Tactique politicienne ou stratégie d’État ?
21 octobre 2013
Il se crée tranquillement pas vite, selon les rites politiques britanniques, un axe Québec-Ottawa. Cela paraît invraisemblable ? N’en est rien pourtant. Il y a un redoutable précédent. Il suffit d’en lire les contours qu’en avait faits Georges Émile Lapalme.
Il y a coincidence tactique entre les démarches fédéralistes de S. Harper et les démarches souverainistes péquistes : cela consiste à ne plus faire du West Island un enjeu, le mettre en retrait de la « game », faire en sorte par là que le West Island ne puisse plus jamais ameuter l’électorat du R.O.C. et, faisant cela, prévenir pour toujours (et en faveur des bleus) le retour des rouges de Montréal au pouvoir à Ottawa¹. Les astres s’alignent… et c’est tant mieux !
Mais la démarche des conservateurs, M. Le Hir, n’est peut-être pas seulement tactique. Il peut très bien se profiler aussi une savante manœuvre stratégique, de l’institution fédérale elle-même, (au-delà du parti conservateur), et qui a pour intérêt de ramener tout le débat de l’indépendance du Québec à l’intérieure de la politique canadienne, en sortant de la même « game » tous les agents susceptibles (et dont le poids politique international compte) de reconnaître éventuellement un Québec indépendant. Ce n’est pas un hasard, en effet, que le fédéral conteste toute la démarche souverainiste cristallisée et figée dans la vieille loi 99 APRÈS l’entente commerciale récente intervenue avec l’Europe : le signal est ainsi envoyé à tous ses partenaires commerciaux et politiques, anciens (U.S.A.) ainsi que les nouveaux (Europe), le « monde» qui compte en somme, que le Canada entend traiter l’indépendance du Québec comme une affaire strictement canadienne.
Fort bien…So what…
Je me permettrais ce seul commentaire contre les indépendantistes québécois et dont je suis : nous avons surestimé nos forces et mal joué nos cartes depuis longtemps. Les deux référendums, de 1980 et 1995, ne pouvaient pas avoir la portée que nous espérions parce qu’ils auraient eu, s’ils avaient été positifs, ils auraient eu pour effet de précipiter le Canada dans une formidable crise politique. Et c’est précisément pour cette raison- et seulement pour cette raison que l’institution fédérale s’est tant raidie, prévenir un chaos- que les partis politiques fédéralistes ont été conséquemment aussi virulents à notre égard. Si les indépendantistes pouvaient admettre qu’Ottawa ne peut pas négocier l’Indépendance politique du Québec sur la place publique, au surplus en position de faiblesse, ce qui serait résulté de référendums positifs, et si d’autre part nous pouvions percevoir par ailleurs qu’il peut tout négocier… si évidemment Québec n’est pas en position de faiblesse…Alors, Nous « aurons notre pays » et pourrons en « voir le visage ».
Le Pays est bien plus proche que Nous le croyons généralement, et que nous le croyons en particulier. Il n’en tient qu’à nous. À nous. Le Nous suivra.
¹ On aura beau dire, le futur maire de Montréal n’est pas si nono que ça…
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