Misérable dramatique de série B la semaine dernière à Québec. Un cafouillis de chassés-croisés manqués présentés par les trois partis politiques en place. L’épilogue ne fut guère mieux : chaque porte-parole des formations a lamentablement échoué en tentant d’expliquer sa décision finale.
Le gouvernement libéral n’a donc rien retenu du message que la population québécoise lui a envoyé le 26 mars dernier. Il était pourtant clair qu’elle s’opposait à l’idée de transformer en baisses d’impôt les 700 millions supplémentaires arrachés du gouvernement fédéral durant la campagne électorale. Entêté, le premier ministre a affirmé qu’il était nullement gêné d’agir de la sorte, après avoir vu Ottawa étrangler la marge de manœuvre fiscale du Québec dans la dernière décennie. Le chef de l’État québécois dispose d’un talent inouï pour dire des choses contraires selon le côté de la bouche qu’il utilise… L’entendre ajouter qu’il est le « défenseur de la classe moyenne » étonne encore plus. N’est-ce pas lui qui l’a égorgée ces dernières années avec des hausses tarifaires tous azimuts? N’est-ce pas le même homme qui s’apprête à en ajouter si la chance lui est donnée?
Jean Charest n'était nullement craintif à l’idée de retourner promptement devant l’électorat québécois, comme l’a prouvé le budget qu’il a confectionné sans consulter au préalable les deux partis d’opposition. Malgré les sondages lui annonçant le pire, il aura fallu l’intervention désespérée de ses collègues du caucus qui l’ont secoué pour le ramener à la raison. Le député libéral de la circonscription de Sherbrooke souffre d’un manque de flair politique peu commun. Pas de doute qu’il ne conduira pas son parti lors du prochain scrutin, même s’il jure qu’il y sera.
Mario Dumont a déjà été membre du Parti libéral. Il jouit donc du même génie que le chef du gouvernement : ce qui sort de sa bouche sonne tout aussi faux qu’importe le côté sollicité. Accuser les péquistes de s’être dégonflés au moment d’adopter le budget libéral ne camoufle en rien son profond manque de courage. Le chef de l’ADQ a pitoyablement fait dans son froc le 24 mai dernier, lorsque le PQ a déposé une motion de blâme à l’Assemblée nationale qui aurait pu défaire le gouvernement. Le chef de l’opposition officielle a alors sommé les siens de le suivre et de fuir le Salon bleu pour éviter le vote. C’est lui le premier qui a caché ses députés sous leur pupitre. Voilà son erreur. Par la suite, son absence du Parlement pour dénicher des candidats à Montréal a confirmé qu’il ne fait pas confiance à son équipe pour diriger le Québec. Certes, son parti a refusé d’entériner le budget libéral. Sauf que le danger était disparu puisqu’il devenait évident que le Parti québécois ne ferait pas tomber l’administration Charest.
Que dire d’ailleurs du PQ dans toute cette affaire? L’étonnante fougue qu’il a affichée lors du dévoilement du budget était agréable à voir : il a même essayé de renverser le gouvernement le jour même. Que s’est-il passé pour qu’il recule par la suite? Fort probablement le résultat des derniers sondages qui ont montré que « l’effet Marois » ne permettait pas au PQ d’espérer prendre le pourvoir, et de former un gouvernement majoritaire. Les éléments les plus belliqueux du parti ont alors été enjoints de se calmer.
C’est également la pression médiatique qui a tué la pétulance péquiste. La crise budgétaire qui vient de se dérouler sous nos yeux aura permis de démontrer à quel point la mainmise des fédéralistes sur les moyens de diffusion québécois peut influencer l’opinion publique. Rapidement, la population s’est mise à entonner, tel un cantique de Noël, ce que les biens-pensants de la société québécoise lui ont mis dans la tête. Comment néanmoins s’objecter à des baisses d’impôt à plus de 70% tout en s’opposant avec la même de vigueur au prix électoral que cela comporte? Le PQ devait expliquer aux gens que ce scénario était une absurdité commandée par les médias québécois. À preuve, le dénouement de la crise vendredi dernier à l’Assemblée nationale, caractérisé par l’absence des trois quarts de la députation péquiste au moment d’adopter le budget libéral! Voilà qui a traduit parfaitement l’image tordue des « exigences » d’une société civile sous effets médiatiques pervers.
Ces mêmes médias ont bien terminé leur travail en commandant un sondage à la maison Crop qui fut publié lundi dernier. Ainsi, après avoir martelé pendant des jours que Mario Dumont aurait dû être présent à l’Assemblée nationale pour discuter avec Jean Charest, 54% des Québécois ont docilement épousé le verdict médiatique en condamnant la stratégie du chef adéquiste. Remarquable.
Vaut mieux oublier tout ce beau monde à Québec durant les prochaines semaines : ils ne méritent pas notre attention. Encore moins notre militantisme. Concentrons-nous plutôt sur les succulentes grillades que nous promettent les chaudes soirées d’été, arrosées d’un bon rosé bien froid ou tous autres nectars viticoles. Bien sûr que l’on gardera un œil ouvert sur l’actualité politique! Reste qu’il faudra davantage préparer la rentrée automnale. Elle sera marquée par un bouillonnement d’idées chez les indépendantistes désireux de mettre un terme aux règles trop longuement établies par des élites qui n’emballent plus. Allez : tous à vos BBQ!
Patrice Boileau
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
6 juin 2007M. Boileau nous demande de nous concentrer sur les succulentes grillades que nous promettent les chaudes soirées d’été, "arrosées d’un bon rosé" bien froid ou tous autres nectars viticoles à la place de nous énerver sur les compliquées affaires gouvernementales provinciales.
Très bonne idée M. Boileau ! On a beau être convaincu et enthousiaste, faut pas pour tout ça, trop se stresser avec les affaires constitutionnelles. Les sondages sur Bloc et le PQ leur donnent autour du 30 % chez les Québécois. C'est pas le temps de s'énerver pour les référendums sur la souveraineté, me semble.
L'été va être plus difficile pour les Palestiniens, les Irakiens et les Afghans et les citoyens de quelques pays africains.