Qu'est devenue Radio-Canada?

Mais il n'y a plus d'information. La vérité, c'est que nous sommes dans un ghetto. «Notre monde maintenant» n'est plus le vrai monde. La planète nous échappe. Il ne se passe plus rien dans l'univers.

Les médias québécois


La télévision de Radio-Canada a complètement perdu la mesure. Un duc et sa jolie duchesse en Angleterre sont en vacances au bras de son cousin canadien, de toute la famille et de vous et moi et, pourtant, je pourrais vivre avec, pendant une semaine, du matin au soir et du soir au matin, si notre télévision n'était pas devenue folle. Elle n'a travaillé que pour eux et elle a complètement oublié (ou presque) l'univers, la Grèce avec ses problèmes politiques et économiques, Strauss-Kahn et la présidence française, Israël, le génocide des Palestiniens, les élections législatives de la Thaïlande, le 4 juillet des États-Unis, le Yémen, la Syrie, les réfugiés, etc. Il n'y a que quelques faits divers et les accidents de tous acabits qui ont grâce à ses yeux.
Ce pays, le Canada, est une monarchie en attendant qu'il devienne République. En attendant, nous connaissons bien la reine de notre pays pour l'avoir connue pendant plus d'un demi-siècle. Mais ce qui nous choque, c'est que les journalistes nous trompent sur de prétendues nouvelles qui sont, en somme, que grand spectacle. Car son petit duc n'a rien à voir avec le Canada que je sache, à moins que tous les autres, le prince Philip, la princesse royale Anne (elle n'a que 61 ans après tout), Andrews, Edward, les comtes, les ducs, les Charles de quelque chose, ont aussi droit, une semaine durant, de la télévision de Radio-Canada.
Mais il n'y a plus d'information. La vérité, c'est que nous sommes dans un ghetto. «Notre monde maintenant» n'est plus le vrai monde. La planète nous échappe. Il ne se passe plus rien dans l'univers. Même Bell nous empêche, par sa propre télévision privée, de voir Euronews à moins que nous habitions dans une grande ville, et avec Vidéotron.
Je refuse encore de croire que Radio-Canada s'est mise à genoux devant le premier ministre du Canada pour lui faire plaisir. Si oui, je suis immensément triste.
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Mario Cardinal, trente ans de journalisme à Radio-Canada - Le 5 juillet 2011

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Journaliste au Devoir dans les années 60, puis à Radio-Canada, l'auteur a été ombudsman de Radio-Canada de 1993 à 1997.





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