Suzuki, un Rhodésien?

David Suzuki est peut-être un grand savant, mais politiquement, c'est un deux de pique

Médias et politique


Dans [La Presse du 24 octobre, une belle brochette de bien-pensants de l'écologisme larmoyant->15802] me tombe sur la fripe à la queue leu leu, parce que j'aurais bassement attaqué saint David Suzuki, pape, gourou et martyr de l'environnement. Pour bien enfoncer le clou, on nous fait pleurnicher sur sa jeunesse, sa vie malheureuse, l'histoire de sa famille. Fort bien, mais je n'ai jamais parlé de ça. Et pour des supposés scientifiques, vous faites dur, vrai! Et pas à peu près. Au lieu de vous faire les complices involontaires d'une minable job de bras orchestrée par un journaliste de Power Corporation, vous auriez pu au moins vous renseigner sur le pourquoi de mes attaques. Vous avez tout faux.
Le [11 octobre dans La Presse, le bon M. Suzuki se disait, en anglais, «bien déçu» des Québécois->15885] qui semblaient préférer les conservateurs aux verts aux prochaines élections. Déçu? Déçu de quoi? Contrairement à la majorité «canadian», les Québécois ont voté contre les conservateurs, pour le Bloc. Non, mais de quoi je me mêle? Il préférait sans doute nous voir voter pour le parti des commandites, comme le proposaient ces idiots de candidats verts de la région de Québec. Dans la même entrevue, Suzuki reconnaît qu'il ne comprend tout simplement rien à ce qui se passe au Québec. Alors, quand on ne comprend rien, la moindre des choses c'est de fermer sa boîte, non? David Suzuki est peut-être un grand savant, mais politiquement, c'est un deux de pique.
Et ce n'est pas la première fois qu'il se met les deux pieds dans la bouche. Il y a quelques années, il se demandait comment un politicien comme Lucien Bouchard pouvait perdre son temps à promouvoir l'indépendance du Québec, alors qu'il faut sauver la planète. C'est bien beau la survie des tortues bleues, des grenouilles à six doigts, le ramassage des petites «cannisses» de Pepsi, mais la survie des peuples, ça existe aussi.
Plus tard, on l'a vu parader à Montréal avec Al Gore et Paul Desmarais, grand brasseur d'affaires dans les sables bitumineux de l'Alberta. Où est la logique écologique là-dedans? Où est la politique? Avant, on l'a vu dénoncer Hydro-Québec et le génocide des Cris à la baie James. Maintenant qu'on a signé la paix des Braves, de quel génocide parle-t-on?
Ce que je reproche à M. Suzuki, ce sont ses prises de position politique hautaines et condescendantes, chaque fois qu'il s'agit du Québec. Je n'aime pas ce genre de petit donneur de leçons impérialiste.
Pour moi, un Rhodésien blanc, noir ou jaune, ça reste un Rhodésien. Un colonialiste d'origine japonaise ou d'origine britannique, ça reste un colonialiste. Point à la ligne. Ça pue le mépris. Et tout ça n'a rien à voir avec la cause de l'environnement ou la triste jeunesse de l'éminent professeur.
L'auteur est cinéaste.

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Pierre Falardeau17 articles

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Je suis un homme d’un autre siècle. Je chauffe au bois. Je n’ai pas d’ordinateur. J’écris à la main, avec un crayon à mine ou une plume. En art, je crois à la simplicité. Je chasse à l’arc. Je me bats pour la liberté, la liberté sous toutes ses formes, la mienne, celle de mon peuple, celles de tous les peuples. Bref, je suis un primitif égaré.





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