D’ordinaire, les Québécois comme les Wallons autonomistes se voient objecter que leur problème est moins important que d‘autres.
Il y a toujours bien plus grave que la question nationale : autrefois la nécessité de faire face à un ennemi commun, par exemple, aujourd’hui la crise financière, le réchauffement climatique. Tantôt j’entendais des journalistes belges discuter de cette crise financière et de la faiblesse du gouvernement belge pour y faire face. Ils poursuivaient en stigmatisant les tensions entre Flamands et Wallons qui renaissent et dont le Gouvernement devrait voir que ce n’est pas une chose sérieuse alors que la crise qui vient risque d’être terrible.
Le problème, rétorquait un autre journaliste, c’est que ce sont précisément ces tensions (qui viennent de loin), qui expliquent qu’aujourd’hui – la crise internationale ayant pris des proportions ahurissantes – il devient de plus en plus difficile de former un gouvernement fédéral.
L’autre samedi, j’expliquais à quel point la Belgique politique, dans la mesure où elle maintient un parlement fédéral, va dans le mur.
Mais on peut en dire autant du gouvernement fédéral profondément divisé entre gens de gauche et gens de droite sur la réponse à faire à la crise, indépendamment de toutes les autres divisions. En temps normal, de telles coalitions peuvent, en cas de coup dur, trouver la synthèse qui sauve.
Depuis que je suis l’actualité politique belge, on a pu toujours mettre en avant une question plus importante que la question nationale en Belgique : les tensions internationales, la crise économique consécutive au premier choc pétrolier. Parfois, même la menace immédiate d’agression de l’Allemagne. En avril 1940, un gouvernement belge tomba en raison de divisions à propos du dédoublement du ministère de l’éducation nationale . En juillet 1950, en pleine grave crise internationale à la veille de la guerre de Corée), la Wallonie en grève forçait le roi à se retirer.
Curieux qu’il y ait toujours des problèmes plus importants à régler que la question nationale en Belgique alors que beaucoup de ces problèmes, tout le monde les a oubliés, mais que demeure lancinante cette question nationale qui colore tous les débats belges depuis un siècle. C’est cette question nationale lancinante qu’il faudrait d’abord régler peut-être, puisqu’elle empoisonne tout. Ce n’est pas qu’en elle-même que cette question nationale est importante, c’est parce qu’elle conditionne tout même si elle est conditionnée elle-même par toutes les autres. Les problèmes sur lesquels la Cité se divise gravement sont tous importants. Cessons de tromper le monde.
José Fontaine
Problèmes constitutionnels (communautaires), moins importants ?
Chronique de José Fontaine
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur...
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.
Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2008Merci de ta remarque, cher Herman. Mais il est vrai que j'ai écrit les Wallons autonomistes, ce qui signifie qu'ils ne le sont pas tous. Cependant, ceux qui ne le sont pas commencent à me faire penser aux partisans de la peine de mort qui est supprimée en Belgique depuis environ 1850. 150 ans après cette suppression (de facto), on a le droit de se poser la question du sens que cela peut encore revêtir aujourd'hui d'être en faveur de la peine de mort. Les études de la Fondation Roi Baudouin démontrent qu'une majorité de Wallons se sentent bien wallons et divers sondages permettent de penser qu'il n'y a pas de mouvements très forts dans l'opinion en faveur de la suppression de l'autonomie wallonne existant bel et bien. Il y a même des partisans de l'accroissement de cette autonomie membres d'organisations unitaristes (dont je devrais me rappeler le nom): ils acceptent que cet accroissement ait lieu.
Le gouvernement wallon propose de lancer une banque wallonne qui recueillerait l'épargne des particuliers en vue du financement du développement régional. Cette épargne serait bien rétribuée et donnerait lieu à des réductions d'impôts. Pour un Québécois dont le pays est autonome depuis un siècle et demi, cela ne doit pas être très étonnant.Chez nous, c'est une première qui a amené l'éditorialiste du journal Le Soir à écrire que l'on s'engage de plus en plus dans le confédéralisme, soit non pas ce qu'est nominalement la Suisse (Confédération helvétique) ou le Canada, mais un système qui unit des Etats indépendants. Juristes et politologues sont d'accord pour dire qu'en Belgique nous allons vers cela, d'autant plus que l'Etat belge a déjà certains traits de confédéralisme (certaines matières sont régies par des accords entre régions qui sont rédigés selon la méthode des traités internationaux, la liberté d'action des entités fédérées sur le plan international et dans leurs compétences ne s'expose à aucun droit de veto du gouvernement fédéral, les lois votées par les parlements des entités fédérées ont la même valeur juridique que les lois fédérales (équipollence des normes)). Ce confédéralisme juridique rejoint quelque chose de plus profond encore: on ne peut rien décider en Belgique sans l'accord des Flamands d'une part, des Wallons et des Bruxellois francophones de l'autre. Les premiers à avoir souligné ces aspects sont trois professeurs d'université (Quévit, Tollet et Deschamps en 1984), mais depuis juin 2007, de plus en plus de gens l'admettent, ce qui est quelque part une façon de le renforcer. Il est vrai que certains Wallons détestent cette évolution et que se réjouir que les lois de son pays sont bien dans l'esprit que je viens de dire apparaît encore souvent comme suspect : je l'éprouve presque quotidiennement dans les cours ou les conférences que je donne. Il y a là quelque part de la schizophrénie, d'autant plus que les deux sociétés civiles en Belgique sont autonomes depuis bien plus longtemps que l'Etat n'est fédéral sur le plan juridique (syndicats, partis, presse, mouvements de jeunesse, secteur social - comme les organisations regroupant les homes pour handicapés par exemple -, organisations familiales, action catholique, ordres religieux etc.).
La Wallonie est une réalité et elle finira par prévaloir disait le poète Marcel Thiry qui a écrit ce vers merveilleux (qui est je pense aussi le titre d'un recueil ou même de ses oeuvres complètes)
Toi qui pâlis au nom de Vancouver
Les poètes ont toujours raison.
Merci, cher Herman,
José
Et en passant je me souviens de «Candide», sa mort m'a fait mal.
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2008Monsieur Fontaine,
Votre première phrase est tendancieuse parce qu'elle donne ici une fausse impression, à savoir que, à l'image des Québécois, les Wallons seraient autonomistes; ce qu'ils ne sont assurément pas pour 95% d'entre-eux.
J'en veux pour preuve que ce sont les politiciens wallons qui refusent systématiquement tout dialogue communautaire devant mener vers plus d'autonomie des régions.
En Belgique ce sont les Flamands qui combattent (depuis 1830) pour le respect de leur langue et culture et se sont aussi les Flamands qui sont majoritairement pour le confédéralisme ... voire pour l'indépendance de la Flandre.