Sables bitumineux: Teck Resources retire son projet controversé

4d1397f8ae9129cce6927cd45a03ea53

Rien pour calmer la colère de l'Ouest


La pétrolière Teck Resources a décidé de mettre de côté son méga projet d’exploitation de sable bitumineux Frontier dans le nord de l’Alberta, dimanche soir.


La direction de la compagnie a retiré sa demande d’approbation envoyée au gouvernement de Justin Trudeau qui devait l’accepter ou la refuser.


«Les marchés financiers mondiaux changent rapidement, et les investisseurs ainsi que les clients recherchent de plus en plus des endroits où les cadres en place réconcilient le développement des ressources et les changements climatiques afin de produire le produit le plus propre possible. Malheureusement, cela n’existe pas ici maintenant», a écrit le président et chef de la direction de Teck, Don Lindsay, dans une lettre envoyée au gouvernement fédéral dimanche.


«Dans ce contexte, il est maintenant évident qu’il n’y a pas de voie pour aller de l’avant avec ce projet. Les questions concernant les implications sociales des ressources énergétiques, des changements climatiques et des droits des Autochones sont critiques pour le Canada, les provinces et les gouvernements des Premières Nations», a-t-il ajouté.


Ottawa a confirmé avoir été avisé de la décision de Teck Resources.


«Nous comprenons que l’entreprise a pris une décision difficile. Par conséquent, le cabinet ne prendra plus une décision sur ce projet», ont affirmé les ministres Seamus O’Regan, des Ressources naturelles, et Jonathan Wilkinson, de l’Environnement, dans un déclaration publiée tard dimanche soir.


«Nous reconnaissons aussi le travail de consultation de calibre mondial réalisé par l’entreprise Teck dans le cadre de ce projet, y compris les efforts qu’elle a déployés pour consulter les collectivités autochtones tout au long du processus. Les promoteurs devraient s’inspirer de son modèle de consultation pour les projets à venir», ont-ils ajouté.


L’entreprise avait reçu des approbations réglementaires pour cette initiative de 20 milliards $, mais elle attendait le feu vert du gouvernement de Justin Trudeau pour aller de l’avant. Le projet Frontier était très controversé, puisqu’il aurait engendré plus de six millions de tonnes de gaz à effet de serre par année au Canada et serait l’un des plus importants projets miniers liés aux sables bitumineux. Mine à ciel ouvert, elle couvrirait un territoire de près de 300 kilomètres carrés, dans le nord de l'Alberta, et viserait à produire plus de 250 000 barils de pétrole sur une base quotidienne.


Les environnementalistes, qui s’y opposaient vivement, ont salué sa mise au rencart.


«Ce projet était voué à mourir, car il était totalement insensé d’un point de vue économique ou climatique. Nous pouvons enfin nous concentrer à développer de vrais projets qui créeront des emplois durables et permettront de résoudre la crise climatique», a affirmé Keith Stewart, stratège senior en énergie chez Greenpeace Canada, dimanche soir, à l’Agence QMI.


Des écologistes avaient occupé les bureaux montréalais du ministre fédéral Steven Guilbeault le 14 février dernier, afin de protester contre le mégaprojet.


Le premier ministre de l’Alberta Jason Kenney avait exhorté le gouvernement de Justin Trudeau à donner son sceau d’approbation à Teck Frontier.


Il a affirmé sur Twitter dimanche soir que le retrait de Teck est une autre nouvelle dévastatrice pour l’économie canadienne, surtout pour les Albertains et les Premières Nations.


«Cette décision est clairement le résultat d’un cadre réglementaire fédéral incertain et de l’opposition illégale au développement des ressources naturelles», a-t-il précisé.


Par le passé, M. Kenney a fait valoir que la compagnie s’était déjà conformée à de nombreuses exigences réglementaires et que l’argument voulant qu’il faille s’opposer à Teck Frontier en raison de l’objectif «carboneutralité» 2050 du fédéral ne tenait pas la route.


Lors de la divulgation de ses résultats du quatrième trimestre vendredi, Teck Resources avait mentionné qu’elle enregistrerait une dépréciation de 1,1 milliard $ si le projet n’était pas approuvé par Ottawa, selon le Globe and Mail.




-->