Succession de Michael Sabia: la course est partie

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Quel sera le choix de Legault pour remplacer Sabia ?


(Québec) Pour la première fois de son histoire, la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec fera l’objet d’une véritable course. Le mécanisme pour choisir le meilleur candidat sera amorcé au début de l’an prochain, mais déjà des noms s’annoncent pour prendre place sur la ligne de départ.


En mars 2009, Michael Sabia avait été choisi sans qu’un processus de sélection ait été mené à terme. Le président du conseil de la Caisse, Robert Tessier, avait reconnu que tout avait été suspendu dès que le nom de M. Sabia avait été évoqué. M. Sabia arrivait de Bell Canada après une longue carrière dans la haute fonction publique fédérale au Conseil privé. Il avait suivi le greffier du Conseil privé Paul Tellier au Canadien National par la suite.





PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE


Michael Sabia





C’est connu que Michael Sabia doit quitter la Caisse en mars 2021. Son mandat avait été renouvelé pour quatre ans seulement en 2017, pour terminer l’ambitieux projet du Réseau express métropolitain (REM) à Montréal.





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Louis Vachon





Dans les milieux financiers de Montréal, il est de notoriété publique que le patron de la Banque Nationale, Louis Vachon, parle ouvertement de son intérêt pour le poste. Il dirige la banque depuis juin 2007 et en était le chef de l’exploitation auparavant. Il a été nommé PDG de l’année au Canada en 2014 et aligne une longue liste de distinctions. Curieusement, il n’aurait pas signifié directement son intérêt au premier ministre Legault, qui en définitive aura à choisir parmi les aspirants que proposeront les chasseurs de têtes.





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Sophie Brochu 





La nomination d’une femme à la barre de la Caisse serait une première. Sophie Brochu, qui vient de quitter la direction d’Énergir — anciennement Gaz Métro —, pourrait être une candidate de choix. Souvent courtisée par le Parti libéral du Québec, Mme Brochu était entrée chez Gaz Métro en 1997 à l’invitation du patron, Robert Tessier. Devenu son mentor, M. Tessier est resté deux ans au conseil de Gaz Métro avant de prendre la présidence du conseil de la Caisse en 2009, juste avant l’arrivée de M. Sabia. Du point de vue du gouvernement Legault, la disponibilité de Mme Brochu est une surprise.





PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE


Charles Émond





À ces deux candidatures externes s’ajoutent d’autres candidats travaillant déjà à la Caisse de dépôt. En février 2019, Michael Sabia est allé chercher Charles Émond, qui avait travaillé 18 ans à la Banque Scotia. Il était le responsable « mondial » pour les services bancaires d’investissements. C’est lui qui occupe le poste laissé vacant par Christian Dubé, qui, après Cascades, avait été député de la Coalition avenir Québec. M. Dubé avait repris du service en politique à la campagne de 2018 — il a été nommé président du Conseil du trésor. M. Émond, chef des investissements au Québec, est vu comme une étoile montante au sein de la Caisse.





PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE


Macky Tall





À l’interne toujours, Macky Tall, président de CDPQ Infra, est un autre aspirant sérieux. C’est à lui qu’on a confié la mise en place du plus important investissement en transport collectif à Montréal depuis 50 ans, le REM. À la Caisse depuis 2004, il a contribué à la mise en place du virage vers des investissements dans les installations portuaires, les autoroutes, le transport collectif et le transport d’énergie.


À l’international


Le poste de patron de la Caisse est aussi susceptible d’intéresser de grosses pointures dans le secteur financier à l’international — des Québécois qui pourraient souhaiter rentrer au pays. Originaire de Québec, Jean Raby gère, à 54 ans, l’équivalent de 1200 milliards de dollars à la barre de Natixis Investment Managers. Après des études à Harvard, il est embauché par Sullivan & Cromwell, à New York, puis passe comme gestionnaire, en 1996, chez Goldman Sachs, à Paris, où il vit toujours.


 

À New York, cette fois, André Bourbonnais, originaire de Trois-Rivières, serait aussi un candidat potentiel pour la Caisse. À la tête depuis quelques mois d’un fonds de capital investissement de BlackRock, il était auparavant à la tête d’Investissements PSP, qui, avec 168 milliards d'actifs sous gestion aujourd'hui, est l’un des plus importants gestionnaires de fonds pour les caisses de retraite au Canada.


Choix téléguidé


Le choix du président de la Caisse de dépôt, théoriquement au-dessus des interventions politiques, a de longue date été téléguidé par le premier ministre du Québec ou le responsable des Finances. Sous le Parti québécois (PQ) en 1980, Jean Campeau était manifestement le choix de Jacques Parizeau — il était sous-ministre adjoint aux Finances. M. Campeau est d’ailleurs devenu ministre des Finances quand, en 1994, M. Parizeau a été élu premier ministre.


Sous Robert Bourassa, en 1990, le poste de PDG de la Caisse sera scindé : Jean-Claude Delorme, ancien président de Téléglobe et proche de Robert Bourassa, devient président du conseil, et Guy Savard, connu dans les milieux libéraux, devient président et chef de l’exploitation. Des frictions apparaîtront rapidement entre les deux hommes.


Retour au pouvoir du PQ, en 1995. On nomme Jean-Claude Scraire, qui s’occupait des actifs immobiliers de la Caisse, à la barre de l’organisation. M. Scraire avait été chef de cabinet du ministre péquiste de la Justice, Marc-André Bédard. C’est sous sa gouverne que la Caisse investira 3,2 milliards de dollars dans Vidéotron pour permettre à Québecor d’en faire l’acquisition. L’ontarienne Rodgers était aussi sur les rangs. Trois ans plus tard, la Caisse radiera 85 % de cet investissement.


En 2002, avant la fin de son mandat, et un an avant les élections, M. Scraire cède sa place à Henri-Paul Rousseau, ancien patron de la Banque Laurentienne. Rousseau avait été choisi par le PQ pour être secrétaire de la commission Bélanger-Campeau — le président, le regretté Michel Bélanger, était le choix de Robert Bourassa. M. Rousseau avait dirigé les « Économistes pour le OUI » au référendum de 1980.


C’est sous M. Rousseau que la Caisse est frappée par la crise du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) au Canada. Elle détenait pour une valeur de 12,6 milliards de dollars de ces créances douteuses, soit le tiers des PCAA de tout le Canada. Durant la crise financière de 2008, une « tempête parfaite » dira plus tard M. Rousseau, son dauphin Richard Guay, le numéro deux, passe aux commandes. Il passe la moitié de son mandat de quatre mois en congé de maladie et est remplacé par Fernand Perreault, responsable du secteur immobilier. Ce vétéran à la Caisse passe ensuite le relais à M. Sabia.


Rectificatif


Dans une version précédente du texte il était mentionné que Jean Raby gérait l’équivalent de 1,2 milliard de dollars à la barre de Natixis Investment Managers. Il s'agit plutôt de 1200 milliards de dollars.




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