Volontairement ou non, les Conservateurs de Stephen Harper font notre jeu

Tribune libre 2011





La nouvelle pièce de monnaie de $1.00 (One dollar Canadian) est maintenant frappée de l’effigie de SM Élizabeth Deux, reine d’Angleterre, du Canada et du Commonwealth.

Cette effigie confirme le statut du Canada inféodé à la Couronne d’Angleterre, comme au temps de la colonie. Par rapport aux Statuts Refondus de Westminster du 11 décembre 1931,
qui reconnait une certaine indépendance à certaines colonies de l’Empire Britannique, dont le Canada et le Québec, ce retour aux symboles monarchiques marque un retour vers le
statu quo ante.

On pourrait dire un retour à l’époque coloniale par inféodation volontaire. Les Conservateurs de Stephen Harper ont décidé de faire régresser le statut du Canada et du Québec 80 ans en arrière,
ce qui correspond à mon âge car je suis né à Montréal en mars 1931, soit avant la promulgation des Statuts Refondus de Westminster, ce qui fait que je suis né citoyen britannique.

Néanmoins, la souveraineté du Québec n’est pas compromise par cette décision. Des régressions de ce genre peuvent nous donner un nouveau départ sur des fondements géopolitiques et juridiques plus solides
ainsi que des précédents valides.


Les Statuts Refondus de Westminster demeurent un précédent qui peut servir le Québec dans son cheminement vers la souveraineté,
de facto comme de jure.

Un autre précédent valable est la Déclaration Balfour qui suivit la première Guerre mondiale et proposait de reconnaitre Israël comme État nation, ce qui fut fait.

En effet, le mouvement sioniste initié par les fondateurs Chaïm Weizmann et Théodore Herzl, a servi à créer les fondements d’un nouvel, État, par colonisation et développement de terres au Moyen Orient, suivis par
des achats successifs
de terres, propriétés, domaines et entreprises vivant dans le territoire qu’est devenu Israël. Cette conquête territoriale par osmoses et achats successifs a été
reconnue par l’Empire Britannique, qui avait un mandat sur la Palestine. Entre temps,cependant, les sionistes ont exercé des pressions aux Nations Unies pour que leur “partition territoriale” soit reconnue, par l’Empire
Britannique, les États Unis et la Russie, et aussi par tous les États existants en 1948.

Statuts refondus de Westminster du 11 décembre 1931 et Déclaration Balfour qui date des effets de la première Guerre mondiale sont deux précédents que nous pouvons exploiter pour faire reconnaitre l’État nation du
Québec.


Nous pouvons, nous, Québécois, faire reconnaitre notre propre État nation, dont le territoire a été conquis par nous d’une manière encore plus légitime parce que le Québec a été colonisé à partir d’une
période pré-historique et dans des conditions encore plus adverses que celles que les sionistes ont vécues. Le territoire de la Palestine est occupé, développé et mis en valeur depuis des milliers d’années.

Le nôtre était inhabitable et fréquenté pour la chasse, la pêche et la cueillette. Ce territoire, c’est nous qui l’avons défriché, colonisé, mis en valeur et transformé de manière à en faire un beau pays, le pays du
Québec. Depuis la construction des canaux et chemins de fer, nous avons acheté les terres, domaines, entreprises et propriétés des Anglais, Irlandais, Écossais, Loyalistes et Orangistes qui vivaient au
Québec et sont partis s’installer en Ontario méridional et dans l’Ouest, avec en poches le magot que nous leur avons payé par l’entremise de nos Caisses populaires.

Si la légitimité d’une telle conquête territoriale a été reconnue dans le cas d’Israël, encore davantage doit-elle être reconnue dans le cas du Québec.

Comme nous sommes retombés sous l’Empire Britannique, nous pouvons faire appel aux précédents que sont la Déclaration Balfour et les Statuts Refondus de Westminster.

Volontairement ou non, les Conservateurs de Stephen Harper font notre jeu et ce n’est pas une décision mineure de leur part que de revenir à l’Empire Britannique et effacer d’un coup l’ère Trudeau qui ne nous a
rendu aucun service.


JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

  • 252 549

J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2011


    Très pertinent votre référence madame Isabelle Poulin.
    Vous avez bien compris le sens d'une appréciation du
    contexte, premier principe de stratégie d'envergure ou
    stratégie d'État. On voit que les dirigeants politiques
    anglais de l'époque sont très conscients des enjeux
    nouveaux qui se présentent et confrontent l'Empire
    Britannique.
    Au Québec, nous devons apprendre à en faire autant et
    partant, à savoir ce qu'est une appréciation du
    contexte, suivie d'une appréciation de la situation,
    suivie de la détermination d'objectifs praticables
    et réalisables dans l'espace et le temps, suivie
    du maintien du moral, concentration et économie de
    l'effort, simplicité, souplesse, etc. Ces principes,
    comme le mentionne monsieur Jean Jacques Nantel, sont
    immuables.
    JRMS

  • Jean-Jacques Nantel Répondre

    18 octobre 2011

    Les Conservateurs et les Canadiens anglais sont si contents de voir que les partis souverainistes se sont suicidés qu'ils ont abandonné toute retenue. Ils profitent donc du creux de la vague souverainiste pour ramener tous les vieux symboles royaux et toute leur arrogance d'avant la Révolution Tranquille. Ils sont les plus susceptibles de faire un jour remonter la ferveur nationaliste québécoise. Leur méconnaissance du Québec et de ses réflexes en font nos alliés objectifs.
    Leur comportement actuel montre en fait qu'ils n'ont rien de neuf à dire ou à offrir. Ils peuvent fouiller dans le grenier de leurs souvenirs impériaux tant qu'ils veulent, l'histoire ne reviendra pas en arrière. Les fleuves ne remontent jamais à leur source.
    L'immigration massive, dont ils inondent le Québec, est en train de changer leur Canada royal beaucoup plus rapidement que le Québec. Or, si les peuples changent et meurent (parfois), les lois de la géopolitique demeurent, immuables. Comme les intérêts des deux territoires divergent, comme les axes de développement sont désormais de sens nord-sud, et non de sens est-ouest comme naguère, les deux peuples seront inévitablement conviés un jour à une révision déchirante de la vieille organisation canadienne du 19ème siècle.
    Jean-Jacques Nantel, ing.

  • Isabelle Poulin Répondre

    17 octobre 2011

    Voici le contexte de la Déclaration de Balfour :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_Balfour_de_1917