Pétrole : les États-Unis premier producteur en 2017

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Géopolitique — pétrole et gaz


Dans son rapport annuel, l’Agence internationale de l’énergie souligne l’essor spectaculaire des gaz et pétrole de schiste en Amérique du Nord.
En 2017, soit juste après la fin du second mandat de Barack Obama, les États-Unis seront devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant l’Arabie saoudite et la Russie. Telle est l’information la plus marquante du rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié lundi matin. En matière d’énergie, les tendances lourdes évoluent habituellement à l’échelle des décennies mais ces dernières années, l’essor spectaculaire des gaz et pétrole de schiste en Amérique du Nord et la catastrophe de Fukushima ont accéléré le tempo énergétique.

«L’année écoulée a été marquée par des changements majeurs dans le système énergétique, souligne Fatih Birol, l’économiste en chef de l’AIE, interrogé par le Figaro, les fondations sont en train de basculer». Aux États-Unis, pointe-t-il, les importations pétrolières du Moyen-Orient se taillaient la part du lion. «D’ici dix ans, elles seront pratiquement à zéro!», prévoit le Dr Birol. «Les conséquences seront bien sûr majeures pour le marché du pétrole, mais aussi pour la politique étrangère des États-Unis et les relations internationales».

«Nouvelle carte énergétique mondiale»
En 2025, les importations pétrolières des États-Unis devraient être réduites à 4 millions de barils par jour (Mbj) contre 10 Mbj actuellement. Selon Fatih Birol, 55% de cette baisse sera imputable à la production nationale de pétrole non conventionnel facilité notamment par la technique de fracturation hydraulique. Mais le reste - 45% tout de même - proviendra des économies de consommation des moteurs, initiées par les nouvelles normes imposées par l’administration Obama.
Cette révolution américaine qui «dessine une nouvelle carte énergétique mondiale» va également se traduire sur le marché du gaz. Les États-Unis devraient devenir exportateurs autour de 2020. Les gaz non conventionnels - dont le gaz de schiste - représenteront la moitié de la croissance de la production gazière mondiale, dans trois pays essentiellement, les États-Unis, la Chine et l’Australie. Pour autant, avertit l’AIE, si les risques environnementaux ne sont pas correctement pris en compte et encadrés par des réglementations sévères, la révolution des gaz non conventionnels pourrait très bien être stoppée.
Forts de leurs ressources, les États-Unis devraient bénéficier d’ici à dix ans d’un prix de l’électricité compétitif. Selon l’AIE, le prix du kilowattheure en Europe devrait dépasser de 50% celui des États-Unis, «notamment en raison du coût des subventions aux énergies renouvelables», précise Fatih Birol, et devrait être trois fois plus élevé qu’en Chine. «Il y aura des effets sur la compétitivité des industries et le pouvoir d’achat des ménages», ajoute-t-il.
Limiter le changement climatique
L’AIE, créée dans la foulée du premier choc pétrolier de 1973 pour coordonner la politique énergétique des pays consommateurs d’or noir, sous l’égide des États-Unis, s’intéresse chaque année davantage à la question du changement climatique et aux énergies renouvelables.
Dans son édition 2012, l’Agence lance un nouveau cri d’alarme en estimant que si un certain nombre de mesures d’efficacité énergétique ne sont pas prises rapidement d’ici à 2017, il ne sera alors plus possible de limiter à 2°C la hausse moyenne de la température mondiale d’ici la fin du siècle, l’objectif fixé par les Nations unies. La demande mondiale d’énergie devrait s’accroître d’un tiers d’ici à 2035. Si les énergies renouvelables connaissent une croissance dynamique à travers le monde, les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), soutenues par des subventions estimées à 523 milliards de dollars en 2011, six fois plus élevées que celles consacrées aux énergies vertes, continueront à fournir la majorité de la production d’énergie.
Pour limiter le changement climatique, l’AIE fait une préconisation qui aurait été impensable il y a encore quelques années: le monde ne doit pas puiser d’ici à 2050 plus d’un tiers des réserves prouvées d’hydrocarbures.
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