Pathétique

Lisette Lapointe a résumé en un mot la position adoptée par son parti sur le projet de loi visant à légaliser l'entente qui confie à Quebecor la gestion du futur amphithéâtre de Québec: «pathétique».

Pacte électoral - gauche et souverainiste



Dans un courriel envoyé à tous ses collègues du caucus péquiste, Lisette Lapointe a résumé en un mot la position adoptée par son parti sur le projet de loi visant à légaliser l'entente qui confie à Quebecor la gestion du futur amphithéâtre de Québec: «pathétique».
Ce courriel, sur lequel Le Soleil a mis la main, n'était évidemment pas destiné au grand public. D'autres députés sont du même avis que Mme Lapointe, mais elle jouit d'une sorte d'impunité qui lui permet parfois de contester ouvertement les positions de sa chef. Qui oserait expulser l'épouse de Jacques Parizeau?
Elle n'a certainement pas été édifiée par le comportement de ses collègues en commission parlementaire. La députée de Taschereau, Agnès Maltais, a continué à porter les valises du couple PKP-Labeaume, dont elle a gobé les arguments sans exprimer le moindre doute. J'entends encore les cris d'orfraie qu'elle poussait à cause des contrats accordés de gré à gré à la compagnie d'asphaltage de David Whissell.
Il est pourtant évident que l'entente conclue en mars dernier soulève de troublantes questions. M. Labeaume reconnaît lui-même qu'elle contrevient à la Loi des cités et villes, ses chiffres sont sérieusement contestés, il n'y a pas eu d'appel d'offres, on ne sait pas ce que proposaient les mystérieux concurrents de Quebecor et personne n'a réussi à expliquer de façon crédible l'urgence de légiférer à toute vapeur.
À aucun moment Pierre Karl Péladeau n'a dit qu'il refuserait de signer le contrat définitif si l'adoption du projet de loi était reportée à l'automne. Qui sait, ce contretemps pourrait même lui permettre d'arracher de nouvelles concessions au maire Labeaume, dont la carrière politique pourrait être compromise si l'entente tombait à l'eau.
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On peut très bien comprendre que le PQ ait cherché une faille dans la démonstration de Denis de Belleval, qui n'y est pas allé de main morte en dénonçant cette «loi à la Berlusconi», mais la hargne avec laquelle le député de Chambly, Bertrand Saint-Arnaud, a attaqué cet ancien ministre de René Lévesque était consternante. Sa collègue de Taillon, Marie Malavoy, qui présidait la commission, a bien tenté de le calmer, mais il s'est acharné. Il était clairement en mission commandée.
Les choses ont bien changé depuis le vote de confiance massif que Pauline Marois a reçu au congrès d'avril dernier, murmure-t-on. Elle est nettement moins conciliante et les fiers-à-bras tiennent maintenant le haut du pavé. Certains réfléchissent sérieusement à leur avenir. Mon collègue Robert Dutrisac rapporte qu'au moins quatre députés s'apprêtent à voter contre le projet de loi lundi. À moins que Mme Marois ne laisse ses députés voter librement, cette fronde pourrait prendre une tournure dramatique.
De leur côté, les libéraux se frottent les mains. Cette histoire aurait pu être très embarrassante pour le gouvernement, mais celui-ci a mis le PQ dans sa petite poche. Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, n'a manqué aucune occasion de répéter qu'il fallait bien dissocier la construction de l'amphithéâtre, que le gouvernement financera à hauteur de 20O millions, et le projet de loi Maltais-Labeaume, qui était une initiative péquiste.
Invité à témoigner, le président de la fondation J'ai ma place, Mario Bédard, un péquiste notoire, a déclaré: «La première chose à faire est de remercier le gouvernement en place. La contribution du gouvernement est parfaite.» Autrement dit, si les électeurs doivent exprimer leur reconnaissance à un parti, ce sera au PLQ. Le PQ n'en tirera aucun avantage dans la capitale et aura amèrement déçu partout ailleurs.
Après sa prise de bec avec Lucien Bouchard, plusieurs s'attendaient à ce qu'Amir Khadir tente d'ajouter un nouveau scalp à sa collection, mais il a été très déférent à l'égard de M. Labeaume, comme envers M. Péladeau. Il faut savoir ménager ses effets. De toute manière, le député de Mercier était certain d'avoir le dernier mot. On lui a reproché d'annoncer qu'il bloquerait le projet de loi avant même d'entendre ce que ses promoteurs avaient à dire, mais cette célérité avait au moins le mérite de la franchise.
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Même si on en fera l'étude article par article lundi, le projet Labeaume-Maltais est cliniquement mort. Le gouvernement devra donc se mouiller par un ajout au projet de loi omnibus qui sera adopté la semaine prochaine. Sur le plan de la procédure, le problème sera donc réglé, mais cela ne confère pas plus de moralité à l'exercice.
Pire encore, M. Lessard a indiqué que les nouvelles dispositions qui seront incluses dans le projet de loi omnibus qu'il déposera la semaine prochaine ne légaliseront pas seulement l'entente sur l'amphithéâtre de Québec. Elles permettront à toutes les municipalités qui veulent en construire un de passer outre aux dispositions de la Loi sur les cités et villes.
Autrement dit, la loi 76, qui avait été adoptée en février 2010 pour forcer les municipalités à assurer une saine concurrence, est déjà caduque. Mme Lapointe a bien raison: tout cela est pathétique.


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