Revoir le capitalisme

Crise mondiale — crise financière


À défaut de remodeler le capitalisme, faute de volonté politique, mais aussi parce qu'il y a d'autres urgences, d'autres feux à atteindre(sic), il est au moins proposé d'en revoir sa principale mesure. Du moins, d'élargir le spectre pour déborder de la simple croissance et englober la qualité de vie. Ou le bien-être, ou le progrès, c'est selon. L'exercice est heureux, d'autant que c'est probablement parce que l'on s'en est tenu à la progression du PIB qu'on n'a pas vu venir la Grande Récession et cette autre déprime qui menace aujourd'hui de s'installer.
Résumer l'évolution de la prospérité d'un pays à sa consommation, à ses dépenses gouvernementales, à ses investissements privés et à son secteur extérieur est devenu minimaliste. Il suffit d'un manque de confiance et d'un recours à l'austérité budgétaire, ou d'un endettement élevé poussant à l'austérité et minant la confiance, pour que tout s'effondre. Pour que l'économie mondiale soit condamnée à évoluer de récession en récession.
L'OCDE, au terme de longs travaux inspirés par un rapport signé notamment par le Nobel de l'économie Joseph Stiglitz, propose d'aller au-delà du PIB, avec un BIB pour «bonheur intérieur brut», ou un indice du mieux-être.
Loin d'emprunter au jovialisme, le nouvel indice mesurant le bien-être et le progrès se base sur 11 facteurs. Il a pour objectif d'inciter à l'élaboration des politiques sociales non pas en fonction uniquement d'impératifs de croissance économique, mais également en y incluant des objectifs à plus long terme tels le développement durable, l'amélioration du bien-être des citoyens, la réduction des inégalités ou encore la préservation de l'environnement. Le revenu, certes, mais aussi la santé, l'emploi, le logement, la conciliation travail-famille ou encore l'éducation et la gouvernance sont autant de variables à inclure dans l'équation.
Le simple PIB, et celui par habitant, ne suffit pas. Ces statistiques ont conduit au dérapage ayant entraîné la Grande Récession de 2008-2009, nourrie par l'une des pires crises financières de l'histoire industrielle. Vu autrement, cette crise aura eu le mérite d'exposer au grand jour les déséquilibres cachés par cette longue phase de croissance économique ayant précédé l'éclatement de la bulle des subprimes et la faillite de Lehman Brothers.
L'on reconnaît aujourd'hui que l'obnubilation pour la croissance peut devenir source de déséquilibre. Et que la concentration sur la prochaine donnée du PIB soutient les politiques de courte vue.
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L'exemple des États-Unis est probant.
- La croissance de 2001-2007 a masqué une série d'indicateurs démontrant la fragilité grandissante de la première économie de la planète à tout revers conjoncturel.
- On note la flambée des cours pétroliers, qui a engendré un vaste transfert de richesse vers les pays producteurs.
- On retient une tertiarisation de l'économie, avec un secteur manufacturier sacrifié sur l'autel de la délocalisation.
- On cite également tous ces gains de productivité ayant revendiqué leur lot d'emplois perdus.
- Et la déréglementation des marchés financiers, qui a gonflé la prépondérance de Wall Street au détriment de Main Street et qui a conduit à une financiarisation déconnectée de l'économie réelle.
- On ajoute également le poids de deux guerres menées simultanément et une politique fiscale favorable aux revenus élevés ayant causé un creusement des inégalités, tout en produisant des déficits publics et un endettement record.
- Sans compter une politique monétaire produisant des bulles à répétition, d'abord sur les valeurs boursières puis dans l'immobilier.
- Lorsque l'effondrement de l'immobilier est venu, puis la crise financière et ensuite la récession, l'on a tôt fait de réaliser que derrière la croissance du PIB se profilaient une disparition de la classe moyenne aux États-Unis et un appauvrissement des ménages américains sous le coup de gains salariaux anémiques cachés par une flambée des actifs soutenue artificiellement par une politique monétaire de faible taux d'intérêt.
- L'on observait, finalement, que l'économie des États-Unis carburait essentiellement à l'endettement et sur le dynamisme de son secteur de la construction, le tout étant également soutenu par la faiblesse du loyer de l'argent.
- Avec l'éclatement de la bulle des subprimes, l'économie américaine perdait son principal moteur pour plonger rapidement en récession, sans proposer ni adoucisseur ni filet social à ses 8,5 millions de chômeurs demeurant encore, pour la plupart, à la recherche d'un emploi. (mise en page de Vigile - par souci pédagogique)

D'ailleurs, l'OCDE retient dans son rapport l'importance d'avoir un travail, et un bon emploi. L'on souligne aussi que les pays affichant les PIB les plus élevés n'abritent pas nécessairement les populations les plus heureuses.
Quant à la récession, au Canada elle se définit par au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB.


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