PCAA : même Rousseau ne savait rien

L'affaire de la CDP - le cas Henri-Paul Rousseau



(Québec) Après Claude Garcia et Claudette Carbonneau, c'est au tour d'Alban D'Amours, l'ancien président du Mouvement Desjardins, de confesser qu'il ignorait l'ampleur des investissements de la Caisse de dépôt dans les papiers commerciaux quand il siégeait au conseil d'administration de la Caisse.
Qui sera le suivant? Tenez-vous bien : même Henri-Paul Rousseau n'était pas au courant, si je me fie aux confidences recueillies au cours des derniers jours. Il s'en est même ouvert à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.
Comment le président de la Caisse a-t-il pu ignorer l'ampleur de ces investissements? Tout simplement parce que la gestion de ces titres n'était pas centralisée, mais était répartie parmi les 17 portefeuilles différents de l'institution. Personne n'a jugé utile d'en faire l'addition. Henri-Paul Rousseau a d'ailleurs donné des indices dans son discours devant la Chambre de commerce de Montréal, le 9 mars dernier :
«L'accumulation (des PCAA) a été rendue possible parce que la politique de gestion de risque de la Caisse ne comportait pas de plafond pour les produits du marché monétaire de première qualité.»
Pourquoi n'y avait-il pas de plafond? Parce que les papiers commerciaux étaient notés triple A par la firme DBRS et qu'on les considérait comme des valeurs sûres.
Ce n'est qu'en août 2007, au début de la crise, que les dirigeants de la Caisse ont appris qu'ils en avaient pour 13 milliards $. Henri-Paul Rousseau s'est précipité au téléphone pour éviter que la panique chez les détenteurs ne provoque une vente de feu. Sa démarche a mené à l'Entente de Montréal, qui a finalement été entérinée le 24 décembre dernier.
Si M. Rousseau ignorait l'ampleur des actifs de la Caisse en PCAA, pourquoi a-t-il recommandé Richard Guay à sa succession en mai 2008? Après tout, c'est M. Guay qui avait supervisé l'achat de ces titres. Réponse : M. Guay était la seule personne qui connaissait suffisamment les papiers commerciaux pour mener à terme, les tractations sur l'Entente de Montréal.
Quel blâme faut-il donner au gouvernement Charest dans ce dossier? Les documents déposés en commission parlementaire par le ministère des Finances montrent que c'est à partir du rapport mensuel de l'avoir au 31 octobre dernier, disponible le 28 novembre, qu'on a vu pour la première fois que la Caisse faisait moins bien que le marché. Et même là, l'écart était minime. C'est le rapport au 31 novembre, disponible le 17 décembre donc après les élections, qui montre pour la première fois que la situation se détériore.
L'erreur du gouvernement Charest est de ne pas avoir dévoilé ces rapports à l'opposition qui dénonçait alors les pertes de la Caisse de dépôt. Le gouvernement n'avait rien à cacher, mais il a décidé de cacher quand même. Cette culture du secret a convaincu tout le monde que les libéraux ont menti en campagne électorale. Ils en paient encore le prix.
La Banque du Canada
Après avoir refusé la veille de préciser les propos de son sous-gouverneur Pierre Duguay concernant son avertissement de 2005 sur les PCAA, la Banque du Canada demande une correction. C'est en 2003 et non en 2005, comme M. Duguay l'avait dit en commission parlementaire, que la Banque aurait émis son avertissement. Vérification faite, la revue de juin 2003 de la Banque traite effectivement des papiers commerciaux. Mais de là à prétendre qu'on a servi un «avertissement», il y a une marge. En fait, l'institution voit des bons côtés aux papiers commerciaux, et conclut que les «récentes initiatives des instances comptables et des organismes de réglementation devraient aider à résoudre» les risques associés à ces titres.


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