Chronique de la croqueuse de mots

Vous avez dit... "voter Bloc en bloc"?

Nous devons voter Bloc en bloc pour dire à tous les fédéralistes, québécois comme canadiens: "L'aspiration du Québec à la liberté et à l'indépendance est loin d'être morte! Bien au contraire, elle est plus vivace que jamais!"

Chronique de Thérèse-Isabelle Saulnier

La formule circule depuis au moins une semaine, particulièrement sur Vigile. Un beau slogan électoral, comme celui du Bloc lui-même, d'ailleurs: "Présent! pour le Québec", une formule qui dit tout, qui résume à elle seule toutes les raisons de voter Bloc en bloc.
Oui, il faut le faire! Tous les indépendantistes, tous les souverainistes, tous les nationalistes, appelons-les comme on voudra, tous ceux qui veulent une voix forte pour s'affirmer et se faire entendre à Ottawa doivent le faire.
LA RAISON NUMÉRO 1
La principale raison de voter Bloc en bloc nous est fournie par... André Pratte en personne, l'éditorialiste en chef de La Presse, ce journal qui a donné tant d'importance à l'article de Jacques Brassard, "Les vieilles picouilles", et qui a pris position en faveur du Parti conservateur. (Ce qui, soit dit en passant, est son droit: un journal peut parfaitement prendre position lors d'une élection.)
Pratte écrit: "Pour bien des fédéralistes, la domination continue des souverainistes dans la représentation du Québec à la Chambre des communes est tout aussi inquiétante que le conservatisme radical de M. Harper.". Là-dessus, on peut le croire sur parole. Le Bloc dérange les fédéralistes, il est "le caillou dans le soulier du Canada", comme l'a souligné un intervenant franco-ontarien à l'émission "L'avocat du diable" du 17 septembre dernier, portant sur la pertinence du Bloc à Ottawa.
"Chaque vote pour le Bloc viendra de facto renforcer le camp souverainiste", écrit-il encore. - Bien oui! C'est vrai. Les fédéralistes voudraient bien, comme résultat électoral au Québec, une déconfiture du Bloc pour pouvoir clamer: "Vous voyez? Au Québec, l'indépendance, c'est fini! C'est du passé! C'est une cause perdue, de moins en moins de gens y croient et pensent, plutôt, que le Québec peut se tailler une place enviable, et viable, au sein du Canada."
Comme c'est là un résultat dont nous ne voulons surtout pas, c'est exactement pour cela même que nous devons voter Bloc en bloc. Le message sera alors on ne peut plus clair: on en a toujours et encore assez des refus du gouvernement fédéral de régler la question constitutionnelle, des sempiternelles querelles Canada-Québec qui n'en finissent pas et ne finiront jamais, de ce gouvernement centralisateur qui empiète sans cesse sur nos compétences, qui nous offre des cadeaux vides de sens, comme cette reconnaissance des Québécois formant "une nation dans un Canada uni", sans même vouloir la concrétiser par un enchâssement dans la Constitution, et dont les pouvoirs (prédominance de la charte canadienne et de la Cour suprême du Canada, tout particulièrement) nous maintiennent continuellement dans la dépendance politique.
Nous devons voter Bloc en bloc pour dire à tous les fédéralistes, québécois comme canadiens: "L'aspiration du Québec à la liberté et à l'indépendance est loin d'être morte! Bien au contraire, elle est plus vivace que jamais!"
DEUXIÈME RAISON
Le débat sur la pertinence du Bloc à Ottawa, lancé par Jacques Brassard, a ceci de bon qu'il oblige à mettre sur la table les raisons de voter pour ce parti. La première serait déjà suffisante à elle seule, mais il y a plus, dont ceci: le Bloc québécois doit être présent à Ottawa pour défendre les intérêts du Québec et faire bouger les dossiers qui le concernent. Pierre Jury, du journal Le Droit, a écrit que "le Bloc a carburé à l’incapacité des autres partis à tendre la main aux Québécois. Cela dure depuis 18 ans." - Justement, les problèmes ne se résolvent toujours pas entre le Québec et le Canada, ils ne sont touujours pas en voie de se résoudre et il faut envoyer ce message clair et net au gouvernement fédéral: on en a assez de ces querelles qui nous font perdre un temps précieux et gaspiller nos énergies mutuelles qui devraient être consacrées à des questions autrement plus importantes pour l'avenir de chaque nation. Vous ne voulez rien savoir de nous? Alors nous non plus, et bye, par la voie et la voix du Bloc, qui vous signifiera sans cesse notre Différence et notre dissidence.
TROISIÈME RAISON
Voter Bloc en bloc, c'est la perspective fort réjouissante de devenir, comme en 1993, l'opposition officielle à Ottawa et, même, de détenir la balance du pouvoir, dans le cas d'un autre gouvernement conservateur minoritaire, ce qui risque fort d'arriver si le Québec vote Bloc en bloc. Que ceux et celles qui dénigrent ce parti, en prétextant qu'il ne prendra jamais le pouvoir, se le tiennent pour dit: jamais au pouvoir à Ottawa, sans aucun doute, mais avec un grand pouvoir!
Voter pour le Bloc, dit Bernard Lord, c'est "gaspiller /notre/ pouvoir politique". - Bien au contraire, Monsieur le Conservateur! C'est se l'approprier! C'est obtenir un véritable rapport de force avec Ottawa!
QUATRIÈME RAISON
L'une des raisons évoquée par Gilles Duceppe est de voter Bloc pour empêcher un gouvernement conservateur majoritaire. Bien que cette raison tienne bien la route, ce n'est sans doute pas la plus importante, mais elle signifiera au gouvernement fédéral, surtout si l'actuel est reporté au pouvoir, qu'au Québec, nous ne voulons pas de tous ces retours en arrière auxquels il nous convie, ce qu'Hélène Pedneault a bien démontré récemment. "Dans tous les sondages, le Québec pense différemment du reste du Canada, sur des sujets aussi différents que la loi sur les jeunes contrevenants, l’avortement, la guerre en Afghanistan, les garderies, la culture, l’appui à la création, la langue, et j’en passe. Sur presque tous les sujets, le Québec pense et, surtout, veut agir différemment du reste du Canada, mais il en est empêché par le carcan fédéral." - Voilà le rôle essentiel du Bloc, dans la défense de nos intérêts et de notre identité.
CINQUIÈME RAISON
Rajoutons celle de Gilles Ouimet: "Il faut absolument voter pour le Bloc pour forcer les Conservateurs à mettre de la substance dans tout ce vide qu’ils nous ont offert. Il faut voter pour le Bloc parce que l’expérience nous a appris que les députés qui viennent du Québec et qui sont membres des grands partis fédéraux n’ont jamais vraiment défendu les intérêts supérieurs du Québec."
SIXIÈME RAISON
Et enfin, celle de Louis Lapointe: "Notre combat n’est pas celui des Canadiens, nous nous battons pour l’indépendance, voilà pourquoi nous votons Bloc à Ottawa, à défaut d’annuler ou de nous abstenir. /.../ Parce que nous sommes indépendantistes, nous devons voter Bloc."


Laissez un commentaire



9 commentaires

  • Michel Guay Répondre

    26 septembre 2008

    Oui , voter Bloc en Bloc pour que nos patriotes défenseurs soient présent à Ottawa pour surveiller ceux qui nous mènent une guerre à finir . Votons bloc en Bloc pour empècher les partis fédéralistes Dion Harper Layton
    1) De détruire notre État National pour en faire une province donc une colonie
    2) De détruire notre droit de vivre en Français en imposant le bilimguisme destructeur et assimilateur
    3) De déruire notre droit d'être présent dans le monde entier pour nous livrer à des ambassades canadians qui ne respectent rien ni personne au Québec
    Et pour au moins 101 autres raisons valables et vitales pour notre droit d'être une nation normale fière et vraiment vivante

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2008

    Voter Bloc, mais pourquoi ? Traitons préalablement des débats télévisés. Ceux-ci ne devraient-ils pas concerner uniquement les chefs de partis nationaux qui aspirent à « diriger » le pays ? Duceppe est un chef de parti régional impuissant et condamné à l’opposition. Il est à la fois triste et loufoque que le chef du Bloc se joigne aux débats alors qu’il ne croit ni au fédéralisme, ni au Canada. En participant aux débats, il prive les autres chefs d’un temps précieux destiné à faire mieux connaître les moyens de « bâtir » le pays. Qu’il fasse campagne sur le terrain, et s’il est élu, il aura tout le temps de se plaindre au parlement. Il pourra jouer à l’angélisme en proposant des mesures que même le PQ au pouvoir dédaignait appliquer, preuve que gouverner est plus difficile que de s’opposer pour uniquement épater la galerie.
    Le Bloc Québécois patauge dans ses navrantes contradictions. Affirmant que le fédéralisme est la source principale de tous nos maux, il se présente comme le seul parti crédible pouvant défendre le Québec. Pourtant, il a appuyé 82% des projets de loi avancés depuis 17 ans au parlement... Ironiquement, le BQ ne démontre-t-il pas lui-même que le fédéralisme est flexible, accommodant et avantageux pour le Québec ? Quand il s’oppose, il le fait essentiellement sur les mêmes sujets que décrient les partis « nationaux » d’opposition, en reprenant le même argumentaire. Inutile et non pertinent le Bloc ? Dans le sillage de Mme Marois, chef du PQ, Duceppe a décidé pour la campagne électorale 2008 de balayer la souveraineté sous le tapis... Pour un parti devenu un clone du NPD, rappelons que ses fondateurs le voulaient éphémère, mais sa longévité a déjà englouti une somme faramineuse de fonds publics, lui qui est peu productif. Au soir du 14 octobre, il appartiendra aux Québécois de juger si ce parti Bougon est une valeur sûre ou surie.
    J’ai été indépendantiste pur et dur pendant longtemps, plus que Lévesque, Parizeau et Landry réunis, c’est tout dire. Mais le PQ au pouvoir m’a grandement déçu (propension à s’empiffrer, Oxygène 9, dilapidation des fond publics, Hertel-des-Cantons, libre-échange et mondialisation, priorisation marquée du capital sur la personne, appauvrissement des gens, etc, etc, etc). Mais quel projet de société différent du PLQ le PQ nous propose-t-il ? Quelle sorte de pays ce PQ indigne pourrait-il nous faire alors qu’il n’a pu gérer une province de façon convenable (Gaspésia, Métaforia, le coût astronomique des grands projets - CHUM - métro à Laval – Îlots Voyageur - etc, flop de la SGF-CDPQ-IQ, etc) ? On a eu l’air de vrais ti-counes... À quatre occasions le PQ a eu la chance de nous démontrer son potentiel, sa force, de nous convaincre de sa supériorité (par rapport au PLQ) et du bien fondé de l’indépendance. Mais il a raté lamentablement le coche. Tantôt par ses agissements, tantôt pas son incurie et son insensibilité, le PQ a trop souvent travaillé contre les intérêts de son idéal... en minant la confiance des gens. Étonnamment, à défaut d’avoir pu convaincre les nôtres que l’indépendance est toujours nécessaire, certains se sont donnés pour « mission » d’aller en Bloc à Ottawa pour convaincre les fédéraux et les Canadiens que le divorce s’avère incontournable et mutuellement avantageux... Quelle idée ! Quand on veut divorcer on prend ses valises pis on part. Le temps de palabres est révolu. Et que penser du PQ qui va périodiquement à l’international, notamment en France, pour quémander une approbation, vis-à-vis un projet d’indépendance... Par cé procédé qui manque de tact, il y a risque de gêner des interlocuteurs de haut calibre (Ségolène Royal, etc), et nous démontrons publiquement et paradoxalement notre immaturité à pouvoir s’affirmer et s’auto-déterminer.
    Par mon implication passée avec les souverainistes, j’ai remarqué que la pensée du "crois ou meurs" prévalait assez souvent, et que les non-alignés qui s’exprimaient étaient mal vus. Vous souvenez-vous de la sortie de René-Daniel Dubois, homme de théâtre, qui déplorait peu après le 2e référendum le manque d'ouverture démocratique des tenants de l'option souverainiste à l'égard des artistes qui osaient se dire fédéralistes ? J'ose espérer que mon questionnement légitime ne me vaudra pas des quolibets du genre; brebis égarée, cervelle d'oiseau (Landry); traître, lâche, pourri (Falardeau); maudit niaiseux insipide (Duceppe), etc, etc, etc...

  • Jean-Renaud Dubois Répondre

    25 septembre 2008

    Une autre raison...
    J’appuie comme toute ma famille et plusieurs ami(e)s l'analyse de Mme saulnier ; et voter "Bloc" coule de source.
    J’espère que ces 39% de québécois(es) — qui se disent indépendantistes — se feront un "devoir" de voter Bloc, sinon ils se tireraient dans le pied à l’exemple des Brassard, Turcotte et compagnie...
    Voici la nouvelle question «DURE» posée depuis plus d’un an par CROP.
    ...... « Voulez-vous que le Québec devienne un Pays Souverain ? »
    Donc, "OUT" le partenariat !!!
    Pourquoi a-t-elle été changée ? Pour donner l’impression que la souveraineté est en perte de vitesse ! Vous avez maintenant compris l’astuce de CROP ; à la demande express de Gesca ! Habile, non?
    La chicane ça va bien faire, et gens du PI — qui avez déjà commencé à vous chicaner à l’exemple du PQ — appuyez le Bloc en vous bouchant le nez, s’il le faut.
    Les fédéralistes, eux, sont solidaires et se serrent les coudes, guidés par Power Corp.
    Une trêve SVP...
    Jean-Renaud Dubois, Sainte-Adèle

  • Archives de Vigile Répondre

    25 septembre 2008

    Je souscris totalement à votre analyse, celui-ci étant à mon avis très pertinent quant à la nécessité pour les Québécois d'aller voter pour le Bloc et ce, sans tergiversation parce que ce sont les intérêts du Québec qui sont en jeu dans cette élection. Ne pas voter pour le Bloc donnerait raison à ceux qui prétendent que l'idée de l'indépendance du Québec est devenue caduque et les conforterait dans leur position. Nous l'avons vu ces derniers jours, des discours enflammés ont été dirigés contre le Parti de M. Duceppe pour tenter de le déprécier aux yeux des Québécois et les convaincre de son inutilité à Ottawa. J'espère que ces derniers seront sensibles aux enjeux extrêmement importants de cette élection et de la nécessité de voter massivement pour le BQ seul garant de la défense et de la protection du Québec et des âmes qui l'habitent. À moins que les Québécois souhaitent demeurer mineurs sous tutelle...

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    20 septembre 2008

    J`ajouterais que le Fédéral néglige gravement SES obligations propres dans les domaines de SA compétence "exclusive" , tels "les indiens et les terres dévolues aux indiens", les chemins de fer, les quais ( batailles à n`en plus finir à tout coup!), les pont fédéraux, , etc , pour se fourrer furieusement le nez et les pattes dans les domines de compétence "provinciale" qui ne le regardent pas, tels l`Éducation, la Culture, la Santé et les Professions... ETC...
    Beau thème avec lequel le Bloc devrait "scier" sans relâche les fédéraux : le terrain ( culture, pont, indiens, politique de transport qui ignore l`alternative train et navigation , professions,ressources naturelles ...) !

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2008

    Votons Bloc pour dire aussi à Harper qu'il doit cesser de mentir. Le Québec n'a pas de siège à l'Unesco, il est assis sur un tabouret à coté du Canada qui passe la main dans la chevelure de fiston. ¨Tiens-toi tranquille et écoute les discussions avec papa sinon tu iras en pénitence, lui dit l'ambassadeur du Canada¨. Le PC n'a pas pris l'initiative de reconnaître la nation québécoise. Il a été coincé par la motion du Bloc et a réagit en ajoutant ¨`a l'intérieur du Canada-uni¨à cette motion. Le PC n'avait pas le choix.S'il avait voté contre la motion du Bloc il encourait la réprobation de tous les québécois et de l'humanité entière qui sait, depuis le cri du général De Gaulle,qu'il y a un peuple francophone ici. Avant cela c'etait soigneusement caché car même l'ambassadeur du Canada en France s'adressait en anglais à notre peuple frère.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    19 septembre 2008

    Et pour les hésitants qui croient que NPD est une alternative valable, il faut vérifier comment ce parti est centralisateur et surtout, lire ce matin sur Canoe, le billet de Jacques Lanctôt: "Politicien à éviter comme la peste:
    Thomas Mulcair". Son large sourire en cache plus que la révélation de cette semaine à propos d'abus de pouvoir contre Hydro-Québec... Et le sympathique Jack Layton a maintenant du mal à couvrir sa recrue. Il semble que la division fédé que cela amène nous sauve une candidate bloquiste d'origine chilienne...

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2008

    Évidemment, toutes ces raisons vont de soi.
    À 61 ans, je voterai au Canada pour la 3e fois. J’ai annulé mon vote en 68 (je crois). Aux dernières élections, j’ai voté pour le BLOC pour le 50% +1. Dans les circonstances actuelles, votez pour le BLOC n’est même plus questionnable; cela permet de rapprocher les QUÉBÉCOIS entre eux. Finalement et en ce qui me concerne, votez dans le contexte actuelle où on tente de nous enterrer pour de bon, devient Libération.
    Saint-Irénée Libre

  • Archives de Vigile Répondre

    19 septembre 2008

    Parfaitement en accord avec votre bonne analyse de la situation et des raisons de : VOTER BLOC EN BLOC sauf si un Québécois est fédéraliste convaincu, là, il a un plus grand choix, à gauche, à droite, en vert et...M. Dion, en transit.