Pour en finir avec l'impasse référendaire

Chronique de Claude Bariteau



Les religions reposent sur des mythes fondateurs. Les pays ont les leurs. En politique, c'est moins le cas. Ce qui ne veut pas dire que les mythes y soient absents. Au Québec, le référendum en est un. En 2005, j'en ai fait la démonstration dans Pour sortir de l'impasse référendaire.
Or, ce mythe perdure bien que le Canada se soit doté, en 2000, d'une loi de clarification qui lui accorde des atouts pour déstabiliser les promoteurs de l'indépendance du Québec par référendum.
C'est ainsi parce que le PQ n'a jamais abordé sérieusement ce point sous le prétexte que ce dossier est clos depuis 1974 et qu'un référendum serait reconnu comme plus transparent qu'une élection portant sur la création d'un pays, ce qui est faux.
En début de semaine, François Legault, qui ambitionne de faire de la politique indépendamment des structures politiques en force au Canada, a lancé qu'un référendum pourrait être tenu dans dix ans, les Québécois et les Québécoises n'y étant actuellement pas enclins.
Personnellement, je n'y suis pas enclin, car, comme nombre de Québécois, je pense que ce type de consultation nous échappe depuis la loi de 2000. Et je sais, pour avoir lu les arguments du constitutionnaliste Alain Pellet, qu'un référendum sur l'avenir d'un peuple implique, selon les juristes, une entente préalable entre les parties en cause, sans laquelle des dérapages sont possibles.
Je ne suis pas un adepte des dérapages. Et, comme les Québécois, je me méfie des pièges à cons. Je préfère de loin d'autres voies. En cette matière, il en existe, la principale étant une élection décisionnelle dont le thème est la création du pays et qu'il y a une majorité d'électeurs et d'électrices qui se prononcent en sa faveur.
La façon la plus simple de dénouer l'impasse actuelle est un engagement des partis indépendantistes à négocier avec le Canada les termes de la tenue d'un référendum, ce qui peut être un thème des prochaines élections au Québec.
Si entente il y a, selon les règles mises de l'avant au Québec, le fantôme de la loi canadienne disparaît, le mythe référendaire aussi, et on parlera de consultation populaire dans le respect des règles habituelles en démocratie.
Par contre, sans entente, il reviendra aux promoteurs de l'indépendance de revoir leur approche afin que le peuple québécois se prononce sur son avenir. Mon petit doigt me dit qu'il y aurait alors des rapprochements entre les partis pour changer le statut du Québec.
Lever l'impasse référendaire permettra de clarifier rapidement l'avenir dans lequel entend s'activer le peuple québécois. D'autres dossiers pourraient s'y greffer. Je pense à la façon d'adopter les lois à l'Assemblée nationale et à la préparation de l'accession du peuple québécois à l'indépendance.
Le premier implique seulement de pervertir le régime parlementaire afin d'éviter que des députés, qui n'ont pas un soutien majoritaire des électeurs et des électrices, règnent en autocrates. Le second nécessite seulement un engagement auquel les électeurs et les électrices donnent ou non leur aval en toute connaissance.
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Claude Bariteau, anthropologue

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Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d'un doctorat de l'Université McGill, il est professeur titulaire au département d'anthropologie de l'Université Laval depuis 1976. Professeur engagé, il publie régulièrement ses réflexions sur le Québec dans Le Devoir, La Presse, Le Soleil et L'Action nationale.





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