notre page Idées, Georges Leroux cosigne, avec Jean-Marc Larouche (sociologie, UQAM), Jean-Pierre Proulx (éducation, UdeM) et Louis Rousseau (département des religions, UQAM), un texte de défense des fondements du cours tels que définis par eux. Ils soutiennent que «la caution donnée par le député Pierre Curzi à ce mémoire surprend, dans la mesure où elle se situe en rupture avec l'appui constant du Parti québécois à la laïcité scolaire, et ce, depuis le dépôt du rapport Proulx en 1999». Non sans une certaine hauteur, les signataires écrivent que «l'étude de notre étudiante» (Joëlle Quérin) confine à une «rhapsodie d'accusations d'endoctrinement», mais ne consiste pas en une lecture juste du programme.
Mme Quérin a qualifié hier d'«ad hominem» les critiques dont elle est l'objet. Elle s'est étonnée du fait que «ceux qui ont recours à ce genre d'attaques se présentent comme des apôtres du dialogue». Selon elle, en «se bornant» à discréditer son étude, ils «semblent vouloir éviter à tout prix de mener le vrai débat», qui devrait selon elle porter sur les objectifs d'ECR. «Vise-t-il d'abord à transmettre des connaissances ou à initier les élèves à la pratique des accommodements raisonnables? Voilà la vraie question.»
Joint hier par Le Devoir, le coprésident de la Commission sur les accommodements raisonnables, Gérard Bouchard, a refusé sèchement de commenter la polémique entourant le cours ECR. Tout juste a-t-il rappelé que son rapport encourageait le gouvernement du Québec à faire «une promotion énergique du nouveau cours Éthique et de culture religieuse, qui doit entrer en vigueur en septembre 2008».


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