Passion soudaine pour l’agriculture

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Il faut prendre soin de nos agriculteurs

Un extra-terrestre qui suivrait la campagne électorale québécoise pourrait conclure que l’agriculture constitue le secteur économique chouchou de nos partis politiques. Et pourtant...


Personnellement, je considère au contraire que l’agriculture a été un domaine négligé, oublié, voire malmené depuis plusieurs années. Les partis politiques se sont surtout intéressés aux agriculteurs lorsque venait le temps de les faire passer pour pollueurs. La tentation de s’essuyer les pieds sur le monde agricole pour plaire aux écolos fut trop forte.


Pourtant, dans notre Québec devenu la province la plus pauvre au Canada, il y a de la place pour de la croissance et de la création de richesse supplémentaire dans le secteur agroalimentaire. En serre comme dans les champs, en production animale et végétale, nous pourrions faire plus si nous nous donnions les outils nécessaires.


Années décevantes


Cela fait des années que le Québec n’a pas eu une véritable politique agricole. Durant le mandat de Philippe Couillard, une vaste consultation souhaitée sur l’agriculture s’est transformée en Sommet de l’Alimentation. Tout à coup, on visait plutôt à répondre à certains préjugés des consommateurs des villes qu’à développer une vision de l’agriculture.


Finalement, tout l’exercice a fini en queue de poisson, comme la plupart des exercices semblables dans les dernières décennies. Ce que vivent les gens du monde agricole collectivement, c’est une baisse d’intérêt des chefs de gouvernement pour leur réalité. Depuis 20 ans, il y a eu plusieurs ministres juniors à l’Agriculture.


Ce sont surtout dans les situations de crise que les fermes du Québec sont apparues momentanément dans l’actualité. Des politiques avant-gardistes, des politiciens qui vont de l’avant avec une vision ambitieuse, ce n’est pas ce que les gens qui vivent de la terre ont connu récemment.


Grâce à Trump !


Et puis soudain, il a fallu que le président américain attaque notre agriculture en pleine campagne électorale québécoise pour que tous les chefs se découvrent une passion instantanée. Rien n’est plus important que l’agriculture ! Tout le monde parade à l’UPA et formule des professions de foi.


Ils ont failli remplacer leurs autobus de campagne pour faire plutôt leur tournée dans une charrette à foin tirée par un tracteur de ferme. Peut-être que, d’une journée à l’autre, l’un d’eux va nous arriver en point de presse avec des bottes à vache ? Ou va arriver en retard à son annonce matinale en nous disant qu’il était allé faire le train.


Je ne doute pas de la sincérité des partis dans leur appui aux agriculteurs dans le contexte des négociations de l’ALENA. Je me moque cependant de leur intérêt trop exagéré et trop soudain. Par-dessus tout, j’espère que cet épisode d’amour fournira à chacun une occasion de s’imprégner sincèrement du dossier agricole.


Contrairement aux croyances, l’agriculture n’est pas un secteur en déclin, mais démontre un fort potentiel de croissance.


Contrairement aux croyances, les agriculteurs prennent le virage environnemental. Ils aimeraient seulement recevoir un appui plutôt que de voir le ministère de l’Environnement leur imposer constamment de nouvelles paperasses.