Écoutons Nabila Ben Youssef

Politique, nationalisme, sexisme, encore la faute à la conquête?

Tribune libre

Sentir le besoin de s’afficher féministe, c’est s’afficher pour l’égalité. Tout comme égalité des races, des classes sociales, égalité des langues, au Québec? C’est aussi s’afficher animaliste, quand surviennent des maltraitances. En somme, c’est dénoncer l’injustice.
Or, selon le point de vue, l’injustice n’est pas toujours du même bord. Les riches blancs aux É.U. crient à l’injustice devant le Président noir. Les anglos unilingues du West Island dans leur bulle sont sûrs d’être dépossédés s’ils perdent une école primaire, les Hassidiques, si on s’objecte à leurs accommodements.
Et la question des femmes au Québec? Dans les quartiers urbains défavorisés, la femme infériorisée? Dans l’arrière pays? Sans doute, à cause des violences physiques, encore plus manifestes dans le désoeuvrement… Le féminisme, tant chez l’homme que chez la femme, s’attaque surtout à cette injustice de la force brute exercée sur la femme. Et sans doute à d’autres aspects aussi…
Mais si on arrive de Tunisie, on n’hésite pas à proclamer qu’au Québec, c’est la femme qui mène! Enseignement primaire, infirmières et médecins omnipraticiens, politique municipale, et de plus en plus aux autres niveaux, entrepreneuriat, législature, ingénierie, architecture, du moins en bas du plafond de verre… Depuis que les statistiques ont démontré que les filles réussissent mieux que les gars, elles dominent à l’université et ils décrochent!

Tunisienne Nabila Ben Youssef, installée au Québec depuis quinze ans, a émigré pour reprendre son droit de parole. Après toutes sortes d’obstacles, elle a choisi l’École de l’humour pour s’intégrer. C’est par l’humour qu’elle transmet le fruit de ses observations sociales dans son pays d’adoption, le Québec.
Dans son spectacle, elle se représente en conversation téléphonique avec sa mère, analphabète soumise, dans son île au large de la côte méditerranéenne. Elle « punche » son message ainsi : « Ici, la femme est tellement aux commandes que je me surprends de ne pas encore voir l’homme porter le voile! » Bien sûr elle apprécie sa nouvelle liberté totale de femme, sans se priver de critiquer l’anti-burka, soit la nudité omniprésente. Ce discours, entendu aussi chez les Françaises immigrées, porte encore plus de la part de femmes arabes comme elle qui arrive d’un séjour en Tunisie, et commente la renaissance actuelle de son peuple, Inch Allah! Mais, comme d’autres femmes immigrées, elle déplore la fermeture individuelle de l’homme québécois : notre retenue dans la séduction des femmes : « Les 72 vierges promises aux kamikazes… et aux femmes, 12 puceaux? Ça prend une vie pour déniaiser un gars, imaginez : douze!... » Cette critique nous est faite tout le temps. Peur de regarder les femmes, de leur faire un compliment, une avance, peur d’essuyer un refus : « Mais, monsieur, un mec qui zieute ta femme, il ne te menace pas, il ne fait que valider ton choix… et puis, essuyer un refus, ça n’a jamais tué personne, pensez aux deux référendums! »
Ça nous vient d’où ce manque d’audace remarqué? La colonie, la conquête, le repli : l’homme s’éloignait pour se faire du revenu, et il laissait à la femme le soin de « l’économie domestique ». Elle était alors plus scolarisée, enseignant à l’école élémentaire. La situation s’inversa avec les collèges… pour faire des prêtres… Mais vite on décela l’injustice : à travail égal, salaire égal… ce qui créa un sentiment de culpabilité… caractère faiblard?
Touchons-nous à une causalité pour nos hésitations constitutionnelles? Ne pas déplaire aux anglos, aux employeurs, les industriels des richesses naturelles, aux immigrants : « Mais dites-moi donc, comment pouvez-vous tant accommoder les voilées? » crie Nabila, qui s’affiche arabe, cochonne et drôlement libre.

Squared

Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2011

    «Le Québec présente des scores moyens généralement
    supérieurs à ceux des États-Unis, de l'Italie et de l'État
    mexicain du Nuevo León, et systématiquement inférieurs à
    ceux de la Norvège. En compréhension de textes suivis et
    schématiques, les résultats québécois ne sont pas
    significativement différents de ceux de la Suisse et, en
    numératie, de ceux du Canada dans son ensemble.»
    Traduction populiste à la McMillan: y'a rien là. On a scandaleusement grossi le problème, comme si les Québécois étaient un peuple sous-doué comptant 43% de personnes qui ne savent pas lire alors qu le portrait est encore pire aux États-Unis et en Italie.
    Il ne vous est jamais venu à l'esprit que dans ce dossier comme dans tant d'autres dossiers (pauvreté, environnement, sexisme, racisme, suicide, homophobie etc), il y avait un lobby qui avait un intérêt à noircir la situation pour remplir la caisse de subventions?

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    2 octobre 2011

    M. J.N.
    Mettre les choses en perspective, c'est votre boulot de statisticien. Or, vous prenez le bout qui vous convient: l'information importante, c'est le niveau 3 d'alphabétisation qu'il faut pour se trouver un bon emploi! C'est ce qui fait défaut chez nous. Au lieu d'en tenir compte, vous faites un libéral de vous: répondre à côté de la question sans se priver de vocabulaire grossier (Norm McMillan).
    C'est le plus grand danger du courriel: si on n'a pas la personne en pleine face, on croit pouvoir écrire n'importe quoi. Je l'ai dit, vous faites partie de ceux qui causent des commotions sur ce site, par fanfaronnade (Québec-Montréal). On est tous des Québécois avec un ennemi commun.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2011

    J'ai oublié la référence:
    «31 % des personnes qui sont au niveau 1 sont des personnes immigrantes (16 à 65 ans)»
    http://www.fondationalphabetisation.org/adultes/analphabetisme_alphabetisation/fausses_croyances/
    ---------
    en 2003, les Québécois battaient les Suisses, les Américains et les Italiens. C'est beau dire que 43% des Québécois ont de la difficulté à lire mais faut mettre les choses en perspectives, ce qu vous n'avez pas fait
    http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/sante/pdf2005/fs_Eiaca2003.pdf
    Désolé si je vous ai insulté.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2011


    @ J.N.
    Ben voilà, une insulte en commençant, confirmée en finissant… en évitant les arguments soumis! Y’en a au-moins 2 sur Vigile qui savent!
    C’est sûr, l’enseignement du français au Québec est irréprochable. On le voit bien, en sortant un peu sur la rue, c’est nickel… on ne croirait pas un peuple qui se renie à chaque jour… Et la statistique (votre mantra) de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), de la foutaise! Quand on y trouve le 16% au niveau 1 d’analphabétisme, on peut s’en contenter, même si c’est le niveau 3 (sur 5) qui est considéré comme seuil souhaitable pour fonctionner à l’aise… seuil non atteint par près de la moitié de la population (enlevons les 14 % si on veut). Mais ce n’est qu’un préjugé, ignorant des faits!
    Et comme vous lisez dans les pensées (vous faites parti de ces Québécois qui pensent que), inutile de vous mentir : les immigrants sont là, et avec les gouvernements qu’élisent les si brillants Québécois si articulés, ils seront bientôt majoritaires et s’occuperont du territoire que nous n’aurons pas su défendre. J’admets que ces valeureux patriotes ont parfois été dépassés en nombre par des traitres collabos, mais depuis les galantes saisons nordiques des coureurs des bois, en passant par les chantiers salariés sous les Anglos, vers les bonnes jobs en ville avec un bon boss, les fiers Neufranciens ne se sont pas démarqués comme occupants du territoire et défenseurs acharnés contre l’agresseur (présenter l’autre joue). Et comme ils ne protestent toujours pas contre la canadianisation accélérée, ils ne s’offusqueront pas de voir parmi les analphabètes importés quelques brillants esprits prendre la cause en main.
    Leur abandonnant une patrie perdue, quelques arpents de neige, et beaucoup de maringouins autour d’un fleuve pollué de purin et de gaz Lucien, ceux qui se sont extirpés de l’analphabétisme pourront suivre une carte routière vers la Méditerranée ou l’Océan Indien, contournant les cataclysmes mondiaux et esquivant les effets climatiques décelés par les bollés de statistique.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2011

    Vous carburez sur les préjugés plutot que sur les faits. Le % des "Québécois" illettrés, niveau 1, est de 16%. Or, de ce nombre, près du tiers (31%) sont...DES IMMIGRANTS!
    Les immigrants, qui font 14% de la population du Québec, représentent 31% des analphabètes. On manque d' analphabètes, alors on en importe...
    Je sais, je sais, vous faites parti de ces Québécois qui pensent que les Québécois ne sont pas tellement brillants, s'expriment mal et que, Dieu merci, y'a les immigrants pour augmenter le niveau général...
    Continuez à avoir des préjugés.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2011

    @ J. Noël,
    Conjuguer l'imparfait... y'a un paquet de "de souche" qui n'ont jamais maîtrisé le conditionnel: "si j'aurais"...
    En France, ils apprennent le français? Parce qu'on y enseigne le français dans les écoles et les familles.
    Avec près de la moitié de notre population qui ne comprend pas les textes du journal, un bonne partie qui se glorifie de s'exprimer en onomatopées et en menoum-menoum... déjà surprenant que certains courageux persistent à parler français parmi nous, et améliorer notre moyenne au bâton. C'est qu'ils sont sortis d'un vilain trou... politique... bien que paradis géographique, à comparer à nos saisons foquées.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 octobre 2011

    @ Ouhgo:
    Oui, le fait d'avoir vécu, peut-être pas autant la Conquête, mais les siècles d'humiliation qui ont suivi, a affecté le caractère de l'homme québécois.
    On a aussi vu au Québec se développer une curieuse forme de féminisme, où la femme dévalorise l'homme québécois.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2011

    Je l'ai entendue en entrevue récemment à Radio-Canada. Elle n'arrivait pas à conjuger l'imparfait.
    15 ans au Québec.
    ---
    J'ai hâte de voir la Commission sur la Collusion. On va voir défiler des Italiens, ici depuis 30 ans, toujours incapables de conjuger l'imparfait.
    Dur dur le français?
    Pantoute. En France, les immigrants maitrisent parfaitement la langue, quelques années à peine après leur arrivée.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2011

    Soixante douze puceaux aussi pour les femmes kamikazes (et non pas douze comme échappé dans le texte), me précise Nabila, remettant en perspective l’énormité de la tâche théorique pour déniaiser autant d’apathie masculine…
    Rarement aura-t-on vu pareille détermination à s’adapter au Québec. Elle a tout de suite compris qu’elle attirera l’attention en se qualifiant d’arabe cochonne (quiproquo entre nourriture impure et érotisme). Elle cabotine même sur scène en flattant le chauvinisme des humourophiles par l’imitation (passagère) de l’accent québécois, ponctuant ses phrases du répétitif « tabarnak ».
    Or, c’est sa perspicacité qui la caractérise surtout! Par la caricature, elle fournit le recul nécessaire pour que nous voyions le miroir d’un peuple indolent. Sortie d’un monde despotique pour accéder à la démocratie, elle trouve un peuple qui se laisse insulter par un supra-gouvernement « normalisateur », exploiter par d’occultes forces du monde interlope et trahir par de faux nationalistes issus d’une révolution trop tranquille. Elle remarque notre société délabrée par la dépossession, l’éducation négligée et la paresse à manifester. Son énergie sur scène, mise à part la bouffonnerie inhérente au genre, nous fait rêver de la recruter pour animer bientôt une révolution sociale qui serait tout sauf tranquille. (commencerait-elle avec le "foulosophe" qui animait la manif devant les bureaux de Charest le 24 septembre?)